Edito Américains et Afghans, une double crise
C’est à la veille de
l’anniversaire des attentats du 11 Septembre, point de départ de l’invasion
américaine de l’Afghanistan, que Washington a confirmé sa nouvelle politique,
celle d’un retrait de ce pays. Une façon de se débarrasser d’un vrai traquenard
tout en laissant le pays dans un état de dévastation et sans le moindre moyen
de se défendre. C’est un peu comme cela a été en Iraq. L’Amérique change-t-elle
de stratégie ? Sans doute pas, mais elle veut s’en tirer avec le moindre de
pertes possibles. Une chose qu’admet peu le président afghan Hamid Karzaï,
d’ailleurs en désaccord avec Washington sur plusieurs plans. Il est accusé de
corruption par les Américains, en échange il condamne les forces américaines
qui, pour combattre les Talibans, tuent les civils afghans. A rappeler que Karzaï est arrivé au pouvoir à la fin 2001 avec le soutien
des Etats-Unis. Maintenant, les deux lavent leur linge sale en public.
D’ailleurs, c’est après une visite en Iraq que le secrétaire américain à la
Défense, Robert Gates, est venu débattre avec Karzaï,
reflétant ce double embarras américain. Et alors que Washington déplace son ire
sur les talibans pakistanais qui sont plus que jamais dans le collimateur des
Etats-Unis. Ils ont placé leurs adversaires sur la liste noire, tout en
inculpant leur chef du meurtre de sept agents de la CIA. Washington offre
jusqu’à 5 millions de dollars pour tout renseignement permettant l’arrestation
de Hakimullah Mehsud,
poursuivi pour « complot terroriste » par la justice fédérale américaine. Le
président Karzaï a opté de son côté cette semaine
pour la politique du dialogue, annonçant la mise en place d’un conseil pour des
discussions de paix avec les rebelles. Ce conseil devrait être composé d’anciens
membres des talibans, des chefs du Djihad et des personnalités d’influence. Tout
compte fait une éclaircie n’est guère pour demain. Et le recul américain, que
ce soit en Iraq ou en Afghanistan, s’il est une fatalité, n’amènera pas de
possible solution pour des peuples désemparés.
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