Al-Ahram Hebdo, Enquête | Le vrai du faux sur Coquelicots

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 Semaine du 8 au 14 septembre 2010, numéro 835

 

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Enquête

Vol de Tableau. La toile volée de Van Gogh, qui ne s’appelle pas Les Coquelicots, a fait couler beaucoup d’encre avec de nombreuses fausses informations. De quoi replonger sereinement dans l’histoire d’une œuvre qui vaudrait beaucoup plus que 55 millions de dollars.

Le vrai du faux sur Coquelicots

Récemment de nombreuses informations erronées se sont répandues çà et là avec le vol récent de la toile du musée Mahmoud Khalil. D’aucuns seraient étonnés de savoir que la toile volée n’a pas pour titre « Coquelicots », et qu’elle ne fait pas partie des œuvres majeures de Van Gogh. Sa valeur actuelle n’est pas de 55 millions de dollars, comme on a tendance à le répéter et il ne s’agit pas non plus d’un faux.

La toile en question dont le format est de 53 cm x 64 cm a d’abord figuré dans la collection Mahmoud Khalil, avec comme titre « Vase et fleurs ». C’est le titre qu’elle portait lorsque le collectionneur l’a achetée et elle l’a gardé sur les premiers registres. Je ne peux comprendre pourquoi on l’a appelée « Coquelicots ». Etait-ce un moyen de décrire son contenu ? Pourtant, les fleurs jaunes du tableau ne ressemblent guère à des coquelicots. Il s’agit plutôt d’autres fleurs connues sous le nom de genêt de la famille des marguerites. Et l’on ne retrouve dans le vase que deux coquelicots, à gauche en bas de la toile.

En effet lorsque cette même toile, de la collection Mahmoud Khalil, a été envoyée à Paris pour restauration en 1994 et a été exposée au musée d’Orsay, elle a porté son titre d’origine « Vase et fleurs ». Ensuite, on a dû ajouter en sous-titre « Genêts et coquelicots ».

Cette toile peinte en 1886 ne fait pas partie des œuvres marquantes de Van Gogh. Elle a été peinte avec l’arrivée de l’artiste hollandais à Paris. Elle remonte donc à cette époque où il a manifesté un vif intérêt pour les fleurs. D’ailleurs, elle ne porte pas les caractéristiques qui ont distingué la plupart de ses œuvres ultérieures, ayant fait sa renommée artistique. Les historiens de l’art jugent que Van Gogh a été très influencé, en peignant ce tableau, par un artiste marseillais, Adolphe Monticelli (1824-1886). D’ailleurs, Van Gogh ne cachait pas l’admiration qu’il lui vouait à ses débuts. Et pour mieux cerner la ressemblance avec le style Monticelli, on n’a qu’à jeter un coup d’œil sur un tableau de Monticelli qu’abrite également le musée Mohamad Mahmoud Khalil, avec comme titre « Fleurs de prairie en vase ». Le tableau, quasiment du même format, est très révélateur d’une influence marquante sur Van Gogh (1853-1890).

Ce dernier avait en fait atteint une certaine maturité artistique et s’est doté d’un style qui lui est propre, deux ans après l’exécution de la toile en question. Il a dû passer ces deux ans à peindre toutes sortes de fleurs, notamment les tournesols qu’il a peints comme personne d’autre. Les tournesols sont devenus son image de marque, si l’on ose dire, et l’un de ces tableaux a été vendu il y a quelques années à environ 100 millions de dollars. C’était le prix élevé enregistré sur le marché mondial de l’art par une œuvre de Van Gogh, alors que le reste de ses toiles varient entre 50 et 100 millions de dollars.

La multiplicité des noms attribués à la toile volée ne met aucunement en doute son authenticité. Le fait qu’elle ne fait pas partie de ses œuvres les plus marquantes ne la dévalorise pas non plus. Car rien que la signature de Van Gogh sur une toile donnée vaut des millions.

La fausse version de Youssef Idriss

Donc, il ne faut pas minimiser l’ampleur de l’incident du vol, ni prêter trop d’attention aux rumeurs disant que la toile originale a été volée en 1977 et que celle qui figurait au musée n’était qu’une copie.

Cette histoire remonte à l’année 1988. L’écrivain Youssef Idriss avait alors lu quelque part qu’une toile signée Van Gogh illustrant des fleurs avait été vendue dans une salle de vente à Londres à 43 millions de dollars. Idriss, réputé pour être impulsif, a écrit d’office dans le quotidien Al-Ahram, au mois de juin de la même année, que la toile récupérée après le vol n’était pas l’originale, et que celle-ci a été vendue à Londres. De quoi avoir soulevé un vrai tollé à l’époque.

En ce temps, j’occupais moi-même le poste de sous-secrétaire d’Etat auprès du ministère de la Culture et étais chargé des relations extérieures, le ministre Farouk Hosni m’avait alors demandé de m’enquérir de la réalité de ces propos. J’ai contacté alors les responsables des salles Christie’s et Sotheby’s à Londres, lesquels m’ont répondu que la toile vendue à l’époque était l’un de ses petits formats, acquis à travers un certificat d’origine. De plus, on a affirmé que le tableau vendu illustrait des iris, donc des fleurs très différentes du tableau de la collection Mahmoud Khalil.

La description de ce tableau avait été envoyée à l’Interpol et du coup sa vente était impossible, notamment à travers des fameuses salles comme Christie’s et Sotheby’s.

Mais à mon sens, la plus importante attestation d’authenticité a été celle obtenue par Farouk Hosni qui s’était mis d’accord avec le musée d’Orsay à Paris, en 1994, pour restaurer et entretenir la collection des toiles françaises présentes en Egypte et surtout celles du musée Mahmoud Khalil et du musée de Guézira. En échange, la collection complète devait être exposée au musée d’Orsay à Paris vers la fin de la même année, avant de retrouver l’Egypte.

Outre les travaux de restauration, la collection susmentionnée, dont la valeur s’élevait à des millions, a été soumise à une authentification scientifique à travers laquelle l’historique de chaque toile a été enregistré et soumis aux experts pour affirmation d’authenticité. Ainsi il a été confirmé que la statue Balzac de Rodin faisait partie de la collection, bien qu’elle ne porte pas la signature de son fameux sculpteur.

55 millions il y a 16 ans !

A cette occasion, la France avait publié un livre important sur cette collection d’Egypte, intitulé les Toiles oubliées du Caire. A la parution du livre, les toiles en question ont fait partie du catalogue international des arts, dressant la chronique des arts du XIXe siècle et du début du XXe. Ce fut, à nos yeux, une attestation indéniable quant à l’authenticité de la collection. Je ne peux donc comprendre comment alors en ce moment l’on peut parler de copies et notamment s’agissant de la toile de Van Gogh ?

Le prix estimé de la toile, à savoir 55 millions de dollars, est celui indiqué par les compagnies d’assurance françaises il y a 16 ans. Cela dit, ce chiffre a sûrement augmenté au fil des ans. La France ne pouvait en aucune façon payer autant d’argent s’il était question d’une copie.

En effet, la toile de Van Gogh n’était pas la plus précieuse de la collection, qui comprenait des chefs-d’œuvre de Monet, de Delacrois, de Toulouse-Lautrec, de Gauguin, de Picasso, de Rodin … A titre d’exemple, la fameuse toile de Paul Gauguin « La vie et la mort », d’une valeur de 83 millions de dollars, dépasse de loin celle de Van Gogh.

Le plus étrange est que les mêmes personnes qui font circuler des mensonges concernant l’affaire du vol sont celles mêmes qui évoquent les informations erronées quant à son authenticité. Comment regrette-t-on le vol d’une fausse pièce ? La toile était authentique selon l’attestation des maisons d’expertise française. Et le vol fait partie des vols perpétrés partout dans le monde, ciblant des toiles authentiques signées par les grands noms de la peinture. Par exemple, trois jours avant le vol de la toile de Van Gogh, une statue de l’artiste surréaliste Salvador Dali pesant 10 kilos a été volée par un visiteur du musée belge de Belford à Bruge, sans être détecté par les caméras ou les signaux d’alarme. Et en mai dernier, d’autres toiles de Picasso, Matisse, Modigliani et Braque, d’une valeur de 127 millions de dollars, ont disparu du Musée d’art moderne à Paris. En fait, la France, à elle seule, compte environ 35 vols artistiques par an, la plupart de ces pièces disparues n’ont pas été retrouvées par les musées français jusqu’ici. Le nombre de tableaux signés disparus s’élève à environ 200, dont 6 portent la griffe de Van Gogh. Il faut sans doute ajouter à cette longue liste, la toile perdue du musée Mahmoud Khalil.

Les experts affirment en tout cas que le vol des toiles n’est pas impossible, en dépit de toutes les mesures draconiennes de sécurité, par exemple, les voleurs ont pu s’introduire au Musée d’art moderne à Paris, à travers la seule fenêtre du bâtiment dépourvue d’alarme, entre deux permanences. Mais toute la difficulté est de les écouler sur le marché de l’art.

Mohamed Salmawy

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Le faiseur
de joie s’en va

Faiseur de livres, génial touche-à-tout, Mohieddine Al-Labbad s’est éteint dans son appartement d’Héliopolis, samedi dernier, à l’âge de 70 ans. L’artiste, qui avait le souci du détail et de la précision, a commencé à dessiner dès l’âge de 13 ans. Et il est resté sa vie mordu par une curiosité boulimique pour tout ce qui relève de l’art visuel : BD, caricature, calligraphie, graphisme, illustration, affiche, tatouage … Pas un voyage dont il ne ramenait pas une foison de choses qui faisait ensuite l’objet d’articles dans différentes publications arabes. Ses œuvres étaient toujours hérissées d’humour et parfois de franc sarcasme quand il le fallait.

En fait, le baccalauréat en poche, il avait fait six mois de médecine, pour opter ensuite pour les beaux-arts. Et dès ses premières années d’étude, il n’a pas tardé à se joindre à un autre artiste touche-à-tout, Hussein Biccar, afin de travailler avec lui en tant que dessinateur de la revue Sindbad. En 1962, il a fait la connaissance de pas mal de caricaturistes et bédéistes talentueux de sa génération, faisant tous partie de l’équipe du magazine Rose Al-Youssef. Plus tard, il participa à la création de plusieurs revues pour enfants comme Karawan et maisons d’édition comme Dar al-fata al-arabi.

A partir des années 1980, il avait acquis l’habitude de compiler ses articles sous le titre de Nazar 1, 2 et 3, lesquels ont rien perdu de leur fraîcheur, en dépit des années.

 

 

 




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