Al-Ahram Hebdo, Afrique | Les liens se resserrent

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 Semaine du 16 au 22 juin 2010, numéro 823

 

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Afrique

Comores. Membre de le Ligue arabe depuis 17 ans, le pays cherche tant bien que mal à se rapprocher du monde arabe. Etat des lieux des relations à l’occasion d’une mission de la Ligue.

Les liens se resserrent

La récente mission de la Ligue arabe aux îles Comores a eu pour but initial de livrer une aide médicale ainsi que de s’informer sur les besoins du pays en matière de santé. Mais en plus de la signification humanitaire de l’aide décidée par le Conseil arabe ministériel de la santé, cette mission a revêtu une portée politique importante. Cette aide, dont la valeur ne dépasse pas les 50 millions de dollars, est un signe de rapprochement entre les pays arabes du Moyen-Orient et le dernier pays ayant adhéré à la Ligue arabe dont la majorité de la population ne connaît de l’arabe que quelques mots.

Au cours des dernières années, les relations arabo-comoriennes se sont de plus en plus approfondies. Après leur indépendance en 1975, les îles Comores essayent de trouver leur place sur la scène internationale. Les habitants étant des métis arabo-shirazi et Malgaches sakalava aux origines africaines, tous musulmans, des politiciens qui ont été formés dans les pays arabes commencent à se rapprocher des pays arabes. En 1993, les Comores adhèrent à la Ligue arabe. Depuis, plusieurs aides ont été octroyées à ce pays.

Or, pour certains, la politique n’est jamais si innocente et ils se demandent quel intérêt les Arabes pourront avoir aux Comores. La réponse peut être expliquée par l’intérêt dont Israël a fait preuve envers les Comores. En effet, à plusieurs reprises, l’Etat hébreu a offert aux Comores (l’un des pays les plus pauvres de la planète) des aides et à plusieurs reprises le gouvernement comorien a refusé.

Mais cette position n’est pas évidente vu que la stabilité politique fait défaut. Il suffit de mentionner qu’une vingtaine de coups d’Etat ont eu lieu aux Comores depuis l’indépendance. « J’assure que tant que je suis là, on n’acceptera pas de telles aides d’Israël mais on ne sait jamais ce qui peut arriver », fait savoir Ahmad Abdallah Sambi, président de l’Union des Comores. « Ce n’est pas cela qui pousse à aider les Comores. Certes, nous sommes fiers de cette position envers Israël mais on les aide car il le faut, on ne peut pas laisser un pays arabe se noyer dans la misère et l’humiliation », explique Zeid Al-Sabbane, président du département des relations africaines au bureau du secrétaire général de la Ligue arabe. Il assure aussi que les relations arabo-comoriennes datent des années 1970.

540 millions de dollars sur 5 ans

Depuis 10 ans, un fonds arabe pour le soutien des Comores a été créé avec un capital de 10 millions de dollars et récemment le capital a été élevé. « Le soutien arabe aux Comores concerne de nombreux domaines, par exemple, le réseau d’électricité installé aux Comores est le fruit d’une aide arabe », ajoute Zeid Al-Sabbane. L’on peut surtout mentionner que l’aide la plus importante dont ont bénéficié les Comoriens a été décidée il y a quelques mois lors de la conférence de Doha pour le développement et l’investissement aux Comores organisée par le Qatar en coopération avec la Ligue arabe, l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) et le Programme de l’Onu pour le développement (Pnud). Des engagements de 540 millions de dollars sur 5 ans ont été promis pour le développement des Comores, dont plus de 480 millions provenant de pays arabes. Un chiffre important lorsque l’on sait que le budget du pays n’a pas atteint l’année dernière les 60 millions de dollars. En outre, le rôle politique que joue la Ligue arabe aux Comores est aussi important que son rôle économique. Une délégation permanente de la Ligue arabe s’est installée dans l’archipel il y a trois ans afin d’aider à instaurer la stabilité politique dans le pays. La Ligue arabe semble jouer un rôle grandissant dans la politique du pays, en faisant partie de toutes les négociations et tous les accords politiques qui ont lieu entre les différentes parties parfois en conflit aux Comores.

Ce rapprochement politique a eu ses répercussions sur la présence économique arabe dans les trois îles qui forment l’Union des Comores. Actuellement, le Koweït est le plus important investisseur étranger aux Comores, alors que les Emirats arabes unis sont le principal exportateur. Mais ce rapprochement ne s’est pas encore traduit à travers un rapprochement des relations bilatérales arabo-comoriennes. La Libye est le seul pays arabe possédant une ambassade aux Comores mais cela va probablement changer. Le président Sambi a révélé aux membres de la délégation que trois pays arabes auront des représentations permanentes aux Comores au cours de l’année.

Marwa Hussein

Ramtane Lamamra, commissaire à la paix et la sécurité de l’Union Africaine (UA), s’exprime sur la crise politique aux Comores et sur le rôle de l’UA.

« Il est important de préserver l’union nationale, surtout que les facteurs de désunion ne manquent pas »

Al-Ahram Hebdo : Quel rôle peut jouer l’Union Africaine (UA) pour aider à résoudre le conflit actuel entre les différentes parties comoriennes concernant la date des prochaines élections ?
Ramtane
Lamamra : La communauté internationale dans son ensemble essaye d’aider ce pays frère à surpasser ses différents et à approfondir son expérience démocratique. Notre volonté est de regrouper tout le monde dans la même salle comme cela s’est déjà passé au cours des dernières semaines et de bénéficier de l’acceptation des différentes parties pour présenter un nombre d’idées pratiques afin de faciliter les négociations. La communauté internationale doit être plus engagée à conduire le procès de négociations, ainsi qu’à trouver des solutions moyennes après avoir écouté toutes les parties concernées. On va œuvrer à présenter ces idées dans un document qui sera présenté aux différentes parties comoriennes. On espère que cela aura lieu très prochainement.
Mais ce n’est pas votre première mission aux Comores, quel était le résultat des précédentes visites ?

J’ai effectué une mission en avril dernier dans le cadre de la diplomatie préventive, car on avait senti que la situation pourrait se compliquer avec l’approche de la fin du mandat de son excellence le président Sambi. On a visité l’île de Mohelie et on a ouvert un discours avec les opposants. Aussi, un dialogue entre les gouverneurs des différentes îles a été lancé. Bien qu’il n’ait pas abouti, il avait pour résultat que toutes les parties ont été d’accord sur le principe d’harmonisation, ce qui n’était pas acceptable auparavant. Il nous reste d’arriver à un accord sur la date électorale et de faire participer les îles dans ce processus à travers la participation d’au moins un représentant de chaque île dans le gouvernement intérimaire.

Quels sont les principaux différends entre le gouvernement et l’opposition ?

— En fait, la récente réforme constitutionnelle est appuyée par une majorité, mais il y a une minorité qui n’a pas favorisé la façon dont cette réforme a été faite, surtout en ce qui concerne l’harmonisation électorale sur le niveau des les îles et l’Union. Ces différends peuvent être des indicateurs sur l’existence de différends plus larges et plus profonds. C’est pour cela qu’on tient à rapprocher les vues. Il y a un refus absolu de la part de l’île de Mohelie sur la prolongation du mandat de Sambi. Ensuite, l’opposition dans les autres îles s’est adhérée au point de vue de Mohelie et même sur le point central, un refus naquit contre le principe de prolongation. Mais le président bénéficie d’une majorité parlementaire et la Constitution a été réformée. Les choses sont sensibles dans ce pays car il est important de préserver l’union nationale surtout que les facteurs ne manquent pas.

Quelles sont les justifications que le président Sambi a présentées à l’UA pour prolonger le mandat présidentiel ?

Je ne veux pas exposer toutes les justifications. Ce que je peux dire, c’est que tous les points de vue sont justifiables et qu’il faut arriver à une solution médiane, qu’il faut convaincre les différentes parties que celui qui perd quelques mois de présidence est quand même gagnant en fin de compte, car il contribuera à consolider la stabilité politique du pays.

Propos recueillis par Marwa Hussein

 




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