Moulins Publics .
Les promesses du gouvernement d’augmenter le prix de broyage
du blé et de leur concéder une grande part réussissent à
calmer une situation conflictuelle. Explications.
Prémices de règlement
Les
entreprises des moulins publics réclament l’annulation des
offres de farine subventionnée aux moulins du secteur privé,
et brandissent la menace de grève si leurs revendications ne
sont pas satisfaites par le gouvernement. La décision de
libéraliser le commerce de la farine, promulguée en 2009
sous l’ancien ministre de la Solidarité sociale Ali
Mosselhi, a fortement nui aux
moulins publics. Une menace de grève suscite l’inquiétude
des propriétaires de boulangeries et les citoyens qui
craignent l’impossibilité de livrer la farine aux
boulangeries et donc, une nouvelle crise de pain résultant
de la cessation du broyage du blé.
Les ouvriers des minoteries publiques se sont déjà prononcés
contre la poursuite de cette politique défectueuse avec un
sit-in devant le ministère de la Solidarité sociale il y a 2
semaines, au moment où le gouvernement poursuit sa politique
en lançant des adjudications de blé pour les moulins privés.
Attiya Abdel-Bari, président du
Comité syndical de Daqahliya et
Damiette, se plaint de l’injustice résultant de l’adoption
de cette politique. « Les minoteries publiques sont
confrontées à une grande injustice après l’entrée des
moulins privés en concurrence sur les appels d’offres
publics pour la fourniture de farine subventionnée. Cette
décision prise par l’ex-ministre Ali
Mosselhi a beaucoup défavorisé les moulins publics et
leurs employés. La décision engendrera de fortes pertes pour
les moulins publics qui ont investi des centaines de
millions de L.E. pour leur modernisation ces dernières
années », souligne-t-il.
Les entreprises des monitoires publiques souffrent depuis 2
ans de l’arrêt de plus de 50 % de leur capacité productive
suite à la politique de libéralisation de l’industrie de la
farine. Un fait qui a permis aux moulins privés d’entrer en
concurrence avec les publics pour fournir de la farine lors
d’adjudications, et cela pour
produire un autre type de pain moins subventionné, à 10
piastres la galette. Aujourd’hui, les moulins publics
fournissent de facto les 3/4 de la farine subventionnée, le
reste étant acheté aux moulins privés. Selon le système
actuel, le gouvernement fournit à tous les moulins (publics
et privés) du blé local et importé. Les moulins vendent par
la suite la farine produite au ministère de la Solidarité
sociale qui la revend aux boulangeries à des prix
subventionnés.
Trouver un compromis
La délégation du Comité syndical a tenté de négocier
l’affaire avec le nouveau ministre de la Solidarité, Gouda
Abdel-Khaleq, en énumérant tous
les problèmes des moulins publics, afin de trouver un
compromis. Raison pour laquelle elle s’est entretenue la
semaine dernière avec le chef du département des relations
économiques au ministère de Solidarité, Amin
Sélim, en soumettant leurs
revendications. Parmi la plus importante, il y a celle
d’annuler les offres de farine subventionnée aux moulins du
secteur privé. La délégation a également réclamé la hausse
du prix de mouture de blé de 75 à 112,5 L.E. la tonne. « Ce
dernier est équivalent au coût réel, pour broyer une tonne
de blé. Ce prix sera appliqué à partir de début juillet
prochain », note-t-il. Hassan Khalifa, membre du Comité
syndical et employé auprès de l’entreprise du Sud du Caire,
a souligné que le comité a sollicité la redistribution des
quotas de blé de sorte à « transmettre aux moulins publics
toute la quantité de blé subventionné, afin d’exploiter
leurs capacités productives gaspillées », annonce-t-il, en
ajoutant que le ministère doit également annuler les amendes
imposées l’année dernière aux entreprises de moulins
publics, évaluées à plus de 70 millions de L.E. « Ces
derniers ont été accusés de délivrer une mauvaise qualité de
farine aux boulangeries. Pourtant, le problème réside dans
la mauvaise qualité de blé importé », précise-t-il.
Pour calmer les esprits, Ahmad Al-Rakaybi,
PDG de la Holding pour les industries alimentaires, a
déclaré avoir reçu des promesses le 25 juin dernier du
ministre de la Solidarité sociale, Gouda Abdel-Khaleq,
d’augmenter le prix de broyage à 112,5 L.E. « Cette décision
attend l’approbation du ministère des Finances. Dans le cas
positif, les revenus des 9 entreprises de moulins publics
connaîtront en 2011 une hausse considérable »,
commente-t-il, en ajoutant qu’après cette augmentation, il
écarte toute possibilité de grève par les moulins publics.
Jusqu’à présent, le ministère des Finances n’a pas contredit
la hausse, mais n’a pas non plus annoncé sa confirmation.
Dans ce contexte, Gouda Abdel-Khaleq
semble répondre aux revendications de la délégation
syndicale ayant demandé une quantité plus importante pour
les moulins publics. Le ministre leur a promis dimanche 26
juin, de concéder plus de 6 000 tonnes par mois à
l’entreprise de moulins du Sud du Caire, ainsi que 3 000
tonnes pour le moulin du Nord du Caire. « Cette tendance
semble être généralisée à toutes les autres entreprises
publiques, ce qui implique des prémices de solution pour la
question la plus importante », souligne Nagui Rachad, membre
du Comité syndical et employé des moulins du Sud du Caire.
Ce dernier a souligné que « 60 % du blé seront octroyés aux
moulins publics, tandis que le reste sera accordé aux
moulins du secteur privé ». Il a aussi assuré qu’une grande
partie de la crise a été réglée. Les autres revendications
seront négociées avec le ministre de la Solidarité et le
Holding dans les jours à venir. « Nous avons menacé
d’organiser une grève, pour que nos revendications soient
réalisées. Nous avons une lueur d’espoir avec la
satisfaction des autres revendications. Un accord avec le
gouvernement est prochainement attendu », dit-il avec
optimisme.
Dahlia Réda