Al-Ahram Hebdo, Livres | La jeune vie à la mosquée

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 Semaine du 8 au 14 septembre 2010, numéro 835

 

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Chronique. Mohamad Abdel-Gawad dépeint le parcours, empreint de réalisme, d’un étudiant dans un établissement religieux au début du XXe siècle. Non sans se montrer critique.

La jeune vie à la mosquée

Al-mogawer, terme du XIXe et du début du XXe siècles, repris plusieurs fois dans les ouvrages de cette époque,  est au centre de l’ouvrage Hayat mogawer fil gamie Al-Ahmadi (la vie d’un étudiant à la mosquée Al-Ahmadi). Il s’agit d’une autobiographie de l’écrivain Mohamad Abdel-Gawad (1887-1964), professeur à l’Institut de pédagogie des institutrices de Zamalek, au Caire. Dans son ouvrage, Abdel-Gawad nous introduit dans sa vie d’enfant de douze ans, quand son père le préparait à continuer ses études à la mosquée Al-Ahmadi. C’est à cet âge qu’il est devenu mogawer, qui signifie littéralement « voisin » ou « étudiant-voisin », attaché à  un établissement religieux. Quittant son village natal, Abdel-Gawad s’installe à Tanta, près de la mosquée d’Al-Sayed Al-Badawi. Il devient ainsi un mogawer, puisqu’il suit ses études à la mosquée.

Car le rôle des grandes mosquées comme Al-Azhar ou Al-Ahmadi n’était pas restreint au culte et à la prière. Celles-ci jouaient aussi le rôle d’école et d’université. Une fois à Tanta, l’écrivain nous mène à travers le temps pour revisiter le quotidien difficile d’un mogawer qui, sous le joug de la pauvreté, est obligé de partager, avec sept autres personnes, un appartement étroit meublé modestement. Leur repas se compose de fromage séché, de pain, et de radis accompagné de cresson. En outre, pour mieux retranscrire l’ambiance dans laquelle vivait un mogawer, l’écrivain décrit Tanta, témoin à la fin du XIXe siècle et à la moitié du XXe siècle d’un véritable aménagement urbain. Il retrace de même la mosquée Al-Ahmadi avec ses mouleds, sandouk al-nozour (caisse de dons), avec une biographie des plus célèbres cheikhs qui ont dirigé la mosquée. Les cartes géographiques des lieux, les photos et les images illustratrices ajoutées à cette partie de l’ouvrage nous rappellent les livres documentaires.

Quant aux études à la mosquée Al-Ahmadi, les programmes, les évaluations et la durée de l’année scolaire, l’auteur les décrit minutieusement, donnant une image précise du système éducatif dans les établissements religieux à cette époque. Mais l’auteur reprend avec beaucoup de critique les méthodes d’enseignement à la mosquée, restreintes aux sciences religieuses et loin des sciences modernes ou de la philosophique qui étaient enseignées à la mosquée d’Al-Azhar. « Même les matières religieuses comme al-fiqh, al-hadith, et al-tawhid étaient enseignées d’une manière dure basée sur la récitation et non la compréhension », critique Abdel-Gawad. Ces mêmes remarques étaient reprises par le doyen de la littérature arabe Dr Taha Hussein dans un style plus délicat.

C’est ce qu’a souligné l’écrivain Saad Abdel-Rahmane, dans la préface de l’ouvrage. Il affirme que Abdel-Gawad est sans doute influencé par l’autobiographie de Taha Hussein  Al-Ayam (les jours). Il assure que « s’il n’y avait pas eu Al-Ayam, Mohamad Abdel-Gawad n’aurait pas pensé à rédiger son livre ». Publié dix-sept ans après la parution des Jours, ce livre reprend le même thème des difficultés vécues par les deux écrivains lors de leurs études religieuses. L’un à Al-Azhar, l’autre à Al-Ahmadi, tous les deux décrivent l’état de l’enseignement religieux vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Ce n’est pas l’enseignement religieux qui était le point commun entre Taha Hussein et Mohamad Abdel-Gawad, mais leur révolte contre les instructions de l’enseignement religieux et la distance qui sépare celles-ci des sciences modernes. Après dix ans d’études à la mosquée Al-Ahmadi, il ne peut se réinscrire et échoue à rejoindre l’enseignement religieux de la mosquée d’Al-Azhar. Il se dirige alors vers la faculté de Dar Al-Oloum, où il termine ses études. La comparaison entre l’enseignement religieux et celui laïque avec de nombreux détails fait de l’ouvrage La vie d’un étudiant à la mosquée Al-Ahmadi une chronique de l’histoire de l’enseignement spécialisé en Egypte.

Dalia Farouq

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Hayat mogawer fil gamie Al-Ahmadi (la vie d’un étudiant à la mosquée Al-Ahmadi) de Mohamad Abdel-Gawad, éditions de l’Organisme général des palais de la culture, 2010.

 

 




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