Communauté Française.
Des expatriés en Egypte ont manifesté samedi au Caire pour
protester contre les « dérives antirépublicaines » du
gouvernement français, jugé « xénophobe et raciste ».
La France pour tous les Français
Des
membres de la communauté française d’Egypte ont organisé un
rassemblement symbolique, samedi devant l’ambassade de
France au Caire, pour protester contre la xénophobie et la
politique du président Nicolas Sarkozy. Réunis à 10h30
derrière l’ambassade sur la Corniche du Nil à
Guiza, des hommes, des femmes,
et des jeunes ont défilé pour protester contre la xénophobie
de l’Etat français et réclamer l’égalité. Les manifestants
dénonçaient la stigmatisation des Roms
en France et la proposition de déchéance de la nationalité
pour les Français d’origine étrangère formulée par le
gouvernement français ainsi que la responsabilisation des
parents d’enfants délinquants. Les Roms
sont des populations nomades venues de l’Europe orientale,
notamment de Roumanie et de Bulgarie. Ils s’installent
souvent dans les campings et envahissent les lieux publics.
Il y aurait actuellement en France entre 350 000 et 500 000
Roms, dont la quasi-totalité
sont de nationalité française.
La polémique avait commencé en France lorsque le président
Nicolas Sarkozy a annoncé fin juillet sa politique en
matière d’émigration. Le chef de l’Etat a annoncé que «
toute personne d’origine étrangère qui porterait atteinte à
la vie d’un policier, d’un gendarme ou de tout représentant
de l’autorité publique serait déchue de sa nationalité ».
Sarkozy a affirmé que des mesures en ce sens, concernant les
Français naturalisés depuis moins de dix ans, seront
intégrées dans le projet de loi sur la sécurité intérieure
examinée par le Sénat. Le gouvernement français a également
accéléré la politique de démantèlement des campements
illégaux de Roms et insisté sur
les reconduites à la frontière des membres de cette
minorité. Des mesures qui ont soulevé un vent de
protestation en France où une grande manifestation nationale
a été organisée cette semaine. En Egypte, les manifestants,
des Français expatriés au Caire, ont voulu exprimer leur
solidarité avec ce mouvement national. « Les plus hautes
autorités de l’Etat ont fait le choix de jeter à la vindicte
publique des catégories entières de population :
Roms et Gens du voyage accusés
d’être des fauteurs de troubles, Français d’origine
étrangère sur lesquels pèserait la menace d’être déchus de
leur nationalité, parents d’enfants délinquants, etc. Notre
conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire
ce qui conduit à mettre en péril la paix civile », annonce
la pétition de la communauté française en Egypte.
Devant la porte principale de l’ambassade, un des
manifestants lit à haute voix une pétition et appelle les
autres manifestants à la signer sur place, sans contacter ou
rencontrer l’ambassadeur. Un quart d’heure après, un employé
de l’ambassade sort et prend la pétition pour la présenter
au bureau de l’ambassadeur français. Les manifestants
affirment que leur but n’est pas de rencontrer l’ambassadeur
français personnellement mais de participer à la
mobilisation qui se déroule en France. Marie Girod,
journaliste à L’Humanité, et
co-organisatrice de ce rassemblement, dénonce la
politique « du pilori opérée par le gouvernement français et
dirigée contre les Gens du voyage et les
Roms, en les accusant d’être des
fauteurs de trouble ». « Le président de la République
propage aussi les vieux mensonges d’une immigration coûteuse
et assimilée à la délinquance, et offre ainsi à la
stigmatisation des millions de personnes en raison de leur
origine ou de leur situation sociale », affirme-t-elle. Et
d’expliquer que depuis 2002, pas moins de cinq lois sur
l’immigration ont été conçues toutes sous l’impulsion de
l’actuel président de la République. Largement critiquées
lors de leur adoption, elles ont toutes, l’une après
l’autre, réduit considérablement les droits des immigrés en
France. « Notre rassemblement aujourd’hui est symbolique.
Tous les Français doivent être égaux. Mais visiblement, le
président Sarkozy n’applique pas les mêmes principes »,
explique pour sa part Alain Delaurache,
professeur au LFC. Il ajoute qu’il y a véritablement un
choix politique, un choix politicien derrière cette
décision. « Le président de la République doit construire
une France solidaire de liberté et de démocratie », affirme
Delaurache.
Pour Sylvie Nouy, enseignante,
l’objectif de la manifestation est symbolique. Il s’agit
d’exprimer le désaccord de la communauté française d’Egypte
à l’égard de ce qui se passe actuellement en France. « Ce
qui nous choque c’est la remise en cause de l’article 1 de
la Constitution française qui stipule que tous les Français
sont égaux en droits. Et le président Sarkozy vient nous
annoncer avec sa politique raciste qu’il y a deux sortes de
Français. Cela nous renvoie à ce qui s’est passé pendant la
Seconde Guerre mondiale, quand les juifs n’étaient pas
considérés comme des Français à part entière. C’est une
remise en cause des principes de la République française.
Les Français qui travaillent ici au Caire sont souvent
mariés à des Egyptiens. Donc, beaucoup de couples mixtes
vivent avec la double nationalité. M. Sarkozy et son équipe
ne nous représentent pas », explique-t-elle. Et de conclure
: « Sarkozy veut faire oublier son mauvais bilan économique
et les mauvais chiffres du chômage ».
Ola
Hamdi