Processus de paix .
Israël maintient son défi à la paix et rejette le moindre
gel de la colonisation. L’objectif est clair : se
débarrasserpurement et simplement des Palestiniens.
Coloniser pour « dépalestiniser »
«
L’ère du gel des colonies est révolue … », dit d’un ton très
sec Avigdor Lieberman, ministre israélien des Affaires
étrangères. « Nous n’accepterons aucun moratoire, pas même
pour trois mois, pas même pour deux mois, pas même pour un
seul jour. Pour nous, cette expérience est terminée »,
ajoute Lieberman. On le sait, c’est l’extrême droite,
l’ultra-sioniste. Ses déclarations représentent toujours des
provocations à l’encontre du monde entier. Un défi face aux
critiques qui viennent de tous les coins du monde, suite à
l’annonce du lancement d’un nouveau projet de construction
de 1 300 logements à Jérusalem-Est. Des projets de colonies
qui se suivent inlassablement à l’heure où tous les
responsables, y compris aux Etats-Unis, soulignent que la
question de la colonisation bloque la poursuite des
négociations entre Israéliens et Palestiniens.
Les déclarations des Israéliens se suivent, gardant le même
ton de défi et d’insistance. Un communiqué a été ainsi
publié par le bureau du gouvernement israélien qui rejette
toute critique des projets de construction dans les
quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, réaffirmant que
l’ensemble de la Ville Sainte était la « capitale d’Israël
». « Jérusalem n’est pas une colonie, Jérusalem est la
capitale de l’Etat d’Israël », indique le bureau. « Israël
n’a jamais accepté aucune limitation à la construction
à Jérusalem où vivent 800 000 résidents, y compris lors des
dix mois du moratoire sur la construction en Judée-Samarie
(Cisjordanie) », poursuit le texte, en référence au gel
partiel de la construction dans les colonies de Cisjordanie,
arrivé à échéance le 26 septembre. Le texte précise qu’«
Israël ne voit aucune connexion entre le processus de paix
et la politique de planification et de construction à
Jérusalem, qui n’a pas changé depuis 40 ans ».
Par cette poursuite acharnée de constructions illégales, on
voit mal comment Israël pourrait convaincre de sa volonté de
faire la paix, notamment face à son allié américain. Et bien
que Barack Obama ait déclaré, en Indonésie, être «
profondément déçu » de cette initiative, le communiqué final
de la rencontre Netanyahu-Clinton, qui a eu lieu jeudi
dernier, a évité d’aborder directement la question de la
colonisation juive. L’entretien fut qualifié par les deux
parties de « productif et amical ».
Mettre l’administration américaine dans l’embarras n’est pas
une chose nouvelle pour l’Etat hébreu. En mars, en pleine
visite du vice-président américain Joe Biden à Jérusalem, le
ministère de l’Intérieur avait annoncé un projet de
construction de 1 600 logements pour les juifs dans la
partie orientale de Jérusalem. Cette initiative avait été
considérée par les Etats-Unis comme une « gifle ». Mais il
semble que ceci n’affectera pas les relations
israélo-américaines. Benyamin Netanyahu assure que « les
différends avec les Etats-Unis sur la question de Jérusalem
sont notoires. Nous espérons les surmonter et faire avancer
les pourparlers diplomatiques ».
Selon Ossama Mégahed, politologue, les calculs de l’Etat
hébreu sont que, plus les colonies augmentent, plus Israël
détient plus de moyens de pression. « Il ne faut pas aussi
oublier que la colonisation est une affaire doctrinale pour
Israël. C’est un pays de nature colonisateur dont le seul
objectif est d’expulser les habitants originaux »,
ajoute-t-il.
La dépalestinisation de Jérusalem-Est
Par cette colonisation accélérée dans la partie arabe de la
ville de Jérusalem-Est, la population palestinienne locale
vit une crise continuelle de logement. Jérusalem-Est
recouvre un territoire de 70,5 km2 conquis par Israël lors
de la guerre des Six jours en 1967, puis unilatéralement
annexé par l’Etat hébreu, qui l’a placé dans les limites
municipales de Jérusalem. Depuis, les autorités israéliennes
revendiquent l’intégralité de la ville comme leur capitale
unifiée. De leur côté, les Palestiniens n’ont cessé d’exiger
l’application des résolutions 242 et 338 des Nations-Unies
prévoyant la restitution par Israël des territoires occupés
lors de la guerre, y compris Jérusalem-Est. Quelque 270 000
Palestiniens vivent à Jérusalem-Est, où environ 200 000
Israéliens sont installés dans une douzaine de nouveaux
quartiers. Parmi les facteurs qui alimentent cette pénurie
de logements : un défaut de planification urbaine, une
répartition inégale du budget municipal entre quartiers
juifs et arabes et des règles de construction plus
restrictives pour ces derniers.
La procédure pour obtenir un permis est non seulement
coûteuse, mais longue aussi et presque la moitié des fois
infructueuse.
Alors que des tours s’élèvent à Jérusalem-Ouest, les
immeubles construits dans les quartiers palestiniens de
Jérusalem-Est n’ont pas le droit de dépasser les six étages.
Le principe qui guide, pour cette ville, la colonisation est
clair : « créer une continuité territoriale juive qui brise
la continuité territoriale arabe ». C’est une citation de
l’ancien maire de la colonie de Karnei Shomron, qui entend «
garantir que la population juive de Yesha ne vive pas
derrière des barbelés, mais dans une continuité de présence
juive. Si l’on prend, par exemple, la région qui se trouve
entre Jérusalem et Ofra, et qu’on y ajoute une zone
industrielle à l’entrée de la colonie d’Adam et une station
d’essence à l’entrée de Psagot, alors, nous avons un axe de
continuité israélien » .
Aliaa
Al-Korachi