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questions à
Barakat
Al-Farrah,
ambassadeur palestinien en Egypte.
« Nous pouvons à peine exporter des fleurs »
Al-Ahram Hebdo : L’économie
palestinienne est en état de précarité en raison du bouclage
et du blocus. Comment les pourparlers avec Israël qui
viennent d’être relancés aideront-ils à son redressement ?
Barakat
Al-Farrah :
Le développement de l’économie palestinienne ne pourra avoir
lieu que si Israël met fin au bouclage en Cisjordanie et au
blocus à Gaza et si l’on arrive à une stabilité sécuritaire.
Les barrières qu’impose Israël entravent le déplacement des
personnes, des matières premières ainsi que l’implantation
de nouveaux projets surtout à Gaza. Sans stabilité politique
et sécuritaire, il n’y aura pas de nouveaux investissements.
L’entrée des Arabes dans les territoires palestiniens doit
être autorisée par l’intermédiaire des Palestiniens et non
d’Israël. Cela encouragera beaucoup d’Arabes à visiter la
Palestine et à y investir.
— Peut-on donc dire que vous êtes optimiste quant aux
conséquences des pourparlers ?
—
Je ne peux pas me dire optimiste. Il est très difficile de
dissocier l’économie palestinienne de l’israélienne et de
mettre fin à la dépendance palestinienne sur Israël. Mais il
faut en tout cas essayer de fixer les bases et
l’infrastructure légale nécessaire. Par exemple, Abou-Mazen
a lancé un décret interdisant aux Palestiniens d’acheter les
produits fabriqués dans les colonies bien qu’ils soient
moins chers que ceux produits en Israël en raison du coût du
transport.
— La Cnuced a dans plusieurs
rapports présenté le développement régional et international
du commerce de la Palestine comme un important aspect de
l’économie palestinienne. Qu’en pensez-vous ?
—
Le commerce a toujours un effet sur l’économie et sur la
croissance du PIB. Mais Israël impose trop de barrières et
nos capacités d’exportation ont été réduites. Nous pouvons à
peine exporter des fleurs, des tomates et quelques denrées
alimentaires. Même notre production d’oranges est devenue
limitée, surtout à Gaza où les terrains agricoles sont en
diminution. Le problème est que le commerce interarabe en
soi n’est pas développé car les Arabes ne produisent ni des
machines ni des équipements. Par contre, nous pouvons
développer notre production agricole en Cisjordanie si nous
parvenons à bénéficier de toutes nos ressources en eau. Nous
pourrons aussi développer l’industrie de l’agroalimentaire
et du textile.
Propos recueillis par
Marwa Hussein