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Réserve Naturelle d’Elba .
Des
braconniers ont massacré des gazelles dans cette étendue du
sud-est de l’Egypte, posant à nouveau le problème du
financement pour une meilleure gestion intégrée.
Le
théâtre de crimes alarmants
L’Egypte
a encore été la victime de crimes contre la diversité
biologique avec de graves actes commis par des braconniers
étrangers, aux frontières sud du territoire, dans la réserve
d’Elba. Les raisons de ces agissements restent encore à
déterminer : pauvreté, indifférence, négligence, ou
simplement manque de sensibilisation ?
L’histoire remonte à quelques jours avant la Journée
mondiale de l’environnement du 5 juin, ayant eu pour thème
Des millions d’espèces. Une planète. Un avenir commun, et
durant l’année internationale de la biodiversité (2010). Des
braconniers arabes se sont introduits dans la réserve
naturelle d’Elba qui s’étend sur 35 600 km2 dans la partie
sud-est du désert oriental d’Egypte. Munis de leurs armes,
ces braconniers ont chassé des gazelles et un bouc qu’ils
ont mangé avant de laisser derrière eux les traces de leurs
crimes contre ces espèces : peaux, os et douilles de
cartouches. Tout cela à la barbe des responsables de la
réserve. « Ce qui se passe est vraiment insupportable ! »,
commente Mahmoud Al-Qayssouni, expert en écotourisme et
conseiller en environnement au sein du ministère du Tourisme.
« C’est la seule réserve naturelle d’Egypte qui renferme une
diversité animale et végétale intacte ! Dans cette réserve,
on trouve des gazelles, tigres, zèbres, hyènes ainsi qu’une
multitude d’oiseaux et de végétations en voie d’extinction
», assure Al-Qayssouni qui a été informé par les habitants
de la région de ce crime de braconnage. « Je n’ai décidé de
bouger que lorsque plusieurs personnes m’ont confirmé cette
information », poursuit-il tout en assurant que le
braconnage n’est ni la seule menace ni la plus importante
dans cette réserve d’Elba : le problème le plus grave est
l’activité minière sur les frontières nord de la réserve. «
Cela est très dangereux et représente une vraie menace pour
la vie sauvage d’Elba. Ces activités se limitent pour
l’instant aux frontières nord, mais demain elles s’étendront
partout, surtout qu’Elba renferme des montagnes de granit »,
souligne-t-il.
Nature
fragile
A
l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE)
et plus particulièrement dans le département de la
protection de la nature, l’information relayée par Al-Qayssouni
a fait réagir. « Nous avons appelé nos employés à Elba pour
nous assurer quant à cette information, mais ils ont nié un
tel incident », indique la Dr Wafaa Amer, nouvelle
directrice du département de la protection de la nature au
sein de l’AEAE. Elle ajoute que son service sur le terrain
n’a pas enregistré cet incident. « Nous avons 57 personnes
sur le terrain, 37 d’entre elles sont des habitants locaux
avec des fonctions de rangers, gardiens et employés. Il faut
trois jours entiers à notre personnel pour faire le tour de
la réserve d’Elba », ajoute la Dr Wafaa Amer. Pour elle, le
personnel n’est pas suffisant pour la surveillance d’un tel
espace, mais elle fait de son mieux avec les moyens
disponibles ! En ce qui concerne les mines, la Dr Wafaa Amer
assure que ces projets présentent des études sur l’impact
environnemental qui prend en considération la nature fragile
des sites protégés. « Pour travailler sur les frontières de
la réserve ou même au sein des réserves dans des régions qui
ne sont pas riches en biodiversité, il faut garantir
plusieurs critères. Il faut laisser la région dans sa forme
première après la fin des travaux, utiliser des équipements
faisant peu de bruit pour ne pas nuire aux animaux, indiquer
aux camions des trajets précis qui ne menacent pas la
couverture végétale et ainsi de suite », explique la Dr
Wafaa Amer, dont l’objectif est de garantir la durabilité de
l’écotourisme. Car des réserves comme celles d’Elba peuvent
être utilisées de plusieurs façons, à condition que le
développement soit durable et que leurs richesses naturelles
soient conservées. Mais il est évident que le budget
consacré au secteur de la protection de la nature n’est pas
suffisant à apporter la meilleure gestion possible des sites
protégés. Il suffit de savoir que le budget actuel du
département de la protection de la nature, qui renferme 27
réserves naturelles, est de 18 millions de L.E. (quelque 2,5
millions d’euros). « Pour garantir une gestion intégrée des
réserves naturelles en Egypte, nous avons en fait besoin de
100 millions de dollars », lance la Dr Wafaa Amer. Mais elle
sait bien que le gouvernement ne peut pas fournir de larges
fonds pour développer les réserves en coopération avec le
secteur privé. « La porte est grand ouverte aux hommes
d’affaires qui veulent investir au sein des réserves dans le
domaine des services. Nous coopérons avec le secteur privé
même dans le domaine de la reproduction de quelques espèces
d’animaux et de plantes médicinales », indique la Dr Amer.
Des efforts qui sont malheureusement réduits à néant par les
méfaits des braconniers.
Dalia
Abdel-Salam
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Une
richesse
exceptionnelle
La
réserve
d’Elba a
été
déclarée en tant
que telle
en 1986. L’objectif
était la protection de
l’habitat unique
et de la riche
biodiversité de la
région.
C’est un site complexe
comprenant de
nombreux
écosystèmes : mangroves, 22 îles
de la mer Rouge,
récifs
coralliens, dunes de sable
côtières, plaines
désertiques
côtières, ainsi
que des
séries de montagnes
côtières qui
abritent
une multitude d’animaux
sauvages
tels que la gazelle, le
lapin sauvage,
l’âne
sauvage, le renard, le
chat et l’autruche.
Ses
chaînes de
montagnes sont
formées de
roches de granit.
De même,
elles
renferment de multiples oiseaux
maritimes.
L’abondance
de l’humidité
permet
l’existence d’une
diversité
exceptionnelle de la flore.
Quelque
458 espèces
végétales existent dans
la réserve.
Fougères, mousses
et plantes
grasses sont des
espèces communes
dans la zone
brumeuse des
hautes altitudes. La
région
d’Ebruq se situe
sur le littoral de la
mer Rouge et
se distingue par ses
vallées,
plaines, montagnes et
plateaux et
possède également des
vestiges de grande
valeur. La
région d’Al-Doïb
est réputée
par ses
plaines, ses
vallées et
ses plantes
sauvages.
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