Al-Ahram Hebdo, Egypte | Les coptes décident une trêve

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 Semaine du 25 au 31 mai 2011, numéro 872

 

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Egypte

Confessionalisme . Les coptes ont suspendu jusqu’au 13 juin leur sit-in entamé à Maspero après les incidents d’Imbaba, qui ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés. Mais ils ne renoncent pas à leurs revendications.

Les coptes décident une trêve

Après près de deux semaines de chambardement, la vie est revenue à la normale dans le quartier de Maspero au Caire, où se trouve la Radio-télévision publique. Les manifestants coptes qui campaient devant le bâtiment ont mis fin à leur sit-in de 13 jours. « Nous avons décidé de mettre fin à notre mouvement après la réouverture d’un nombre d’églises et la libération des détenus coptes dans les événements d’Imbaba », explique Mina, un des manifestants. Dès que le père Mathias, un des leaders du sit-in, ait appelé les manifestants à quitter les lieux, samedi soir, un groupe de jeunes a commencé à nettoyer la zone et à débarrasser les bannières. L’armée et la police ont enlevé les fils barbelés posés par les manifestants à l’entrée et à la sortie de la Corniche du Nil. Pour le père Mathias, cette décision vise à donner du temps aux responsables pour étudier les demandes des coptes. « Certaines de nos demandes ont été satisfaites tandis que d’autres sont encore à l’étude. Nous attendons que les responsables tiennent leurs promesses faites pendant les 30 derniers jours », assure le père Mathias.

Le sit-in devant le bâtiment de la Radiotélévision à Maspero avait commencé il y a deux semaines après les incidents interconfessionnels d’Imbaba qui ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés, et durant lesquels une église a été incendiée. Les coptes exigent notamment la promulgation d’une loi unifiée sur la construction des lieux de culte, ainsi qu’une autre contre la discrimination. Les coptes réclament aussi la réouverture des églises fermées, l’arrestation des instigateurs des incidents d’Imbaba et la libération des coptes arrêtés au cours de ces mêmes incidents. Les autorités ont libéré cette semaine 41 coptes arrêtés dans les événements d’Imbaba et durant le sit-in de Maspero. Cependant, les organisateurs du sit-in affirment qu’ils reviendront si l’intégralité de leurs revendications n’est pas satisfaite. « Nous avons seulement décidé de suspendre le sit-in jusqu’au 13 juin. Nous avons eu une réunion avec la Coalition des jeunes de la révolution, qui nous ont promis que nos revendications seraient satisfaites », lance le père Philopateer Gamil, de l’archevêché de Guiza. Chérif Doss, chef de l’Organisation des coptes d’Egypte, estime, lui, que l’Etat a montré sa bonne volonté en libérant les détenus coptes. « Mais il doit à présent répondre aux autres revendications », dit-il.

Le 19 mai, les coptes qui campaient devant Maspero avaient décidé de quitter les lieux lorsqu’ils ont appris que l’église de la Vierge à Aïn-Chams allait être ouverte. Mais ils sont revenus et ont décidé de poursuivre leur mouvement lorsque des heurts ont éclaté entre musulmans et chrétiens dans le quartier, quand des salafistes ont essayé d’entraver la réouverture de l’église, fermée depuis deux ans suite à des affrontements confessionnels. Cette église est l’un des édifices religieux dans le quartier de Aïn-Chams dont les autorités avaient promis la réouverture pour calmer les manifestants de Maspero. Mina Sabet, coordinateur des médias à l’Union des jeunes coptes de Maspero, explique : « Nous avons décidé d’annuler la suspension du sit-in après avoir reçu des nouvelles sur l’arrestation de plusieurs chrétiens dans les événements de l’église de la Vierge de Aïn-Chams ».

Diocèse de Maghagha reconstruit

Cet incident a incité les manifestants à continuer leur sit-in, malgré l’appel du pape Chénouda III à l’arrêter. Les manifestants ont décidé de continuer leur sit-in devant le bâtiment de la télévision d’Etat jusqu’à ce que l’église de la Vierge et de l’évêque Abram à Aïn-Chams soit à nouveau ouverte et que le diocèse de Maghagha soit reconstruit. Finalement, avec la libération des détenus et la réouverture de deux églises, une à Assiout et une autre à Béni-Soueif en Haute-Egypte, les manifestants ont suspendu leur sit-in.

Une délégation de coptes s’est réunie cette semaine avec des membres du Conseil militaire, dont l’avocat de l’Eglise, Naguib Gobraïl. Les coptes réclament le jugement des criminels qui ont commis des violences contre les coptes, à Saul à Guiza, à Alexandrie, à Imbaba et à Aïn-Chams.

Samedi, une réunion entre des hommes de religion chrétiens et musulmans dans le quartier de Aïn-Chams a vu apparaître des divergences au sujet de l’église de Aïn-Chams. Celle-ci était à la base une usine de prêt-à-porter que l’église a rachetée avant de la transformer en lieu de culte. Le bâtiment avait alors été fermé après que des heurts aient éclaté à son sujet entre coptes et musulmans. Lors de la réunion de samedi, les musulmans ont proposé que le bâtiment soit transformé en hôpital au service des coptes et des musulmans ou bien en usine comme il était dans le passé. Mais les chrétiens ont refusé. Finalement, il a été décidé de recourir à la justice pour déterminer le destin du bâtiment. Le père Gamil, qui a assisté à la réunion, explique : « La réunion a vu des altercations et des négociations qui ont pris beaucoup de temps. A la fin, on a pris la décision de fermer l’église pour le moment jusqu’à ce que la justice dise son mot ».

Yvonne Mossaad, militante et conseillère juridique de l’Union des jeunes coptes de Maspero, pense que ces réunions de réconciliation n’ont aucune importance et ne résoudront pas les crises. « On perd notre temps dans ce genre des réunions qui ne sert à rien. On en a fait plusieurs et le résultat est que nos droits sont perdus. La seule solution c’est l’application de la loi et la justice pour atteindre nos droits », affirme-t-elle. « Nous avons suspendu notre mouvement jusqu’au 13 juin pour donner la chance au gouvernement de répondre à nos revendications. Si non, nous retournerons en sit-in », affirme Yvonne Mossaad.

Ola Hamdi

 

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