Al-Ahram Hebdo,Monde Arabe | Assad reste inflexible

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Abdel-Fattah El Gibali
 
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 Semaine du 23 au 29 novembre, numéro 897

 

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Syrie . Malgré la pression arabe et internationale qui s’accentue, le régime paraît déterminé à se maintenir en place coûte que coûte.

Assad reste inflexible

La terre tremble toujours sous les pieds du président syrien Bachar Al-Assad. Confronté à un mouvement de contestation sans précédent, Bachar s’est dit prêt à combattre et à mourir en cas d’intervention étrangère, dénonçant l’attitude de certains pays de la Ligue arabe.

Ses déclarations sont intervenues alors que l’ultimatum de la Ligue pressant Damas de cesser la répression a pris fin samedi à minuit, exposant désormais la Syrie à des sanctions économiques arabes.

Neuf mois après le déclenchement d’une contestation populaire, le régime reste inflexible en dépit de son isolement international croissant.

Pour hausser le ton, la Ligue arabe a rejeté dimanche dernier une demande de Damas d’amender une proposition d’envoyer en Syrie une délégation de 500 observateurs, estimant qu’elle dénaturait le projet, quelques heures après l’expiration de l’ultimatum fixé par l’organisation panarabe à Assad pour qu’il cesse la répression. « Ces modifications affectent le cœur du projet et changeraient radicalement la nature de la mission, qui consiste à superviser la mise en œuvre du plan arabe pour mettre fin à la crise en Syrie et protéger les civils syriens », a déclaré l’institution panarabe dans un communiqué. Selon le communiqué, la Ligue est résolue à résoudre la crise syrienne dans un cadre arabe, afin de mettre fin à la violence et aux meurtres et de répondre aux ambitions du peuple syrien pour le changement et les réformes politiques et économiques.

La Ligue arabe avait indiqué vendredi que le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, avait envoyé à son secrétaire général, Nabil Al-Arabi, une lettre pour réclamer des modifications au projet. Pour défendre son régime, le ministre syrien des Affaires étrangères a expliqué que « la proposition de la Ligue arabe comporte des articles reflétant les positions non équilibrées adoptées par certains Etats membres depuis le début de la crise », a dénoncé le ministre, en soulignant que le « protocole accorde aux émissaires de la Ligue arabe des prérogatives très amples, voire impossibles, pouvant aller jusqu’à la violation de la souveraineté nationale ».

Pour les autorités syriennes, le plan, en l’état, attente à la souveraineté de la Syrie, mais Damas ne rejette pas pour autant la mission de la Ligue arabe. Cette mission doit être composée de 500 membres d’organisations de défense des droits de l’homme, de médias et d’observateurs militaires, pour s’assurer de la sécurité des populations civiles dans les zones en proie aux violences. La Ligue arabe avait donné mercredi dernier un délai de trois jours au président Assad pour qu’il mette fin à la répression, sous peine de sanctions économiques, après avoir suspendu la participation de son pays à l’organisation panarabe. Le 2 novembre, Damas avait dit accepter un plan arabe de sortie de crise sans toutefois l’appliquer sur le terrain. Outre un arrêt total des violences, ce plan comprend notamment l’autorisation pour les organisations concernées de la Ligue arabe et les médias arabes et internationaux de se déplacer librement partout en Syrie pour s’informer de la réalité de la situation.

Négligeant l’attitude arabe, Mouallem a d’autre part minimisé l’importance de l’ultimatum de la Ligue arabe, qui avait menacé la Syrie de sanctions économiques si les violences ne cessaient pas, affirmant qu’un accord était encore possible sur le projet arabe d’envoyer une délégation d’observateurs en Syrie. « Nous, en Syrie, ne considérons pas que l’ultimatum est une question importante, le contenu est ce qui est important, et parvenir à un accord avec la Ligue arabe est ce qui compte », a expliqué Mouallem, tout en accusant certains membres de la Ligue arabe d’utiliser l’organisation comme un « outil » pour parvenir au Conseil de sécurité de l’Onu. « On ne peut pas prendre de décisions précipitées. Ce qu’il faut c’est une réflexion rationnelle, car certains dans le monde arabe utilisent la Ligue arabe comme un outil pour parvenir au Conseil de sécurité », dit-il.

Essayant de jeter la balle dans le camp des Arabes, le président syrien a accusé la Ligue arabe de créer un « prétexte » à une intervention militaire occidentale qui provoquerait un « séisme » dans la région. Il a souligné que « la Syrie ne s’inclinera pas. Le pays est tout à fait prêt à combattre et à mourir s’il devait affronter des forces étrangères. Si le combat nous est imposé, nous combattrons », a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, rejetant en outre les craintes de guerre civile exprimées par ses homologues américain, Hillary Clinton, et turc, Ahmet Davutoglu

Pour renforcer les pressions sur le régime syrien, Mme Clinton avait dit penser qu’il pourrait y avoir « une guerre civile, avec une opposition très déterminée, bien armée, et finalement, bien financée ». Avis partagé par le ministre turc des Affaires étrangères. Davutoglu avait déclaré que des déserteurs se manifestaient ces derniers temps, et de ce fait, il y a un risque d’évolution vers la guerre civile.

Des déclarations refusées par les autorités syriennes.

Mais la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne comptent présenter une résolution à l’Assemblée générale de l’Onu condamnant la répression en Syrie, assurant avoir le soutien-clé des pays arabes.

Le succès d’une telle démarche pourrait augmenter la pression sur le Conseil de sécurité, où la Russie et la Chine avaient le mois dernier opposé leur veto à une résolution condamnant Damas.

Pour affaiblir les autorités syriennes, le président turc Abdullah Gul a assuré qu’il n’y avait « plus de place pour des régimes autoritaires » tels que le régime syrien. Après avoir tenté de raisonner la Syrie, la Turquie a durci le ton et soutient désormais l’opposition.

Les souhaits de l’opposition

En effet, l’opposition,  par la voix du Conseil National Syrien (CNS), regroupant la majorité des courants de l’opposition, a annoncé dimanche dernier un projet de programme politique ayant pour objectifs la chute du régime et la tenue d’élections d’une Assemblée constituante à l’issue d’une période transitoire d’un an.

Selon ce projet diffusé sur son site Internet, une fois la chute du régime réalisée, le conseil « dirigera le pays avec l’institution militaire ». « Un gouvernement temporaire sera formé et il sera chargé d’organiser des élections libres au bout d’un an sous une supervision arabe et internationale, pour désigner une Assemblée constituante avec pour mission d’élaborer une nouvelle Constitution », ajoute le texte. Le CNS proclame que la chute du régime syrien et de tous ses symboles est l’objectif de ce conseil qui représente la majeure partie des forces politiques, des groupes de l’opposition et des mouvements dirigeant la contestation. Le Conseil affirme vouloir préserver la nature pacifiste de la révolte et dit souhaiter œuvrer à construire un Etat civil, démocratique et pluraliste, avec un système parlementaire. Dans ce document, le CNS prévoit l’égalité des citoyens, la séparation des pouvoirs, la protection et la garantie des droits des minorités.

La nouvelle Constitution sera soumise à un référendum et, une fois adoptée, des élections législatives seront convoquées dans un délai de six mois. Le Conseil national syrien a été lancé officiellement le 2 octobre à Istanbul. Il regroupe notamment les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations sur le terrain, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans interdite de longue date en Syrie, ainsi que les Kurdes et les Assyriens. Le CNS n’a été reconnu jusqu’à présent que par les nouvelles autorités libyennes. Certains pays occidentaux estiment que le CNS devait « s’organiser » avant toute reconnaissance officielle. Bachar Al-Assad fait face, depuis la mi-mars, à une contestation sans précédent de son régime qu’il réprime dans le sang. Selon l’Onu, cette répression a fait plus de 3 500 morts.

Faisant la sourde oreille, le président Assad, au pouvoir depuis 2000, affirme que son régime, qui ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation et impute les violences à des groupes armés, doit faire respecter la loi. « Mon rôle de président est dans l’action, la seule solution est de chasser les bandes armées, d’empêcher l’entrée d’armes et de munitions depuis des pays voisins et de faire respecter la loi et l’ordre », a-t-il dit.

En première réaction à ses déclarations, l’Armée Syrienne Libre (ASL), qui regroupe des soldats insoumis, a intensifié son action ces dernières semaines, menant des attaques à la roquette contre des centres des services secrets et du parti au pouvoir.

Commentant ces actes, l’ASL a expliqué qu’elle réplique de la sorte au refus du régime de libérer les dizaines de milliers de prisonniers politiques qu’il détient, et de renvoyer l’armée dans ses casernes comme le lui demande la Ligue arabe .

Maha Salem

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Les principales sanctions et pressions diplomatiques exercées sur le régime du président Bachar Al-Assad pour protester contre la répression en Syrie, qui a fait, selon l’Onu, plus de 3 500 morts depuis le début de la révolte le 15 mars.

— Avril : Sanctions économiques américaines contre le frère cadet du président, Maher Al-Assad, et les services syriens de renseignement.

— Mai : Sanctions de l’Union européenne contre 13 responsables, dont Maher Al-Assad, et embargo sur les armes. Sanctions américaines contre Bachar Al-Assad et 6 dignitaires du régime. Gel de leurs biens. L’UE interdit de visa et gèle les avoirs d’Assad.

— Août : Le Conseil de sécurité de l’Onu « condamne les violations généralisées des droits de l’homme et l’usage de la force contre les civils » en Syrie. Washington sanctionne la plus grande banque commerciale contrôlée par l’Etat. Barack Obama et ses alliés occidentaux appellent Assad à partir. Washington annonce une interdiction d’importer des produits pétroliers syriens et un gel de tous les avoirs de l’Etat syrien.

— Septembre :  Les ministres arabes des Affaires étrangères pressent Damas de mettre fin « immédiatement à l’effusion du sang ».

L’UE interdit tout nouvel investissement dans le secteur pétrolier et la fourniture de pièces et billets de banques, suivie par la Suisse le 1er octobre.

— Octobre : Veto russe et chinois à l’Onu à une résolution condamnant la Syrie. Le président russe Dmitri Medvedev déclare que le régime d’Assad doit mener des réformes ou partir. L’UE « renforce ses mesures restrictives », imposant des sanctions à une banque commerciale.

— Novembre : La Ligue arabe décide la suspension de la participation de la Syrie. La Turquie évacue des membres de son personnel après une attaque contre son ambassade. 9e train de sanctions de l’UE, qui exhorte l’Onu à aider les civils. Au total, 74 personnes et une vingtaine de sociétés désormais visées. Premières sanctions de la Turquie, qui stoppe des explorations de pétrole communes. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni annoncent leur intention de présenter une résolution à l’Onu condamnant la répression, assurant avoir le soutien des pays arabes.

 




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