Al-Ahram Hebdo, Egypte | Tiraillements entre gros bonnets

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 Semaine du 8 au 14 septembre 2010, numéro 835

 

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Egypte

Néo-Wafd. Le président de ce parti libéral, Sayed Al-Badawi, veut introduire des amendements au règlement interne dans une optique de démocratisation. Ses adversaires y voient une instauration de la dictature. De quoi nourrir une nouvelle bataille.

Tiraillements entre gros bonnets

Quelques mois après l’accession de Sayed Al-Badawi à la présidence du parti du Néo-Wafd, des dissensions internes ont commencé à refaire surface au sein de ce parti libéral. Raison : la proposition du nouveau président qui veut amender le règlement interne du parti. La semaine dernière, Al-Badawi a publié un communiqué où il a invité l’assemblée générale à une réunion le 17 septembre, pour discuter des nouveaux amendements qu’il a proposés. L’initiative n’a pas été appréciée par certains dirigeants du parti, notamment parmi les proches de l’ex-président Mahmoud Abaza, candidat malheureux face à Al-Badawi lors des dernières élections.

Tenir les élections du haut comité du parti tous les 4 ans (au lieu de 5), tenir une réunion annuelle de l’assemblée générale pour l’évaluation des décisions politiques et financières du président, donner le droit au haut comité de retirer la confiance des membres du bureau exécutif et enfin tenir des nouvelles élections dans les 6 mois pour élire un nouveau haut comité … telles sont les principales modifications qu’Al-Badawi souhaite faire adopter.

« A travers ces amendements, Al-Badawi veut instaurer une dictature et diviser le parti », lance Mohamad Sarhane, vice-président du parti qui nie à Al-Badawi le droit d’introduire ce genre de modification. Alors que de son côté, Al-Badawi affirme chercher plus de démocratisation à travers ces amendements. « Est-ce que le fait de réviser chaque année les décisions du président et de les discuter dans tous leurs aspects est de la dictature ? A travers ces modifications, je ne cherche que davantage de démocratie », s’indigne Al-Badawi.

Certains trouvent que ce dernier aurait dû consulter le haut comité avant d’entreprendre son initiative. « Selon le règlement interne du parti, le président a le droit de présenter des modifications, mais les usages politiques du parti l’obligent à concerter le haut comité avant de les annoncer », explique Peter Nabil, secrétaire général du comité des jeunes du Caire au sein du parti.

« Ces amendements aux apparences bénignes visent en fait à réduire l’influence de l’ex-chef du parti Mahmoud Abaza et de ses partisans, qui monopolisent le haut comité du parti … de façon à assurer la mainmise du nouveau président sur le parti », analyse Nabil Abdel-Fattah du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram. « Les amendements augurent une nouvelle ère de conflits intestins et de lutte pour le pouvoir au sein de ce parti », estime le chercheur qui lie ces évolutions à la montée de l’influence de Sayed Al-Badawi, qui est également patron du bouquet de chaînes satellites Al-Hayat, et qui a récemment acheté le quotidien indépendant Al-Dostour.

« Puisqu’on a élu cette personne en toute indépendance, cela veut dire qu’on doit lui faire confiance sans donner lieu à de nouveaux conflits. La réunion de l’assemblée générale, à laquelle a appelé Al-Badawi, va certainement prouver que tout le monde cherche la stabilité et l’intérêt du parti », commente Kamal Hassan, cadre du parti à Assouan.

Comme lui, la plupart des Wafdistes ne veulent pas donner l’occasion à de nouveaux conflits et souhaitent voir durer le printemps de leur parti. En mai dernier, de nombreux observateurs ont salué l’atmosphère démocratique dans laquelle se sont déroulées les dernières élections du président du parti du néo-Wafd. Trois candidats se sont présentés : l’ex-président Mahmoud Abaza, Sayed Al-Badawi et une seule femme, Iglal Al-Méligui. Les élections se sont soldées par la victoire d’Al-Badawi sans aucune contestation de la part de ses concurrents.

Sabah Sabet

 

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