Du danger vert à l’espoir vert
Abdel-Moneim Saïd
Deux
principales raisons m’ont poussé à écrire cet article. La
première est que les opérations terroristes se sont répétées
ces derniers temps et qu’Al-Qaëda a retrouvé sa vitalité
organisationnelle et militaire dans de nombreuses régions,
en Somalie et au Yémen, en plus de ses pays d’origine en
Afghanistan et au Pakistan. Ceci a entraîné la réapparition
de l’expression du « danger vert » signifiant que les
musulmans représentent un danger pour la civilisation
occidentale et mondiale. En d’autres termes, les Arabes et
les musulmans de par le monde représentent désormais une
menace tant que les journaux ne publient que les nouvelles
de personnes comme Farouk Omar Abdel-Moteleb qui a essayé de
détourner et de faire exploser un avion américain dans la
ville industrielle de Détroit ou des sujets comme le niqab
(voile intégral).
La deuxième raison est
qu’au milieu des nombreux incidents qui se déroulent au
Soudan, aux frontières sud de l’Egypte, et dans la bande de
Gaza, aux frontières nord-est de l’Egypte, il ne faut pas
oublier la question du développement dans le pays. En effet,
c’est ce dernier qui déterminera la capacité économique et
militaire de l’Egypte de faire face à tous les défis et à
toutes les menaces.
A cette occasion, j’ai
trouvé dans ma bibliothèque un livre du célèbre écrivain
américain Thomas Friedman. Dans ce livre intitulé Chaud,
plat et surpeuplé : Pourquoi le monde a besoin d’une
révolution verte ?, l’auteur appelle l’administration
américaine et le peuple américain à lancer une révolution
verte, ou un code vert comme ils l’appellent. Une révolution
verte qui donnerait espoir à l’humanité pour agir envers de
nombreuses question relatives à la planète terre. En effet,
les problèmes écologiques constituent désormais une menace
non conventionnelle à la sécurité des Etats et des sociétés.
L’acuité des effets résultant des changements climatiques,
de l’effet de serre, de la croissance démographique
galopante et de la surutilisation de l’énergie s’est accrue
au point de pousser de nombreux chercheurs à prétendre que
nous vivons l’ère du climat.
Il s’agit, selon Friedman,
de changer la théorie des Etats-Unis envers eux-mêmes et
envers le monde. Il s’agit donc d’abandonner ce qu’ils ont
appelé le « code rouge » (une appellation utilisée par les
unités militaires au moment du danger extrême et fortement
utilisée durant l’administration de Bush et de sa guerre
contre le terrorisme) et d’opter pour la résolution des
problèmes de l’alimentation, de l’énergie et de l’effet de
serre. Bref, de sauver la Terre. Le plus étonnant est que
Friedman assure que ce revirement assurera la suprématie des
Etats-Unis en tant qu’unique superpuissance dans le monde
car ils créeront ainsi un large domaine de pouvoir,
d’influence, de richesse et de prestige éthique les plaçant
à la tête des grands pays.
Partant, Friedman estime
que les Etats-Unis doivent changer leurs politiques envers
les problèmes du monde ainsi que leurs problèmes internes,
exploitant la vitalité de la société américaine dirigée par
les personnes créatrices et perfectionnistes qui sont
capables de reconstruire l’Etat américain. Ceci nécessite
évidemment un développement des outils, des systèmes, des
sources d’énergie et des valeurs qui permettront à la
planète de se développer de manière plus propre et plus
durable.
Il ne s’agit pas seulement
d’une question de développement, mais également d’une source
de force technologique et de renforcement de la sécurité
sous ses différentes formes. Nous avons raté les révolutions
technologiques mondiales précédentes et nous avons attendu
que nous viennent leurs produits. Il serait alors favorable
cette fois-ci que nous nous lancions dans la prochaine
révolution agricole. Nous ne devons pas laisser la baisse
actuelle des produits agricoles nous faire oublier l’énorme
hausse des prix survenue dans le passé et qui peut se
reproduire à l’avenir si nous n’adoptons pas les politiques
appropriées.
Il semble que les choses
commencent à bouger en Egypte bien qu’on n’y accorde pas
beaucoup d’attention. Le gouvernement égyptien commence à
accorder un intérêt croissant à la bonification des terres,
à l’augmentation des espaces verts et à l’introduction de
nouveaux procédés dans l’agriculture et l’irrigation. Durant
les trois dernières décennies, la superficie des terres
agricoles en Egypte est passée de 6 millions à 8,5 millions
de feddans. Cette augmentation a permis de faire face à la
crise alimentaire, d’augmenter les exportations agricoles et
la production des céréales et d’améliorer les revenus et les
niveaux de vie des paysans. En voyageant sur la route
désertique Le Caire-Alexandrie, nous découvrons une verdure
et un développement agricole qui contredisent les dires que
rien ne se passe en Egypte. Cependant, ceci ne suffit pas.
Il est grand temps pour que le dialogue national en Egypte
aborde les politiques touchant les diverses questions
relatives au développement. Malgré la grande importance de
questions comme la Constitution, les relations avec les
Etats-Unis, Israël, la Palestine et le monde arabe, nous
avons grandement besoin de discuter les questions
importantes qui se rattachent aux conjonctures internes du
pays. De plus, nous adresserons ainsi un message au monde
entier, disant que nous sommes sérieux dans la participation
à la résolution des problèmes mondiaux avec en tête nos
problèmes et nos dilemmes. Nous dirons ainsi au monde entier
que les Arabes et les musulmans ne représentent pas un
danger vert pour le monde, mais un espoir vert pour toute
l’humanité.