Al-Ahram Hebdo, Opinion | Le Qatar au pays des Helvètes

  Président
Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef exécutif
Hicham Mourad
  Conseiller de la rédaction
  Mohamed Salmawy

Nos Archives

 Semaine du 29 décembre 2010 au 4 janvier 2011, numéro 851

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Opinion
 

Le Qatar au pays des Helvètes
Ahmed Bensaada

Ça y est, c’est fait ! Le Qatar organisera le Mondial de football en 2022. La joie et l’allégresse ont submergé l’émirat, les rutilantes mais non moins bruyantes voitures ont envahi la corniche de Doha et la télévision qatari passe en boucle les mémorables moments de l’émir du Qatar et de son épouse soulevant le trophée de la Coupe du monde, lors de la cérémonie à Zurich, au pays des Helvètes. Tout un peuple est aux anges, le bonheur à son paroxysme …

Mais c’était sans compter la vague de réactions virulentes émanant de certains pays occidentaux qui ont réagi d’une manière si épidermique que leur bonne foi en devenait suspecte.

Commençons par M. Obama qui, dans sa stature de président et sa carrure de prix Nobel de paix, a fait une déclaration témoignant d’une si faible envergure. « Je pense que c’était une mauvaise décision », a-t-il commenté. Il est vrai qu’il n’avait pas encore digéré le fait que son pays n’a pas obtenu l’organisation des Jeux olympiques de 2016, mais ne pas être fair-play de la sorte quand on est aussi auréolé relève d’un évident complexe de supériorité dont il est difficile de se défaire, surtout lorsqu’on est à la tête du pays le plus puissant de la Terre. Il faut quand même se rendre à l’évidence : M. Obama est probablement un bon orateur, mais comme défenseur des dossiers sportifs, il fait piètre figure. Et ce n’est certainement pas le Qatar qui en est la cause.

Ensuite, il y a eu les journaux européens qui ont manié le verbe comme on manie la faux. On peut en effet lire, dans l’éditorial du journal suisse Le Temps du 3 décembre que « le sport planétaire se moque de la planète » et que le Qatar est un Etat « minuscule » qui « ne possède aucune culture ou tradition footballistique ». Et d’ajouter que le Qatar « va dépenser des milliards, afin de construire douze monuments d’aberration fermés et climatisés, en raison de la température (50°C) qui règne en juin-juillet ».

A-t-on déjà oublié les chaleurs étouffantes des étés 1982, 1986 et 1994 pendant lesquels se sont déroulées les Coupes du monde d’Espagne, du Mexique et des USA ? Personne n’en a soufflé mot à l’époque, alors qu’actuellement, le Qatar non seulement pose le problème, mais propose aussi d’y remédier.

L’éditorialiste suisse a aussi prédit un impact environnemental conséquent à cause de la climatisation. Ce journaliste doit probablement ignorer, qu’à elles seules, les vaches vivant sur le sol helvète rejettent annuellement, par le biais de leurs émissions gazeuses, une quantité environ trois fois plus grande d’équivalent le CO2 que celle d’un pays comme le Mali !

La presse néerlandaise a renchéri sur le même thème alors qu’on sait que les Pays-Bas, à eux seuls, émettent beaucoup plus de CO2 que la totalité des pays du Sahel, de l’Atlantique à la mer Rouge. Les Bataves et les Helvètes devraient sérieusement penser à modifier leurs comportements de surconsommateurs, cela serait plus salutaire pour l’environnement que la climatisation de 12 stades lors de la soixantaine de matchs du Mondial.

Quant à la critique concernant la « culture footballistique », elle dénote de la méconnaissance occidentale du monde arabe et de sa passion pour le football. Il est quand même étonnant d’entendre les Etasuniens prétendre avoir une culture footballistique, eux, pour qui le « soccer » n’est qu’un sport de seconde zone.

Les attaques contre le Qatar ont franchi le cap des critiques plus ou moins « acceptables » avec des déclarations telles que celles de l’Œuvre Suisse d’Entraide Ouvrière (OSEO), qui s’est dite « indignée et scandalisée » par le choix du Qatar, en soulignant la discrimination envers les femmes qui ne bénéficient d’« aucune protection contre la violence domestique » dans ce pays.

Nous revoilà donc à l’essence même de cette animosité. Après l’interdiction des minarets dans la Confédération helvétique et la féroce campagne islamophobe approuvée par une majorité de Suisses, il fallait s’attendre à cette vision biaisée des choses.

De l’avis de ces « bien-pensants », certains pays n’ont pas le droit d’organiser de manifestations sportives mondiales pour des motifs aussi bizarres que la superficie de leur territoire, la température qu’il y fait, ou la vision qu’ont d’eux les Occidentaux.

Cette condescendance occidentale a été clairement signifiée par le président de la FIFA, Sepp Blatter, qui a attribué ces réactions à « l’arrogance de l’Occident et ses racines chrétiennes ».

Ces attaques virulentes ne sont pas sans rappeler ce qu’avait subi la Chine avant l’organisation des Jeux olympiques de la part de ces mêmes pays occidentaux. L’histoire nous a montré que cet événement sportif planétaire avait ébahi le monde. Il n’y a aucun doute que le Mondial 2022 suivra cet exemple et restera dans les annales de la FIFA comme la plus belle compétition jamais organisée. Quant à nous, amoureux du ballon rond, nous sommes fiers du Qatar et nous le félicitons pour cet exploit.

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph- Héba Nasreddine
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.