Gaz Naturel.
La création d’un club d’exportateurs peine à voir le jour
depuis neuf ans. Une telle structure permettrait pourtant de
fixer les prix selon le mécanisme de l’offre et de la
demande.
Pourquoi c’est difficile à vendre
Chaque
année, lors de la réunion du Forum des pays exportateurs de
gaz, un pays membre propose la création d’une organisation
similaire à l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
(OPEP), pour renforcer la position des producteurs affectés
par la baisse mondiale des prix. « Le Forum des pays
exportateurs de pétrole (Fpeg) devrait fonctionner comme
l’Opep en tant qu’organisation qui défendrait les intérêts
économiques, malgré les divergences politiques entre les
membres de ce forum », déclarait M. Chakib Khalil, ex-ministre
algérien de l’Energie, à la radio nationale algérienne le 19
avril dernier.
Mais à
ce jour, l’idée ne fait pas le consensus entre les membres
du forum. Certains pays ont approuvé implicitement l’idée de
la création de ce cartel alors que d’autres n’ont pas
déclaré leurs positions. Ainsi les 4 grands producteurs
mondiaux (Russie, Iran, Qatar et Venezuela, qui contrôlent
ensemble plus de la moitié des réserves mondiales de gaz
naturel) expriment leur penchant pour cette idée. Le
ministre vénézuélien de l’Energie a, par exemple, souligné
qu’un compromis politique entre les pays membres est
indispensable pour la création de ce cartel. « Si on veut
réaliser ce rêve dans 10 ans, il faut commencer maintenant
par l’étude technique du marché de gaz », dit-il. L’Egypte,
8e exportateur mondial, se situe à l’autre extrémité. Au
départ, le ministre égyptien du Pétrole, Sameh Fahmi,
voulait étudier le lancement d’un tel cartel. Mais il y a
deux ans, il a soudainement déclaré son refus. « Nous
refusons l’idée d’établir une organisation qui contrôle
l’une des sources essentielles de l’énergie globale »,
avait-il déclaré à l’agence égyptienne MENA.
Créé en
2001, le Forum des pays exportateurs de gaz naturel réunit
11 pays (Algérie, Qatar, Russie, Iran, Egypte, Libye,
Nigeria, Bolivie, Guinée équatoriale, Venezuela, Trinité-et-Tobago)
et des pays observateurs (Norvège, Pays-Bas, Kazakhstan,
Angola et Yémen). « Ce n’est qu’une plate-forme pour
échanger les informations et les idées. Le forum n’a pas le
mandat de prendre des décisions imposantes aux pays membres
comme c’est le cas au sein de l’OPEP », explique Magdi Sobhi,
expert pétrolier du Centre des études stratégiques et
politiques d’Al-Ahram.
La
Russie, qui dispose des plus grandes réserves mondiales de
gaz naturel, s’oppose aussi à l’idée. Elle préfère agir
indépendamment, et c’est ce qu’elle fait dans le cas du
pétrole puisqu’elle n’a jamais été membre à l’Opep, alors
qu’elle assiste aux réunions de l’organisation en tant
qu’observateur.
Pour
Magdi Sobhi, la création d’un cartel pour le gaz naturel
semblable à l’OPEP est difficile à l’heure actuelle à cause
de la différence de structure et de la nature des deux
marchés. « L’échange de gaz est essentiellement effectué
d’après des contrats à long terme, entre pays producteurs et
importateurs. Et cela car 72 % des exportations de gaz se
font par gazoducs alors que les 28 % restantes sont par gaz
liquéfié. Donc, pour que l’on puisse créer ce cartel, il
faudra augmenter la part du gaz liquéfié par rapport à la
part du gaz brut, ce qui pourrait entraîner la révision des
transactions d’exportations actuelles », argue Sobhi. Une
structure qui s’inscrit parfois en faveur des
multinationales concluant des transactions à long terme (voir
opinion). Une situation qui pourrait changer avec la
création d’un organisme similaire à l’Opep, mais il apparaît
que la condition de changer la structure du marché a été
réfutée par certains pays. A titre d’exemple, le Qatar a
déclaré qu’il « n’envisage pas la révision de ses accords
d’exportations ».
De sa
part, Chakib Khalil se plaint notamment du manque de
transparence auprès des pays membres à cet égard. « Jusqu’à
présent (...), chacun des pays membres garde ses contrats de
vente de gaz à long terme très confidentiels, personne ne
veut dévoiler à quel prix il vend son gaz sur le marché ».
Donc, la réalisation du rêve de la création d’une OPEP pour
le gaz sera la seule solution pour remédier à ce type de
problèmes. En attendant le consensus des pays membres.
Gilane Magdi