Al-Ahram Hebdo, Voyages | Bastet s’étire sur la Méditerranée
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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Découverte. Une mission égyptienne a mis au jour la semaine dernière les vestiges d’un temple dédié à la déesse-chatte Bastet à Kom Al-Dekka à Alexandrie. Trouvaille qui indique la continuité du culte égyptien sous le règne des Ptolémaïques.

Bastet s’étire sur la Méditerranée

« L’ancienne Alexandrie est couverte par la ville moderne». Une fameuse citation répétée depuis toujours par les archéologues et notamment les Alexandrins d’entre eux. Mais elle est récemment affirmée grâce à la découverte des vestiges d’un temple ptolémaïque dédiés à la déesse pharaonique Bastet par une mission du Conseil Suprême des Antiquités (CSA) dirigée par Mohamad Abdel-Maqsoud, directeur général des monuments de la Basse-Egypte. Bâti par Ptolémée III (246–222 av. J.-C.) et  son épouse Bérénice II, ce temple est découvert à Kom Al-Dekka, « dont les dimensions dévoilées jusqu’à l’instant sont 60 x 15 mètres tandis que le reste s’étale sous la rue Ismaïl Fahmi », explique Zahi Hawas, secrétaire général du CSA. Cette rue est considérée comme l’une des plus importantes du centre-ville d’Alexandrie voire l’unique qui dirige vers la gare pour ceux qui viennent de la place Victoria et la route Al-Horreya (la liberté). C’est-à-dire que c’est une rue très fréquentée. C’est pourquoi a priori « les archéologues craignent certaines difficultés pour accomplir leur travail », affirme Adly Rouchdi, directeur général de l’enregistrement archéologique à l’ouest du Delta. Par ailleurs, cette découverte représente une valeur inédite pour les archéologues. C’est la première fois qu’à Alexandrie, fondée par Alexandre le Grand, soit découvert un temple dédié à la déesse pharaonique Bastet, déesse de la joie symbolisée par la chatte et dont le principal temple se dresse majestueusement à Tell Basta dans le Delta. Cette trouvaille indique en fait la continuité et la persistance de son culte jusqu’à l’époque ptolémaïque.

Autre aspect vraiment pharaonique, plus de 600 statues de différentes tailles, formes et matières et dont la plupart représentent la déesse Bastet. Un nombre considérable aux yeux des archéologues. En plus, la mission a dégagé des sculptures d’enfants et femmes en calcaire ainsi que des divinités pharaoniques en argile, bronze, faïence et terracotta. De ce trésor surgit une statue de l’enfant Horus nommé à l’époque gréco-romaine Harpocrate. « Ces représentations sont trouvées en principe en trois groupes dont chacun était préservé dans l’un des coins du temple », commente Mohamad Abdel-Maqsoud. Ces groupes de statues sont les arrhes de fondation qui avaient remplacé la stèle de fondation et sur lesquelles sont inscrits le nom de l’édificateur ainsi que la date de la construction pour les éterniser.

Bienfaiteur et conquérant

D’après Rouchdi, les arrhes de fondation sont connues dans les temples ptolémaïques. Chacun doit comprendre 10 actes de fondation posés aux différents coins de matières variées. Citons à titre d’exemple l’or, l’argent, le bronze, le verre, la pierre, la faïence, l’argile et bien d’autres. Ainsi ces statues sont, elles, inscrites au nom de la reine Bérénice II, femme de Ptolémée III. D’ailleurs, il paraît que cette découverte est longtemps attendue. Selon Rouchdi, le bâtisseur du temple Ptolémée III était surnommé le bienfaiteur grâce à « son adoption du culte pharaonique et son amour d’édifier les temples dédiés aux divinités égyptiennes qu’il adorait ». Il avait bâti alors le temple de Sérapis dédié à la divinité Apis. Aussi, il avait construit un temple dédié à Isis et Osiris. Donc le temple de la déesse Bastet fait partie de toute une série de temples dédiés aux divinités pharaoniques, dont l’adoration continue jusqu’à Ptolémée III ou bien elle est renée grâce au roi bienfaiteur.

L’importance de la découverte ne s’arrête pas jusque-là. Les membres de la mission ont dévoilé un piédestal de granit du règne de Ptolémée IV et marqué de neuf lignes en grec. Ce texte reflète que ce piédestal portait une statue d’une personne qui occupait une haute position au tribunal d’Alexandrie. D’ailleurs, l’inscription décrit la victoire de l’Egypte dans sa guerre sur l’empire séleucide, qui s’est déroulée à Rafah le 22 juin en 217 avant notre ère. Les Séleucides gouvernaient l’ancienne Grande Syrie, après Séleucide, un des chefs de la troupe d’Alexandre le Grand. Mais ils rêvaient de conquérir l’Egypte qu’avait saisie son collègue Ptolémée Ier. Alors, de leur part, ses héritiers les Ptolémées, voulant protéger leurs frontières, ils ont pu étaler leur empire jusqu’à l’Euphrate sous le règne de Ptolémée III. Pourtant les guerres n’étaient pas arrêtées entre les deux côtés. Ainsi le texte trouvé éternise-t-il la victoire de l’une de cette série de guerres.

En outre, le temple comprend de même certains éléments architecturaux à l’instar d’une citerne d’eau datée de l’époque romaine, précisément au IIIe siècle de notre ère. Le temple était alors animé au moins six siècles avant d’être abandonné. D’ailleurs, y ont été dégagés un groupe de puits de 14 mètres de profondeur, des dépôts, des installations de réseaux d’eau, des vestiges de bains et ce sans oublier des pièces d’argile importées d’Egée et de Rhodes qui reflètent les échanges commerciaux installés entre l’Egypte et les autres pays méditerranéens.

Qu’importe, les opérations de fouilles sont encore préliminaires. Il reste beaucoup à dévoiler afin d’assurer que ce temple indique l’emplacement de l’ancien quartier royal.

Doaa Elhami

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