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Football.
Menée à deux reprises, l’Algérie a puisé toutes ses ressources pour
remonter le score et battre le grand favori de cette édition,
la Côte d’Ivoire, 3-2, dimanche à Cabinda. Elle se qualifie
à la demi-finale pour la première fois depuis 1990.
L’Algérie chasse l’Eléphant
Est-ce
une chance ? C’est peut-être vrai, car l’Algérie s’est
qualifiée au premier tour en ayant marqué un seul but, alors
que le Mali en avait marqué sept et s’est trouvé éliminé (ndlr
: le règlement de la Confédération africaine de football
indique qu’il faut avoir recours au résultat du match entre
les deux équipes en cas d’égalité de points). Mais l’Algérie
a prouvé tout son mérite, sa puissance et sa détermination
en battant la Côte d’Ivoire, grand favori pour le titre de
cette édition, 3-2, le dimanche soir, lors du drame de
Cabinda. « Nous avions tout le respect pour la Côte d’Ivoire
qui est l’une des meilleures équipes du continent. Mais ce
soir, nous étions nettement supérieurs à eux et nous avons
sûrement mérité notre qualification », avait dit Rabah
Saadane, sélectionneur des Fennecs. Il n’y a pas
d’exagération en cela, l’Algérie a pu se mesurer à des
éléphants de poids très lourds, tels que Didier Drogba,
Salomon Kalou (Chelsea, Ang), Yaya Touré (Barcelone, Esp) et
Didier Zokora (Seville, Esp). Les Eléphants ont pris le
dessus juste après 4 minutes par un but de Kalou, avant même
que les Algériens n’aient sué dans leurs maillots et on
s’attendait à une démonstration de puissance. Mais petit à
petit, les Verts ont commencé à organiser leur jeu collectif
et dominer la partie en terme de possession face à des
Ivoiriens qui reposaient sur leurs brillantes individualités.
Leur effort a payé et Karim Matmour a pu marquer le but
d’égalisation à cinq minutes de la pause. Mais tout le
suspense a été réservé en fin de partie, lorsque le
remplaçant Abdel-Qader Keita a décroché un missile au fond
des filets de Chaouchi à la 89e, peut-être le plus beau but
du tournoi jusqu’à présent, mais deux minutes après, le
défenseur Madjid Bougherra a marqué le but d’égalité pour
tuer la joie des Ivoiriens qui se voyaient déjà en demi-finales.
Et lors des prolongations, Hameur Bouazza, un autre
superremplaçant, a décroché la victoire et qualification à
son équipe par une autre tête au 2e poteau, toujours négligé
par la défense des hommes de Vahid Halilhodzic, pour créer
la grande surprise de cette édition. Ce n’était même pas
prévu du côté algérien, au point que la presse avait
commencé à s’interroger sur l’avenir de Saadane en cas
d’élimination face à la Côte d’Ivoire !
« Aujourd’hui, nous avons
vraiment montré notre potentiel. Nous avons dépassé nos
débuts difficiles et maintenant, j’ai les joueurs depuis
presqu’un mois et c’était très bénéfique pour souder le
groupe et la préparation physique et technique », explique
Saadane. En effet, après le début catastrophique face au
Malawi 0-3, les Fennecs se sont relevés pour battre le Mali
1-0 et ensuite assurer une difficile qualification en
concédant le nul face à l’Angola, avant ensuite d’appuyer la
pédale de l’accélérateur en étant au sommet de leur art face
aux Eléphants ivoiriens.
Un onze bien organisé
Le Onze algérien a été très
solide et organisé ce dimanche. A la base, une très bonne
organisation défensive avec au noyau Bougherra pour ensuite
développer son attaque grâce à Hassan Yebda, pivot du
milieu, Mourad Meghni et le talentueux meneur Karim Ziani,
et Matmour, laissant Abdel-Qader Ghezzal se battre tout seul
en pointe d’attaque. Un système qui leur a permis de
conserver le ballon au maximum possible, tout en bloquant
les espaces aérés aux flèches ivoiriennes tels Drogba, Kalou
et Gervinho. Mais ce n’est pas seulement la tactique qu’il
faut saluer pour cette gloire, mais c’est la détermination
et le solide état d’esprit dont est dotée cette génération
qui est le mot magique dans tous les exploits de cette
équipe. A deux fois, dans cette compétition en retrouvant
leurs pas après la débâcle du Malawi et en remontant le
score à deux reprises, dont une fois en temps additionnel en
bien organisant leur rang et bénéficiant de l’euphorie
ivoirienne. « Au niveau psychologique, on n’est peut-être
pas allé jusqu’au bout. On a cinq ou six joueurs très grands,
mais on a perdu les duels. Ce n’est pas un problème de
qualité, mais de mental. J’ai honte vis-à-vis du public qui
a tellement cru en nous », indique Halilhodzic. Les
Algériens ont déjà prouvé leur qualité mentale face à
l’Egypte en se ressaisissant en l’espace de quatre jours
seulement, après la défaite dramatique 0-2 face à l’Egypte
au Caire pour s’imposer lors du match du barrage 1-0 au
Soudan. C’est peut-être leur plus grand atout et arme fatale
et ils devront toujours le garder vif s’ils veulent jouer la
partie du 31 janvier.
Karim
Farouk
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En éclat |
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C’est la révélation
algérienne de 2009. L’attaquant Karim Matmour a été la
vedette des Verts lors de leur victoire face à la Côte
d’Ivoire. Matmour a marqué le but d’égalité de son équipe
1-1 à la 40e minute par un effort individuel pour remettre
l’Algérie en jeu. Il n’a pas cessé de bousculer la défense
ivoirienne durant les 120 minutes de jeu et a même failli
doubler sa mise si ce n’était d’un Boubacar Barry qui a
miraculeusement barré son face-à-face des six mètres. Ce
joueur de 24 ans n’était algérien que de sang jusqu’en 2007,
vu qu’il avait passé toute sa jeunesse en France et débuté
sa carrière à l’ASP Vauban avant d’entamer le centre de
formation de Strasbourg, mais son talent imminent l’a vite
fait passer en équipe A. Il fut repéré par les recruteurs
allemands pour jouer à Fribourg depuis 2004 avant de signer
pour Boroussia Monchengladbach l’été dernier. Un talent qui
ne pouvait pas manquer à l’œil de Rabah Saadane,
sélectionneur algérien, qui l’a convoqué pour la première
fois le 6 février 2007 contre la Libye. Il n’a pas pu bien
s’exprimer avec les Verts, surtout qu’il était souvent
utilisé sur les flancs ou en milieu avec quelques fardeaux
défensifs. C’est pour ceci qu’il n’a marqué son premier but
international que face aux Pharaons en avril dernier 3-1 à
Alger. Mais aujourd’hui, il semble plus à l’aise dans le
rôle de deuxième attaquant derrière Abdel-Qader Ghezzal, où
il a trouvé les espaces nécessaires pour percer la défense,
que ce soit par les dribbles, frappes ou pénétrations. Des
prouesses à confirmer lors des prochains matchs.
Dans l’ombre

Didier Drogba, il n’était
pas en Angola. Le numéro 11 de la Côte d’Ivoire n’est
sûrement pas le même attaquant qui terrifie la Premier
League anglaise et qui a marqué 14 buts en 18 rencontres,
cette saison, face à quelques meilleures défenses du monde.
Le meilleur joueur africain de l’année en 2006 n’a été que
l’ombre de lui-même dans cette compétition en n’ayant marqué
qu’un seul but face au Ghana 3-1, et il était quasiment
absent face à l’Algérie. Très calme, à dire même paresseux,
on n’a vu Drogba qu’à deux reprises seulement avec des
chances franches mais ils les a toutes deux ratées. C’était
de même face au Burkina Faso, 0-0, où il semblait sans
motivation, tandis que sa belle tête sur le centre précis de
Abdel-Qader Keita face au Ghana lui a épargné les critiques.
Son élimination avec cette génération dorée de la Côte
d’Ivoire est sans doute la plus grande déception de l’Angola
2010. Les Elephants ivoiriens possèdent le plus puissant
effectif, au niveau individuel, dans le continent depuis 4
ans, mais ils ont été privés des gloires par des Pharaons
incontournables lors des deux dernières éditions. Il
semblait maintenant que l’heure de Drogba et sa bande a
sonné et qu’il vont éviter toutes les erreurs du passé,
surtout qu’il a annoncé que cette CAN sera sa dernière. Mais
apparemment, les Ivoiriens n’ont pas bien appris la leçon et
c’est vraiment une grande honte que l’un des meilleurs
joueurs de l’histoire de ce continent, tel Drogba, ne quitte
la scène sans décorer le maillot de son pays.
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