Al-Ahram Hebdo, Livres | De nouveaux mystères osiriens

  Président
Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef exécutif
Hicham Mourad
  Conseiller de la rédaction
  Mohamed Salmawy

Nos Archives

 Semaine du 8 au 14 septembre 2010, numéro 835

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Livres

Lire. Une pièce de théâtre moderne de l’écrivain Abdel-Moneim Abdel-Qader inspirée des mythes pharaoniques vient d’être publiée, mettant en valeur un aspect méconnu du patrimoine égyptien.

De nouveaux mystères osiriens

L’Egypte ancienne est-elle connue des Egyptiens d’aujourd’hui ? Est-elle présente dans leur vie ou dans leur création littéraire ou artistique ? Pas beaucoup sans doute et la question est à débattre sous plusieurs angles. Si l’on en parle, c’est à l’occasion de la publication récente par l’Organisme des palais de la culture d’une pièce de théâtre intitulée La Crue du Nil, œuvre d’un écrivain contemporain, Abdel-Moneim Abdel-Qader. Elle fait partie d’une série ; en fait, elle est le premier tome de cette série intitulée Papyrus. L’histoire est intéressante et à deux niveaux contradictoires. D’une part, la publication vient faire en grande partie exception puisque les écrits contemporains s’inspirant de l’Egypte pharaonique restent rares et d’autre part, parce qu’en fait, la pièce a été représentée une première et dernière saison en 1999 sur le théâtre Al-Salam, sous le titre d’Isis et Osiris, suivie en 2000 d’une autre pièce. Le metteur en scène, Hassan Al-Wazir, qui a mis sur les planches ces pièces et qui projette de réaliser une troisième, souligne dans la préface du livre l’intérêt tant historique qu’esthétique d’une dramaturgie s’inspirant des mythes de l’Egypte ancienne. La Momie, ce film d’anthologie de Chadi Abdel-Salam, aurait été son inspirateur, lui donnant cette passion de mettre sur scène ce monde égyptien. Al-Wazir évoque certains ouvrages voulant évoquer l’époque pharaonique, mais peu inspirateurs avec beaucoup de projections politiques très directes. Et c’est dix ans après La Momie, c’est-à-dire en 1998, qu’il a lu La Crue du Nil de Abdel-Moneim Abdel-Qader. Telle que rédigée par l’auteur, la légende n’est pas une simple narration de ce mythe fondateur, mais c’est une sorte de reconstitution dramatique d’une réalité qui peut être actuelle. « Osiris, Isis ou tout autre personnage peuvent exprimer des idées et des sentiments qui soient les miens », écrit Al-Wazir dans la préface. L’auteur évoque un sens égyptien authentique, avec de l’amour pour la terre et de l’homme. C’est donc un besoin ressenti de se référer à une esthétique nouvelle pour le théâtre égyptien. Avec tout ce patrimoine que l’on possède ayant inspiré artistes et écrivains notamment étrangers, les arts dramatiques égyptiens pourraient trouver alors une voie originale. Al-Wazir a donc contribué à la formation d’un groupe de théâtre égyptien qui ne s’arrêterait pas à une pièce, mais disons au moins une par an.

Une belle initiative qui devrait revoir le jour, sachant qu’il est vrai que dans le contexte actuel, le théâtre égyptien vit une période de vaches maigres, or que dire de pièces avec une thématique différente ? Quoi qu’il en soit, il est souhaitable d’aller en avant. D’ailleurs, l’idée d’un tel théâtre vient rappeler un débat sur le fait de savoir si l’Egypte ancienne a connu ou non un art dramatique. Des égyptologues, comme Etienne Drioton, le soulignent, s’élevant donc contre la théorie selon laquelle les Grecs seraient les inventeurs du théâtre. Il est vrai que là, on put s’égarer dans les méandres d’une définition de ce qu’est l’art dramatique. Religieux ou rituels, il existait des formes dramatiques en Egypte ancienne.

Des chercheurs soulignent que l’existence d’un théâtre égyptien est prouvée par la découverte, en 1922, de la stèle funéraire d’Emhêb, à Edfou, où l’on peut lire : « Je fus quelqu’un qui accompagna son patron dans ses tournées et qui ne se fatiguait pas dans la déclamation qu’il récitait. Je fus le partenaire de mon patron dans tous ses rôles ». La découverte de cette stèle d’environ 1 600 av. J.-C. fut suivie d’autres plus récentes. Grâce aux peintures murales, aux fragments, aux récits, on peut essayer d’imaginer ce qu’était ce lointain théâtre. Des chercheurs avancent que la représentation de telles pièces se faisait sans doute sur l’esplanade des temples, les jours de fête, et l’on sortait la statue du dieu afin qu’il pût assister au spectacle. Cette participation du dieu fut reprise par les Grecs qui introduisaient la statue de Dionysos au début de chaque représentation. Ce détail, et bien d’autres, donnent à penser que le théâtre grec, que l’on considère comme la source de l’art dramatique européen, doit beaucoup au vieux théâtre égyptien et que c’est l’influence égyptienne qui a donné de l’élan à l’art dramatique grec de l’époque archaïque. D’autres spécialistes citent aussi surtout les mystères osiriens qui étaient représentés devant le public, l’histoire du meurtre d’Osiris par Seth, le démembrement de son corps et sa résurrection. Des thèmes émotifs et passionnels. Les acteurs portaient les masques des dieux dont ils jouaient la personnalité. Et des historiens citent un public enthousiaste suivant les péripéties.

A cet égard, les nouveaux mystères osiriens de Abdel-Moneim Abdel-Qader avec leurs personnages : Isis, Osiris, Seth, Nephytis, Horakhti, Horus, Anubis et autres … sont bien dignes d’être joués une fois de plus.

Ahmed Loutfi

Retour au sommaire

 

Abdel-Moneim Abdel-Qader,
Al-Fayadane, (la crue du Nil),
série de textes dramatiques,
Organisme général des palais
de la culture, 2010.

 

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph- Héba Nasreddine
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.