Iraq.
L’armée américaine a dû intervenir auprès des forces
iraqiennes pour défendre un
complexe militaire attaqué par des insurgés. Une première
preuve de la faiblesse de ces forces censées prendre le
relais.
Un début difficile
Avec
le début d’une nouvelle mission de l’armée américaine « Aube
nouvelle » en Iraq, la sécurité dans ce pays est toujours
menacée par des attaques meurtrières quasi quotidiennes.
Pour embarrasser les forces iraqiennes,
plusieurs kamikazes ont tenté de prendre d’assaut un
complexe militaire avec un minibus rempli d’explosifs. Cette
attaque a fait au moins 12 morts et 36 blessés. Ce raid
contre un complexe, qui avait été la cible d’un violent
attentat suicide faisant 59 morts en août dernier, illustre
la difficulté des forces iraqiennes
à maintenir la sécurité face à des groupes armés qui ont
multiplié les démonstrations de force ces dernières
semaines. Selon un bilan officiel, au total 426
Iraqiens, dont 295 civils, ont
été tués en août.
A peine leur mission officielle achevée, les militaires
américains, toujours sur place, ont dû tout de même
intervenir, ce qui témoigne de la fragilité de la situation
actuelle. Dimanche dernier, ils ont aidé les forces
iraqiennes à défendre le
complexe militaire pris d’assaut par les insurgés. Ces
militaires ont utilisé leurs armes pour couvrir des soldats
iraqiens qui pourchassaient des
insurgés réfugiés dans un bâtiment proche du complexe, dans
un acte de « légitime défense », selon un porte-parole de
l’armée américaine.
En dépit de ce regain de violence depuis juillet dernier, le
premier ministre iraqien
sortant, Nouri Al-Maliki,
a jugé que son armée et sa police étaient capables de
prendre le relais des Américains et de remplir leur tâche,
sans pour autant atténuer le scepticisme de nombre de ses
compatriotes. Une évaluation nuancée par son ministre de la
Défense, Abdel-Qader Al-Obeïdi,
selon lequel, en 2012, les forces
iraqiennes ne seraient prêtes qu’à 95 %. Insistant
sur son avis, Maliki a proclamé
que son pays redevenait «
souverain et indépendant ». « La multiplication des
violences est due à l’absence d’entente entre les différents
blocs pour former un gouvernement près de six mois après les
élections législatives. Les insurgés profitent de l’impasse
politique qui plane sur le pays. En effet, l’Iraq a besoin
d’une aide non seulement au point de vue sécuritaire mais
aussi politique et économique », explique Mohamad Abdel-Qader,
analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques
(CEPS) d’Al-Ahram.
Or, sur le plan politique, rien n’augure d’une prochaine
solution. Les discussions entre les principaux acteurs en
vue de former un gouvernement de coalition sont toujours
interrompues. Pourtant, le vice-président américain, Joe
Biden, tente de se montrer
optimiste. Après avoir rencontré les principaux responsables
ainsi que des représentants de tous les partis représentés
au Parlement, il a déclaré : « Il y a quelque 325 membres du
Parlement et le parti le plus important a reçu 91 voix.
Donc, il faut du temps pour former cette coalition, mais je
pense que nous en sommes proches ».
Biden
a en outre lancé officiellement la nouvelle opération de
l’armée américaine, « Aube nouvelle », tournant la page de
la mission de combat entamée avec l’invasion en 2003. Le
chef du Pentagone, Robert Gates, a indiqué que le changement
de mission pour les troupes américaines, qui vont désormais
se consacrer à la formation des forces
iraqiennes, signifiait que la guerre était terminée
pour les Etats-Unis.
Elle
ne l’est
certainement pas pour les
Iraqiens.
Maha
Salem