Terrorisme.
Après avoir été placé sur la liste noire américaine, le
Mouvement des talibans du Pakistan (TTP) menace d’attaquer
l’Europe et les Etats-Unis.
Au Pakistan, les talibans relèvent le défi
Que ce soit en Afghanistan ou au Pakistan, l’épine des
rebelles talibans semble toujours incassable. Deux jours
après que Washington eut annoncé avoir placé le Mouvement
des talibans du Pakistan (Tehreek-e-taliban,
TTP) sur sa liste noire des organisations terroristes
internationales, offrant jusqu’à 5 millions de dollars pour
tout renseignement permettant sa capture, les talibans
pakistanais ont menacé samedi d’attaquer les Etats-Unis et
l’Europe. Les rebelles ont aussi affirmé préparer des
attaques contre des travailleurs humanitaires étrangers
déployés dans le cadre de l’aide aux victimes des
inondations dans ce pays. Le même jour, huit rebelles ont
été tués par un tir de drone américain, parmi eux trois
combattants étrangers, dans la zone tribale du nord-ouest du
Pakistan près de la frontière afghane. Le tir visait un
ensemble de bâtiments à Datta
Khel, un village du
Waziristan du Nord, région
tribale connue pour être un bastion de combattants talibans
et d’Al-Qaëda.
« Bientôt, nous viserons l’Amérique et l’Europe, nous nous
vengerons des frappes de drones. Nous mènerons davantage
d’attaques, à l’intérieur du Pakistan et de l’Afghanistan.
Le président Obama et ses amis
sont les véritables terroristes. Cela nous est égal s’ils
nous ont qualifiés de groupe terroriste », a menacé
Qari Hussain, un commandant du
Tehreek-e-taliban qui a refusé
cette semaine toute aide occidentale alors qu’Islamabad
souffre du désastre provoqué par les inondations.
Resserrant l’étau autour du cou du TTP, Washington a inculpé
cette semaine le jeune chef des talibans pakistanais,
Hakimullah
Mehsud, inculpé pour « complot terroriste » pour le
meurtre de sept agents de la CIA, la justice fédérale
américaine. Cet homme jouit parmi les talibans de
l’image d’un homme brave au
combat et qui n’hésitait pas à ordonner de nombreuses
exécutions ou des attentats.
En décembre 2007, le TTP a fait allégeance à
Al-Qaëda et, à l’été de la même
année, décrétait la guerre sainte contre Islamabad, à
l’unisson d'Ossama
bin Laden, afin de punir le
Pakistan pour son soutien à la « guerre contre le terrorisme
» menée par Washington. Depuis, les talibans sont les
principaux responsables d’une vague de près de 400 attentats
— suicide pour la plupart — qui a tué plus de 3 600
Pakistanais en trois ans. Et les zones tribales du
nord-ouest, frontalières de l’Afghanistan, fief du TTP, sont
le principal sanctuaire des cadres d’Al-Qaëda
dans le monde, selon les services de renseignement
occidentaux. Le dernier épisode de ces violences a été
commis vendredi, quand les talibans pakistanais ont perpétré
un grave attentat suicide contre une procession chiite à
Quetta (sud-ouest du pays), faisant 73 morts et 197 blessés.
C’est le deuxième attentat visant les chiites en une semaine
revendiqué par les talibans pakistanais : la veille, trois
kamikazes avaient entraîné 35 personnes dans la mort au
cours d’une cérémonie religieuse à Lahore (est). Ce qui a
poussé les dirigeants de la communauté chiite à accuser les
autorités de ne pas avoir réussi à les protéger et à appeler
à la grève générale à Quetta, où toutes les écoles étaient
fermées pour une journée de deuil.
Accusant les autorités pakistanaises de faiblesse et de
relâchement face aux rebelles, les forces américaines
déployées en Afghanistan procèdent régulièrement à des
frappes à l’aide de missiles tirés par des drones contre des
talibans et d’autres insurgés islamistes liés au réseau d’Al-Qaëda,
réfugiés dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.
Washington qualifie d’« endroit le plus dangereux du monde »
cette région montagneuse difficile d’accès et qui échappe
largement au contrôle du gouvernement pakistanais. Depuis
août 2008, plus de 1 000 personnes ont été tuées au cours de
plus de 100 attaques de drones au Pakistan, dont un certain
nombre de commandants des insurgés. Ces opérations attisent
le sentiment anti-américain qui est déjà répandu au
Pakistan.
Maha
Al-Cherbini