Al-Ahram Hebdo, Opinion | Aux origines des relations musulmans-coptes
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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Opinion
 

Aux origines des relations musulmans-coptes

Taha Abdel-Alim

Pour aborder le crime de Nag Hammadi et les événements passagers de conflits confessionnels qui l’ont précédé, il faut d’abord se pencher sur les concepts erronés enracinés dans les mentalités de certains Egyptiens. Certains coptes s’imaginent que dès qu’ils ont été libérés de la persécution romaine, ils ont été victimes d’une autre islamique tout au long des siècles qui ont suivi la conquête arabe de l’Egypte. Ils continuent à y croire, comme l’a évoqué un lecteur copte qui a écrit en commentaire à mon précédent article publié sur le site Internet d’Al-Ahram s’exclamant « comme si rien n’avait envenimé le climat de tolérance religieuse des coptes d’Egypte sous l’égide de l’Etat musulman, tel que le prétendent les adeptes de la religion musulmane ».

J’admets pour commencer qu’il est difficile de rectifier ses idées toutes faites. Surtout à l’ombre d’un enseignement déformant l’histoire, de médias irresponsables, d’un discours religieux provocateur et d’allégations des coptes de l’étranger. Ajoutons à cela le plus important, à savoir le recul du sens même de la citoyenneté. Cependant, l’objectivité dans la lecture de l’histoire est à même de corriger les allégations et de mettre en évidence des réalités irréfutables. Une objectivité qui s’est incarnée dans le livre Le christianisme oriental, signé Surial Attiya, traduit de l’anglais vers l’arabe par Ishaq Ebeid et publié par le Conseil suprême de la culture en 700 pages. Tout ce que je pourrais dire c’est que le témoignage d’un copte historien égyptien sur l’état des coptes d’Egypte sous la gouvernance islamique ne peut être en aucun cas fallacieux. Surtout si nous portons un regard à l’itinéraire de cet historien à partir duquel nous savons qu’après avoir assumé les fonctions de professeur à la faculté des lettres de l’Université d’Alexandrie et après avoir contribué à sa création, il est devenu membre au conseil milli (conseil communautaire copte). Il a alors adopté la mise en place du Haut institut des études coptes, ensuite il a immigré et à travaillé comme professeur dans les universités d’Europe et d’Amérique, dont la faculté de théologie de New York. Là-bas il a œuvré à réaliser son grand rêve : achever une encyclopédie copte qui a vu le jour en 8 tomes. Je me contente dans cet espace de passer en revue les réalités relatives à son témoignage mentionné plus haut.

Nous pouvons lire de prime abord à propos de la position des coptes (c’est-à-dire les Egyptiens) dans les batailles ayant opposé les Arabes et les Byzantins, qu’elle reflétait une grande neutralité. La politique du Byzantin Siros est venue empirer la situation, car il a voulu anéantir la liberté religieuse et politique des habitants d’Egypte. Les Arabes ont libéré les coptes du joug byzantin et leur attitude à leur égard était généreuse et tolérante. D’ailleurs, le « testament Amri » a procuré aux coptes une liberté religieuse qu’ils n’ont jamais connue sous les Byzantins. Amr Ibn Al-Ass n’avait pas acquiescé la demande de Siros de lui donner l’occasion de présider l’Eglise égyptienne. A cette époque le patriarche Benyamin, qui s’est réfugié dans le désert pendant 10 ans, a été accueilli avec grand respect par le dirigeant Amr Ibn Al-Ass qui lui a restitué son poste à Alexandrie afin de parrainer les affaires de l’Eglise.

Une fois que la gouvernance arabe s’est stabilisée en Egypte, le patriarche Benyamin a promulgué une décision d’amnistie à l’égard d’une tranche de coptes qui avaient été contraints à se convertir à « la volonté unique ». Il a restauré un nombre d’églises et de couvents, à tel point que l’époque de Benyamin et des patriarches qui l’ont suivi à l’ombre de la conquête islamique ont connu une renaissance sans précédent accompagné d’un sentiment religieux national et d’un épanouissement des arts et des lettres dans un climat de liberté totale. Les Arabes (ou les musulmans) ont manifesté une grande tolérance vis-à-vis de toutes les factions chrétiennes, toutes tendances confondues. Ils les ont nommées aux postes gouvernementaux qu’occupaient les Byzantins.

Les postes dans l’administration locale devinrent alors l’apanage des coptes. Il y a avait les notaires, les collecteurs d’impôts et les juges. La langue copte est venue remplacer le grec dans les affaires quotidiennes. L’arabe est venu côtoyer le copte dans l’écriture. Les coptes ont alors appris l’arabe et ont préservé leurs postes dans l’administration. C’est à ce moment-là que la langue copte a connu une régression, même si elle était toujours employée dans les rites de l’église.

Le sentiment général copte à l’issue de la conquête arabo-islamique reflétait un certain confort. D’autant plus que ce sont les Arabes qui ont éliminé le cauchemar byzantin, les libérant de l’intransigeance et de la persécution religieuse. Après le renversement des Byzantins des postes religieux et militaires, les coptes ont pu avoir leur mainmise sur la terre, les couvents religieux et les églises vidées par les Byzantins. Les dirigeants arabes et leurs voisins musulmans leur portaient un regard de respect et d’estime. Ainsi les coptes, sous la gouvernance arabe, ont préservé le patrimoine de leurs aïeux et se sont intégrés comme un élément positif et efficace dans le corps de la nation arabo-musulmane sans pour autant perdre leur identité et leur patrimoine ancien. A l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane, à l’ère du calife abbasside, les coptes ont contribué au climat culturel resplendissant en langue arabe. En effet, l’évêque Ethanios, originaire de la ville Qoss de la région Thèbes, avait créé le premier lexique de la langue copte dans ses deux dialectes de Haute et de Basse-Egypte en arabe, afin de préserver le patrimoine de la langue copte de l’oubli.

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