Al-Ahram Hebdo, Sports | L’Algérie chasse l’Eléphant
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Sports

Football. Menée à deux reprises, l’Algérie a puisé toutes ses ressources pour remonter le score et battre le grand favori de cette édition, la Côte d’Ivoire, 3-2, dimanche à Cabinda. Elle se qualifie à la demi-finale pour la première fois depuis 1990.

L’Algérie chasse l’Eléphant

Est-ce une chance ? C’est peut-être vrai, car l’Algérie s’est qualifiée au premier tour en ayant marqué un seul but, alors que le Mali en avait marqué sept et s’est trouvé éliminé (ndlr : le règlement de la Confédération africaine de football indique qu’il faut avoir recours au résultat du match entre les deux équipes en cas d’égalité de points). Mais l’Algérie a prouvé tout son mérite, sa puissance et sa détermination en battant la Côte d’Ivoire, grand favori pour le titre de cette édition, 3-2, le dimanche soir, lors du drame de Cabinda. « Nous avions tout le respect pour la Côte d’Ivoire qui est l’une des meilleures équipes du continent. Mais ce soir, nous étions nettement supérieurs à eux et nous avons sûrement mérité notre qualification », avait dit Rabah Saadane, sélectionneur des Fennecs. Il n’y a pas d’exagération en cela, l’Algérie a pu se mesurer à des éléphants de poids très lourds, tels que Didier Drogba, Salomon Kalou (Chelsea, Ang), Yaya Touré (Barcelone, Esp) et Didier Zokora (Seville, Esp). Les Eléphants ont pris le dessus juste après 4 minutes par un but de Kalou, avant même que les Algériens n’aient sué dans leurs maillots et on s’attendait à une démonstration de puissance. Mais petit à petit, les Verts ont commencé à organiser leur jeu collectif et dominer la partie en terme de possession face à des Ivoiriens qui reposaient sur leurs brillantes individualités. Leur effort a payé et Karim Matmour a pu marquer le but d’égalisation à cinq minutes de la pause. Mais tout le suspense a été réservé en fin de partie, lorsque le remplaçant Abdel-Qader Keita a décroché un missile au fond des filets de Chaouchi à la 89e, peut-être le plus beau but du tournoi jusqu’à présent, mais deux minutes après, le défenseur Madjid Bougherra a marqué le but d’égalité pour tuer la joie des Ivoiriens qui se voyaient déjà en demi-finales. Et lors des prolongations, Hameur Bouazza, un autre superremplaçant, a décroché la victoire et qualification à son équipe par une autre tête au 2e poteau, toujours négligé par la défense des hommes de Vahid Halilhodzic, pour créer la grande surprise de cette édition. Ce n’était même pas prévu du côté algérien, au point que la presse avait commencé à s’interroger sur l’avenir de Saadane en cas d’élimination face à la Côte d’Ivoire !

« Aujourd’hui, nous avons vraiment montré notre potentiel. Nous avons dépassé nos débuts difficiles et maintenant, j’ai les joueurs depuis presqu’un mois et c’était très bénéfique pour souder le groupe et la préparation physique et technique », explique Saadane. En effet, après le début catastrophique face au Malawi 0-3, les Fennecs se sont relevés pour battre le Mali 1-0 et ensuite assurer une difficile qualification en concédant le nul face à l’Angola, avant ensuite d’appuyer la pédale de l’accélérateur en étant au sommet de leur art face aux Eléphants ivoiriens.

Un onze bien organisé

Le Onze algérien a été très solide et organisé ce dimanche. A la base, une très bonne organisation défensive avec au noyau Bougherra pour ensuite développer son attaque grâce à Hassan Yebda, pivot du milieu, Mourad Meghni et le talentueux meneur Karim Ziani, et Matmour, laissant Abdel-Qader Ghezzal se battre tout seul en pointe d’attaque. Un système qui leur a permis de conserver le ballon au maximum possible, tout en bloquant les espaces aérés aux flèches ivoiriennes tels Drogba, Kalou et Gervinho. Mais ce n’est pas seulement la tactique qu’il faut saluer pour cette gloire, mais c’est la détermination et le solide état d’esprit dont est dotée cette génération qui est le mot magique dans tous les exploits de cette équipe. A deux fois, dans cette compétition en retrouvant leurs pas après la débâcle du Malawi et en remontant le score à deux reprises, dont une fois en temps additionnel en bien organisant leur rang et bénéficiant de l’euphorie ivoirienne. « Au niveau psychologique, on n’est peut-être pas allé jusqu’au bout. On a cinq ou six joueurs très grands, mais on a perdu les duels. Ce n’est pas un problème de qualité, mais de mental. J’ai honte vis-à-vis du public qui a tellement cru en nous », indique Halilhodzic. Les Algériens ont déjà prouvé leur qualité mentale face à l’Egypte en se ressaisissant en l’espace de quatre jours seulement, après la défaite dramatique 0-2 face à l’Egypte au Caire pour s’imposer lors du match du barrage 1-0 au Soudan. C’est peut-être leur plus grand atout et arme fatale et ils devront toujours le garder vif s’ils veulent jouer la partie du 31 janvier.

Karim Farouk

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En éclat

C’est la révélation algérienne de 2009. L’attaquant Karim Matmour a été la vedette des Verts lors de leur victoire face à la Côte d’Ivoire. Matmour a marqué le but d’égalité de son équipe 1-1 à la 40e minute par un effort individuel pour remettre l’Algérie en jeu. Il n’a pas cessé de bousculer la défense ivoirienne durant les 120 minutes de jeu et a même failli doubler sa mise si ce n’était d’un Boubacar Barry qui a miraculeusement barré son face-à-face des six mètres. Ce joueur de 24 ans n’était algérien que de sang jusqu’en 2007, vu qu’il avait passé toute sa jeunesse en France et débuté sa carrière à l’ASP Vauban avant d’entamer le centre de formation de Strasbourg, mais son talent imminent l’a vite fait passer en équipe A. Il fut repéré par les recruteurs allemands pour jouer à Fribourg depuis 2004 avant de signer pour Boroussia Monchengladbach l’été dernier. Un talent qui ne pouvait pas manquer à l’œil de Rabah Saadane, sélectionneur algérien, qui l’a convoqué pour la première fois le 6 février 2007 contre la Libye. Il n’a pas pu bien s’exprimer avec les Verts, surtout qu’il était souvent utilisé sur les flancs ou en milieu avec quelques fardeaux défensifs. C’est pour ceci qu’il n’a marqué son premier but international que face aux Pharaons en avril dernier 3-1 à Alger. Mais aujourd’hui, il semble plus à l’aise dans le rôle de deuxième attaquant derrière Abdel-Qader Ghezzal, où il a trouvé les espaces nécessaires pour percer la défense, que ce soit par les dribbles, frappes ou pénétrations. Des prouesses à confirmer lors des prochains matchs.

Dans l’ombre

 

Didier Drogba, il n’était pas en Angola. Le numéro 11 de la Côte d’Ivoire n’est sûrement pas le même attaquant qui terrifie la Premier League anglaise et qui a marqué 14 buts en 18 rencontres, cette saison, face à quelques meilleures défenses du monde. Le meilleur joueur africain de l’année en 2006 n’a été que l’ombre de lui-même dans cette compétition en n’ayant marqué qu’un seul but face au Ghana 3-1, et il était quasiment absent face à l’Algérie. Très calme, à dire même paresseux, on n’a vu Drogba qu’à deux reprises seulement avec des chances franches mais ils les a toutes deux ratées. C’était de même face au Burkina Faso, 0-0, où il semblait sans motivation, tandis que sa belle tête sur le centre précis de Abdel-Qader Keita face au Ghana lui a épargné les critiques. Son élimination avec cette génération dorée de la Côte d’Ivoire est sans doute la plus grande déception de l’Angola 2010. Les Elephants ivoiriens possèdent le plus puissant effectif, au niveau individuel, dans le continent depuis 4 ans, mais ils ont été privés des gloires par des Pharaons incontournables lors des deux dernières éditions. Il semblait maintenant que l’heure de Drogba et sa bande a sonné et qu’il vont éviter toutes les erreurs du passé, surtout qu’il a annoncé que cette CAN sera sa dernière. Mais apparemment, les Ivoiriens n’ont pas bien appris la leçon et c’est vraiment une grande honte que l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de ce continent, tel Drogba, ne quitte la scène sans décorer le maillot de son pays.

 




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