Les racines de la nation égyptienne
Taha
Abdel-Alim
A
l’époque de la monarchie, un nombre d’Egyptiens se vantaient
d’avoir des racines turques tandis que d’autres continuent à
se vanter de leurs origines arabes, et d’autres sont fiers
d’être des arrivants ou des invités.
Les partisans de la division nationale tentent d’ancrer
l’idée de la discrimination raciale alors que la réalité de
l’unité de la nation égyptienne, qui s’est formée sur
ces terres, reste absolue, une réalité selon laquelle les
Egyptiens sont tous ceux qui se sont établis en
Egypte.
La réalité est aussi que l’unité du sang ou de la race n’est
pas une condition obligatoire pour l’unité politique du
peuple ou de l’Etat. Cependant, il est certain qu’il est
rare de voir un Etat possédant une superficie ou une
population comme l’Egypte et qui posséderait une telle unité
de sang et de race. Depuis toujours, l’Egypte a été une
société politique ouverte, qui rejette la haine des
étrangers et la discrimination raciale. C’est pour cela que
les frontières terrestres de l’Egypte ont toujours connu une
infiltration pacifique de trois côtés : La Libye, le Soudan,
la péninsule arabique et les pays du Levant.
Et l’esclavage était un genre particulier de cette
infiltration. Dans son livre sur la vie dans l’Egypte
ancienne, Gaston Maspero, un des premiers égyptologues, a
dit que des milliers d’esclaves étaient amenés dans les
grandes villes égyptiennes chaque année, se basant sur les
scènes enregistrées par un autre égyptologue, Auguste
Mariette, montrant les combattants pharaoniques tirant
derrière leurs chars des prisonniers de guerre de toutes
races. Et à la fin de l’ère pharaonique, quand certaines
familles avaient eu recours à des mercenaires, des étrangers
en provenance du bassin méditerranéen et de ses îles du côté
est ont afflué vers les territoires égyptiens, en
particulier les anciens Grecs. Le nombre de Grecs qui ont
vécu en Egypte à l’époque des Ptolémées
est évalué à 150 000, c’est-à-dire moins de 2 % du total des
habitants de l’Egypte.
Et bien que cette immigration ait connu un recul à la fin de
l’époque ptolémaïque, elle avait tout de même constitué un
nombre important pour une colonisation. Puis, après les
anciens Grecs sont venus les Romains, dont l’arrivée était
une simple invasion militaire sans aucune immigration.
Bien que l’influence raciale des guerres soit limitée, il ne
faut tout de même pas la négliger, puisque certaines guerres
se transformaient parfois en longue colonisation, en plus
des prisonniers de guerre et des esclaves. Ce qui signifie
un mélange de races. Effectivement, l’esprit de ces époques
ne connaissait pas de barrières racistes
fondées sur les différences de sang ou de couleur. De plus
que l’esclavage a continué pendant la plupart des époques de
l’Egypte islamique, ce qui a favorisé la variété raciale de
l’Egypte. La réalité est que l’esclavage a largement
influencé la nature raciale des Egyptiens. En effet, les
colonies d’esclaves, qui se trouvaient en général à
l’intérieur des villes, se sont petit à petit démantelées et
leurs éléments se sont infiltrés dans la population
égyptienne.
La colonisation en Egypte a donc toujours été une exception,
à part une tendance limitée à l’époque grecque. Cependant,
il y a eu 3 grands immigrations :
les Hyksos, les juifs et les Arabes, qui sont tous arrivés
du côté du Sinaï. Les 2 premières ont été définitivement
répulsées du pays après un
certain temps, et ce, contrairement à la troisième, qui
constitue le dernier ajout réel et influent à la
constitution humaine égyptienne. Après les conquêtes arabes,
l’invasion arabe s’est transformée en infiltration, voire
même immigration. Ce qui a constitué une situation sans
précédent pour la population égyptienne depuis l’époque
pharaonique, et ce, après l’élimination des barrières
religieuses, alors que l’Egypte s’est ouverte sur le monde
islamique en entier sans aucun obstacle pendant de longues
époques.
Nous en arrivons alors aux colons européens qui sont arrivés
en Egypte moderne et dont le nombre ne dépasse pas les 250
000, c’est-à-dire environ 2 % de la population, et dont une
grande partie a acquis la nationalité égyptienne après la
promulgation de la loi de la nationalité en Egypte.
Il est scientifiquement impossible de faire une évaluation
précise des différents éléments humains qui sont arrivés en
Egypte. Cependant, des recherches sérieuses ont affirmé que
les éléments étrangers qui sont arrivés en Egypte depuis que
la nation égyptienne s’est formée depuis l’époque des
familles pharaoniques et jusqu’aujourd’hui n’ont pas dépassé
10 % du total des habitants de l’Egypte. Le peuple égyptien
n’est donc pas un peuple hétérogène, puis, les arrivants ont
toujours constitué une minorité. Dans Les premières
civilisations, Gustave Le Bon dit : « Différents peuples ont
envahi l’Egypte, cependant, le pays a toujours réussi à
assimiler ses envahisseurs. C’est pour cela qu’ils ne l’ont
pas influencé, sauf les Arabes, qui ont imposé au pays leur
religion, leurs langues et des arts étrangers. Et malgré
tout cela, le sang de l’Egypte est resté pharaonique ».
C’est pour cela qu’il est courant d’entendre dire que la
terre de la Vallée du Nil a pu absorber presque toutes les
races et tous les éléments étrangers. Mariette dit sur
l’Egypte : « L’Egypte ne brille pas pendant quelques
instants pour se coucher longtemps, comme il s’est passé
dans d’autres pays. Au contraire, sa destinée lui a permis
de survivre pendant 70 siècles et de laisser des traces
claires dans tous les domaines ».
Trop tard
Attiya
Essawy
Il ne sert plus à rien d’insister sur l’unité. Il vaut mieux
accepter la division en douceur. Il ne reste plus que cinq
mois avant le référendum de la détermination du destin du
Sud-Soudan. Il n’y a plus lieu à l’unité à la lumière des
différends et des déclarations hostiles échangées entre les
directions du Mouvement populaire, au pouvoir au sud, et le
Parti de la conférence nationale, au pouvoir dans le nord.
Il vaut mieux mettre à exécution les clauses de l’accord de
paix sans tergiversation, afin de renforcer le fragile lien
qui relit le nord et le sud du Soudan si les Sudistes optent
pour la division, ce qui se présente comme une éventualité
pour 90 % des Sudistes.
Les clauses de l’accord de Navasha
sont beaucoup plus larges que ce qu’il en reste. Il est
impératif de chercher les moyens de résoudre le reste des
différends comme le fait de tracer les frontières (20 %
seulement sont sujets de différends), former le commissariat
de référendum de sorte à satisfaire les deux parties, à ne
pas soulever d’hostilités concernant la région pétrolière d’Abbay
et à ne pas soulever d’actes de violences sanglants entre la
tribu arabe du nord des Massiréya
et la tribu africaine du sud des Dinka. Il s’agit enfin de
respecter à la lettre tout ce qui a trait à cette région
dans l’accord de paix et dans le verdict international
concernant les frontières et les droits de ses habitants
africains et arabes. La loi de référendum d’Abbay
donne le droit de vote aux membres de la tribu de Dinka et
laisse au commissariat du référendum de décider des
Soudanais qui ont le droit de vote. Il ne sert donc à rien
que le ministre de l’Industrie déclare que la séparation
n’est pas permise quel que soit le prix, car il usurpe ainsi
le droit des Sudistes qui leur a été octroyé par l’Accord de
paix. La déclaration du président des affaires de sécurité,
selon laquelle le verdict du comité de jugement ne résoudra
pas le problème d’Abbay, ne sert
aussi à rien. De plus, elle est injuste. Il est
indispensable de chercher de nouvelles solutions. Ceci est
une incitation pour les Massiréya
à refuser l’accord et à recourir à la violence. Ce qui
menace le déclenchement d’une guerre entre les deux tribus.
Il est aussi fort nuisible que le mouvement populaire
continue à adresser des accusations à tort et à travers au
parti de la conférence de ne pas respecter ses engagements
de reloger 75 000 membres de la tribu des
Massiréya à
Abbay pour modifier sa structure démographique et
influencer les résultats du référendum. Ceci représente une
incitation à la tribu des Dinka contre les
Massiréya.
Le référendum doit avoir lieu à la date prévue tant que le
mouvement insiste. S’il n’est pas exécuté ceci n’influencera
nullement les petites régions sujets
de différend sur les frontières. Et ce, si nous sommes
sérieux dans notre volonté d’éviter le déclenchement d’une
guerre civile.