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 Semaine du 8 au 14 septembre 2010, numéro 835

 

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Terrorisme. L’intensification des attaques menées par les talibans en Afghanistan et l’incapacité d’y faire face ont poussé les responsables à évoquer l’option du dialogue.

Le choix difficile de Karzaï

Au moment où les attaques meurtrières quasi quotidiennes des talibans ensanglantent le pays, le président afghan Hamid Karzaï a opté cette semaine pour la politique du dialogue, annonçant la mise en place d’un conseil pour des discussions de paix avec les rebelles. Ce conseil devrait être composé d’anciens membres des talibans, des chefs du Djihad et des personnalités d’influence. Sa composition sera dévoilée la semaine prochaine. Selon Karzaï, la création de ce conseil représente « un pas significatif vers des pourparlers de paix », assure le leader afghan, espérant qu’un dialogue avec les chefs talibans précipitera la fin de la guerre. Selon les politologues, cette initiative est l’une des plus importantes du président visant à ouvrir un dialogue avec le leadership taliban. Aussi, a-t-elle été accueillie « chaleureusement » cette semaine par toute la communauté internationale, estimant que « les moyens militaires seuls » seront insuffisants pour mettre fin au conflit.

En effet, la situation sur le terrain afghan est fort lamentable et exige une mobilisation rapide de tous les efforts pour y mettre fin. Dimanche, un soldat étranger a été tué dans le sud de l’Afghanistan, dans l’explosion d’une mine artisanale, l’arme de prédilection des talibans, a indiqué l’Otan. La veille, quatre policiers afghans et trois civils ont été tués par l’explosion d’une bombe fixée sur une moto à Kunduz, dans le nord du pays, ont annoncé les autorités locales.

Ce carnage des forces étrangères a incité le chef du Pentagone, Robert Gates, à effectuer une visite surprise à Kaboul pour s’entretenir avec le président Hamid Karzaï et le général David Petraeus, commandant des forces américaines et de l’Otan en Afghanistan, mais plus essentiellement pour galvaniser « ses boys » en péril dans le « cimetière afghan ». Surtout qu’il ne reste que neuf mois seulement avant le début du retrait des troupes américaines d’Afghanistan prévu en juillet 2011 et que les pertes militaires américaines ont atteint un niveau record ces derniers mois. Même lors de la visite de M. Gates, l’hécatombe a continué de plus belle : 4 soldats américains ont été tués vendredi, alors que la semaine dernière seulement, 28 soldats américains ont péri.

2010 : année noire

Selon les experts, 2010 est « l’année noire » pour les forces de l’Otan et surtout pour les forces américaines. Au bout de huit mois seulement, 326 soldats américains ont trouvé la mort sur les 493 soldats tués dans les rangs des forces internationales. En 2009, 317 soldats américains avaient été tués en Afghanistan. N’oublions pas que Washington fournit les deux tiers des quelque 150 000 soldats étrangers déployés dans le pays.

D’où l’importance de la visite du chef du Pentagone. Pour remonter le moral de ses soldats, il s’est rendu, au début de sa visite, sur une petite base avancée de la force de l’Otan (Isaf) dans la province de Kandahar, principal bastion des talibans. « Cela a été une semaine très dure pour vous tous », a lâché M. Gates devant cette unité qui a récemment perdu huit hommes au combat.

En effet, ce carnage américain survient à un moment où le président Obama a répété que le retrait des troupes américaines commencerait en juillet 2011, comme il l’avait promis en décembre, sous la pression d’une opinion publique de plus en plus opposée à l’envoi des soldats en Afghanistan. Selon le général Petraeus, ce retrait commencera par un allégement des effectifs plutôt que par une réduction à grande échelle. Quelle que soit la stratégie du retrait, l’idée même d’être seuls face à face avec les talibans alarme fort les dirigeants afghans. Un porte-parole du président Hamid Karzaï a déploré cette semaine que la menace des talibans n’avait pas été éliminée et que tout calendrier de retrait ne ferait que « doper » les insurgés. Depuis lors, l’état-major américain s’emploie à rassurer en répétant que le calendrier annoncé ne se caractérisera pas par un départ massif. « Le rythme du retrait dépendrait des conditions sur le terrain, notamment de l’état de préparation des forces afghanes », a expliqué Petraeus. Accentuant cette ambiance de doute, le général américain, William Caldwell, a expliqué que l’entraînement des forces afghanes se heurtait à de gros obstacles et qu’il faudrait attendre fin octobre 2011 avant que l’armée et la police afghanes n’aient un niveau de préparation suffisant pour assurer la sécurité ailleurs que dans des poches isolées. « La transition s’effectuera au niveau des districts, plutôt qu’au niveau de provinces entières, même s’il se peut que ce soit possible dans certaines provinces », a expliqué Petraeus. Au sein de toutes ces tergiversations, certaines voix américaines se sont pourtant élevées cette semaine pour contester le calendrier de retrait : « fixer des dates de retrait revient à redonner le moral aux talibans, qui pensent dès lors qu’ils n’ont plus qu’à attendre le départ des troupes de l’Otan pour déclencher une guerre sans merci », s’inquiète le général américain en retraite, James Conway. Le dilemme du retrait des forces de l’Otan risque de plonger l’Afghanistan dans une guerre sans foi ni loi.

Maha Al-Cherbini

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