Al-Ahram Hebdo, Arts | Des scènes qui dénoncent
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 Semaine du 8 au 14 septembre 2010, numéro 835

 

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Arts

Théâtre. Agayeb (bizarreries) retrace l’histoire des différents régimes politiques en Egypte et leur impact sur la société et les intellectuels.

Des scènes qui dénoncent

Entre la raison et la passion, l’équilibre s’établit difficilement. Pourtant, impossible de séparer l’une de l’autre. Elles vivent souvent en conflit et parfois en paix. Tel est le point du départ dans la pièce de théâtre Agayeb (bizarreries), écrite par l’écrivain et le journaliste Atef Al-Nemr et mise en scène par le jeune Sameh Bassiouny.

Il s’agit de l’histoire d’un écrivain qui a subi différentes crises faute d’équilibre entre sa raison et sa passion. La raison le guide toujours à écrire, à adopter le rôle d’un vrai intellectuel visant la gloire et la célébrité au détriment de sa passion et ses sentiments qui lui rappellent de temps en temps l’urgence de vivre ses rêves. La pièce évoque alors la vie de cet intellectuel et ses conflits internes depuis la monarchie jusqu’à présent. A chaque régime son pouvoir, son injustice ou encore son côté dictatorial. Les conflits à l’intérieur du héros s’aggravent. Pendant la monarchie, il abandonne sa bien-aimée, fille d’un aristocrate, afin de ne pas perdre sa liberté et ses rêves et s’adonne à l’écriture. Après la révolution, il fut détenu pour ses idées « anti-révolutionnaires » et ses ouvrages favorisant le régime communiste. Quelque temps après, il est accusé d’être contre la politique d’ouverture et s’exile. Il devient un expatrié, faute de démocratie et de liberté d’expression. De retour, il est ce modèle type d’un écrivain engagé, assassiné par un extrémiste. Un sort traumatique. En fait, le dramaturge souligne tous les aspects négatifs des régimes politiques et leur impact sur l’intellectuel.

Le spectacle est basé alors sur une relation triangulaire : l’intellectuel, la raison (interprétée par un homme) et la passion (interprétée par une femme). La pièce débute par un coup de feu qui cible le héros principal. Une série de flash-back se déchaînent alors opposant la raison à la passion d’où le jeu du théâtre à l’intérieur du théâtre.

Les scènes se défilent rapidement et donnent au spectacle un rythme et un enchaînement intéressants. N’empêche que les détails de chaque régime politique ont mené à certaines digressions non nécessaires. Le personnage du pacha (père de la bien-aimée) est introduit juste pour semer un peu d’humour. A l’exemple d’un Zaki Rostom (comédien des années 1960 jouant parfaitement le rôle du pacha avec outrance), il a pu déclencher quelques éclats de rire malgré un jeu de déjà-vu.

Bassiouny a bien manipulé la disposition de la petite salle de Salah Abdel-Sabour afin de bien souligner la relation triangulaire. Ainsi la scène prend la forme d’un triangle qui divise les rangs du public. Toute une scénographie riche de détails reflète la perplexité et le conflit du héros principal. L’arrière-fond se compose de pancartes noires sur lesquelles s’inscrivent des lettres dispersées en anglais et en arabe. Les motifs métalliques utilisés relèvent une statue d’un homme errant, des formes géométriques compliquées et imparfaites … Des symboles riches de significations.

Les couleurs de l’éclairage ajoutent aussi d’autres connotations : le bleu dans les scènes de perplexité et de la mort. Des scènes figées pour quelques instants qui provoquent. Le rouge dénonce aussi des situations flagrantes d’injustice et de conflit.

Les scènes sont souvent commentées par des chansons interprétées alternativement par Mounira Mohamad et Samir Azmi. Des chansons qui s’interrogent sur le sort de l’homme en général et qui expriment un grand étonnement de ces incidents en répétant comme dernier refrain « bizarreries ». Une autre condamnation.

May Sélim 

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A partir du 11 septembre, tous les soirs à 21h30 (relâche le mardi), dans la petite salle du théâtre Al-Talia, place Ataba.
Tél
. : 2593 7948

 




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