3 questions à
Barakat Al-Farrah,
ambassadeur palestinien en Egypte.
« Nous pouvons
à peine exporter des fleurs »
Al-Ahram
Hebdo : L’économie palestinienne est en état de précarité en raison du bouclage
et du blocus. Comment les pourparlers avec Israël qui viennent d’être relancés
aideront-ils à son redressement ?
Barakat Al-Farrah : Le
développement de l’économie palestinienne ne pourra avoir lieu que si Israël
met fin au bouclage en Cisjordanie et au blocus à Gaza et si l’on arrive à une
stabilité sécuritaire. Les barrières qu’impose Israël entravent le déplacement
des personnes, des matières premières ainsi que l’implantation de nouveaux
projets surtout à Gaza. Sans stabilité politique et sécuritaire, il n’y aura
pas de nouveaux investissements. L’entrée des Arabes dans les territoires
palestiniens doit être autorisée par l’intermédiaire des Palestiniens et non
d’Israël. Cela encouragera beaucoup d’Arabes à visiter la Palestine et à y
investir.
— Peut-on donc dire que vous êtes
optimiste quant aux conséquences des pourparlers ?
— Je ne peux pas me dire optimiste. Il est très difficile de dissocier
l’économie palestinienne de l’israélienne et de mettre fin à la dépendance
palestinienne sur Israël. Mais il faut en tout cas essayer de fixer les bases
et l’infrastructure légale nécessaire. Par exemple, Abou-Mazen
a lancé un décret interdisant aux Palestiniens d’acheter les produits fabriqués
dans les colonies bien qu’ils soient moins chers que ceux produits en Israël en
raison du coût du transport.
— La Cnuced a
dans plusieurs rapports présenté le développement régional et international du
commerce de la Palestine comme un important aspect de l’économie palestinienne.
Qu’en pensez-vous ?
— Le commerce a toujours un effet sur l’économie et sur la croissance du
PIB. Mais Israël impose trop de barrières et nos capacités d’exportation ont
été réduites. Nous pouvons à peine exporter des fleurs, des tomates et quelques
denrées alimentaires. Même notre production d’oranges est devenue limitée,
surtout à Gaza où les terrains agricoles sont en diminution. Le problème est
que le commerce interarabe en soi n’est pas développé car les Arabes ne
produisent ni des machines ni des équipements. Par contre, nous pouvons
développer notre production agricole en Cisjordanie si nous parvenons à
bénéficier de toutes nos ressources en eau. Nous pourrons aussi développer
l’industrie de l’agroalimentaire et du textile.
Propos recueillis par Marwa
Hussein