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 Semaine du 8 au 14 septembre 2010, numéro 835

 

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Bahreïn. Des opposants chiites accusés de fomenter un complot pour renverser la monarchie ont été arrêtés cette semaine. Cette affaire remet sur le tapis le conflit latent entre la majorité chiite et la minorité sunnite au pouvoir.

Les chiites dans le collimateur

C’est sur fond de tensions confessionnelles à l’approche des élections générales prévues pour fin octobre que les autorités bahreïnies ont accusé 23 opposants chiites de préparer un complot visant à faire chuter la monarchie sunnite. Ces militants ont été inculpés samedi de « formation d’un réseau terroriste » visant à renverser le régime. Selon les autorités, ils auraient tenu des réunions secrètes à Bahreïn et à l’étranger afin de « changer le régime politique à travers des moyens illégaux », a rapporté l’agence officielle BNA. Dix personnes, décrites comme les « chefs du réseau terroriste », ont été inculpées pour avoir « sapé la sécurité nationale ». Aucune date n’a encore été communiquée quant à l’ouverture de leur procès. Parmi les inculpés, Abdeljalil Al-Singace, un leader du groupe d’opposition Haq, est accusé d’avoir formé et « dirigé un réseau illégitime (...) des cellules de sabotage (...) d’avoir contacté des organisations étrangères et fourni des informations fausses (...) sur le royaume ».

Sept autres personnes, arrêtées à la mi-août comme M. Singace, ont été inculpées pour les mêmes raisons. Il s’agit de Mohamad Saïd, un dirigeant du Centre pour les droits de l’Homme de Bahreïn, ainsi que deux religieux chiites, cheikh Mohamad Al-Moqdad (connu sous le nom de Habib Mansour Al-Safaf) et cheikh Saïd Al-Nouri. Deux des accusés, Hussein Machaimaa, secrétaire général de Haq, et Saïd Al-Chihabi, secrétaire général du Mouvement de liberté islamique, n’ont pu être arrêtés car ils se trouvent « hors du pays ». Le Haq, également appelé Mouvement des Libertés et de la Démocratie (MLD), est un groupe dissident de la principale formation chiite, l’Association pour l’Entente Nationale Islamique (AENI). Treize autres chiites sont inculpés d’avoir « rejoint (...) le réseau (...) qui vise à renverser le gouvernement et changer le régime politique et social de l’Etat (...) par des moyens illégaux ». La plupart de ces personnes sont membres du Haq.

Le chef de l’AENI, cheikh Ali Salmane, avait averti le 22 août que ces arrestations menées depuis le 13 août risquaient de conduire à « plus de violences ». Pour lui, les suspects ne peuvent appartenir à une « organisation secrète » puisqu’ils ont des opinions politiques « différentes ».

Des liens avec Téhéran ?

Ce genre d’arrestation remet également sur le tapis la question délicate des relations entre les monarchies du Golfe et leur puissant voisin iranien. Suite à ces arrestations, la presse koweïtienne a affirmé que des cellules dormantes liées à l’Iran avaient été démantelées à Bahreïn. Une information démentie par les autorités bahreïnies qui ont nié que les militants arrêtés aient des liens avec Téhéran.

Ce n’est pas la première fois que des incidents de la sorte arrivent à Bahreïn. Entre 1994 et 1999, des violences animées par des chiites avaient secoué le pays. Le royaume a en outre connu ces dernières semaines une série d’incidents révélateurs des tensions entre sunnites et chiites, ces derniers s’estimant discriminés au niveau de l’emploi, des services sociaux comme l’habitat et des services publics fournis à leurs villages. Le 25 août, le directeur de rédaction du quotidien Al-Watan, proche des autorités et critique à l’encontre des hommes politiques chiites, a affirmé avoir été agressé par des inconnus. La police a annoncé par la suite l’arrestation de ces deux assaillants. Un incendie criminel s’est par ailleurs déclaré dans un grand dépôt de ferraille, ce qui aurait pu provoquer une grave pollution, selon les autorités, qui ont là aussi annoncé des arrestations.

Ces développements interviennent alors que le pays se prépare à la tenue d’élections municipales et législatives le 23 octobre. Les dernières élections municipales et législatives à Bahreïn ont eu lieu fin 2006. Il s’agissait des deuxièmes élections depuis le retour en 2002 de ce pays à la vie parlementaire, suspendue en 1975. Elles avaient été gagnées par les islamistes, sunnites et chiites, mais avaient permis à l’opposition chiite de rentrer en force à la chambre avec 17 députés sur 40.

Abir Taleb

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