Albums.
Un nouveau genre de chansons religieuses s’est imposé avec
force sur le marché des cassettes pendant le Ramadan. Bilan.
Une nouvelle tendance à l’affiche
Ecouter
Al-Naqchabandi ou Al-Kahlawi,
ou rechercher les albums de Salah Al-Gamal ou Al-Hélbawi
est un geste normal pendant le mois du Ramadan. Ce sont des
monchidines (qui font de l’inchad
: chants religieux consistant à exprimer l’amour de Dieu et
à louer le prophète). Ce genre est très demandé durant ce
mois de piété. Surtout que certains musulmans pensent que
seul ce chant est halal (licite) et que les instruments sont
haram (interdits). Cela explique
la raison pour laquelle il existe une forte tradition de
chants islamiques a cappella.
Toutefois pendant ce Ramadan, le marché des cassettes a
connu un changement avec la sortie de plusieurs albums
interprétés par des chanteurs du pop. La liste est longue,
avec en tête Mohamad Mounir avec
Robaïyat fi hob Allah
(quatrains pour l’amour de Dieu), Waël
Gassar avec ses deux albums Fi
hadret al-mahboub
(en présence de l’aimé) et Robaïyat
fi hob Allah, ainsi qu’Angham
avec Al-Hikayah
mohamadiya (l’histoire est
relative à Mohamad) … Raison de cet afflux ? « Ce phénomène
est né grâce à Sami Youssef, ce chanteur anglais d’origine
iranienne qui a fait sortir son premier album, Al-Mouaallim
(le maître), en 2004 et qui n’a cessé, depuis, de faire des
records au Maghreb comme au Moyen-Orient. Ce, parce qu’il a
présenté un nouveau genre de chants religieux loin du
madih (des chants de louanges
du prophète) et de l’inchad (des
chants religieux) », explique Sameh
Morcos, l’un des grands distributeurs de cassettes. Il
ajoute également que ce genre d’albums est relativement
moins coûteux du point de vue production, surtout que les
chanteurs ne revendiquent pas dans ce genre le cachet qu’ils
touchent comme pour les chansons pop ordinaires. En outre,
la vente de ce genre d’albums peut parfois s’étendre au-delà
du Ramadan, pour être liée à toutes les autres occasions
religieuses. « C’est surtout le cas avec les albums de
Mohamad Mounir et Waël
Gassar qui se vendent encore
malgré la fin du Ramadan », déclare Morcos.
En effet, les albums de Mounir, Gassar
et Angham ont en commun la même
équipe de travail, avec le compositeur Walid Saad,
l’arrangeur Ossama
Al-Hindi, et le parolier Nabil
Khalaf, qui est lui-même le
propriétaire de la société de production Arabica music,
label de ces albums. Ces points communs ne sont que les
points de faiblesse de ces albums : c’est vrai que l’album
d’Angham est dominé par un thème
original, à savoir les histoires des femmes musulmanes
jouant des rôles importants dans la vie du prophète Mohamad,
comme sa mère Aména et ses
épouses Aïcha et Maria al-qebtiya.
Cependant, les mélodies et le style d’arrangement sont
identiques. Résultat : du déjà-entendu.
Par ailleurs, le marché des cassettes a connu une nouvelle
voix : Abdel-Salam Hosni, dont l’album intitulé Aman
(sérénité) porte le label de la société de production Good
news. Hosni, qui est à l’origine
mounchid marocain, change complètement de style en
interprétant huit chansons religieuses appartenant à des
formes musicales très variées : du folklore égyptien,
marocain, de la musique purement arabe classique et aussi du
pop. D’où la richesse de son album qui s’ajoute à ses fortes
aptitudes vocales.
« La sortie de ces albums a d’abord réanimé le marché après
une stagnation, d’autant plus que ces albums n’ont pas été
touchés par la contrefaçon, à l’instar des albums de
chansons ordinaires. Les bénéfices sont sûrs, mais se font à
long terme », affirme Morcos.
Cette dizaine d’albums a sans doute enrichi le marché d’un
nouveau genre de chansons dites pop islamiques. Mais son
épanouissement se poursuivra-t-il dans les années à venir ?
Lamiaa
Al-Sadaty