Néo-Wafd.
Le président de ce parti libéral, Sayed Al-Badawi,
veut introduire des amendements au règlement interne dans
une optique de démocratisation. Ses adversaires y voient une
instauration de la dictature. De quoi nourrir une nouvelle
bataille.
Tiraillements entre gros bonnets
Quelques
mois après l’accession de Sayed Al-Badawi
à la présidence du parti du Néo-Wafd, des dissensions
internes ont commencé à refaire surface au sein de ce parti
libéral. Raison : la proposition du nouveau président qui
veut amender le règlement interne du parti. La semaine
dernière, Al-Badawi a publié un
communiqué où il a invité l’assemblée générale à une réunion
le 17 septembre, pour discuter des nouveaux amendements
qu’il a proposés. L’initiative n’a pas été appréciée par
certains dirigeants du parti, notamment parmi les proches de
l’ex-président Mahmoud Abaza, candidat malheureux face à Al-Badawi
lors des dernières élections.
Tenir les élections du haut comité du parti tous les 4 ans
(au lieu de 5), tenir une réunion annuelle de l’assemblée
générale pour l’évaluation des décisions politiques et
financières du président, donner le droit au haut comité de
retirer la confiance des membres du bureau exécutif et enfin
tenir des nouvelles élections dans les 6 mois pour élire un
nouveau haut comité … telles sont les principales
modifications qu’Al-Badawi
souhaite faire adopter.
« A travers ces amendements, Al-Badawi
veut instaurer une dictature et diviser le parti », lance
Mohamad Sarhane, vice-président
du parti qui nie à Al-Badawi le
droit d’introduire ce genre de modification. Alors que de
son côté, Al-Badawi affirme
chercher plus de démocratisation à travers ces amendements.
« Est-ce que le fait de réviser chaque année les décisions
du président et de les discuter dans tous leurs aspects est
de la dictature ? A travers ces modifications, je ne cherche
que davantage de démocratie », s’indigne Al-Badawi.
Certains trouvent que ce dernier aurait dû consulter le haut
comité avant d’entreprendre son initiative. « Selon le
règlement interne du parti, le président a le droit de
présenter des modifications, mais les usages politiques du
parti l’obligent à concerter le haut comité avant de les
annoncer », explique Peter Nabil, secrétaire général du
comité des jeunes du Caire au sein du parti.
« Ces amendements aux apparences bénignes visent en fait à
réduire l’influence de l’ex-chef du parti Mahmoud Abaza et
de ses partisans, qui monopolisent le haut comité du parti …
de façon à assurer la mainmise du nouveau président sur le
parti », analyse Nabil Abdel-Fattah
du Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram.
« Les amendements augurent une nouvelle ère de conflits
intestins et de lutte pour le pouvoir au sein de ce parti »,
estime le chercheur qui lie ces évolutions à la montée de
l’influence de Sayed Al-Badawi,
qui est également patron du bouquet de chaînes satellites
Al-Hayat, et qui a récemment acheté le quotidien indépendant
Al-Dostour.
« Puisqu’on a élu cette personne en toute indépendance, cela
veut dire qu’on doit lui faire confiance sans donner lieu à
de nouveaux conflits. La réunion de l’assemblée générale, à
laquelle a appelé Al-Badawi, va
certainement prouver que tout le monde cherche la stabilité
et l’intérêt du parti », commente Kamal Hassan, cadre du
parti à Assouan.
Comme lui, la plupart des Wafdistes
ne veulent pas donner l’occasion à de nouveaux conflits et
souhaitent voir durer le printemps de leur parti. En mai
dernier, de nombreux observateurs ont salué l’atmosphère
démocratique dans laquelle se sont déroulées les dernières
élections du président du parti du néo-Wafd. Trois candidats
se sont présentés : l’ex-président Mahmoud Abaza, Sayed Al-Badawi
et une seule femme, Iglal Al-Méligui.
Les élections se sont soldées par la victoire d’Al-Badawi
sans aucune contestation de la part de ses concurrents.
Sabah
Sabet