Al-Ahram Hebdo, Opinion | Du danger vert à l’espoir vert
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Opinion
 

Du danger vert à l’espoir vert

Abdel-Moneim Saïd

Deux principales raisons m’ont poussé à écrire cet article. La  première est que les opérations terroristes se sont répétées ces derniers temps et qu’Al-Qaëda a retrouvé sa vitalité organisationnelle et militaire dans de nombreuses régions, en Somalie et au Yémen, en plus de ses pays d’origine en Afghanistan et au Pakistan. Ceci a entraîné la réapparition de l’expression du « danger vert » signifiant que les musulmans représentent un danger pour la civilisation occidentale et mondiale. En d’autres termes, les Arabes et les musulmans de par le monde représentent désormais une menace tant que les journaux ne publient que les nouvelles de personnes comme Farouk Omar Abdel-Moteleb qui a essayé de détourner et de faire exploser un avion américain dans la ville industrielle de Détroit ou des sujets comme le niqab (voile intégral).

La deuxième raison est qu’au milieu des nombreux incidents qui se déroulent au Soudan, aux frontières sud de l’Egypte, et dans la bande de Gaza, aux frontières nord-est de l’Egypte, il ne faut pas oublier la question du développement dans le pays. En effet, c’est ce dernier qui déterminera la capacité économique et militaire de l’Egypte de faire face à tous les défis et à toutes les menaces.

A cette occasion, j’ai trouvé dans ma bibliothèque un livre du célèbre écrivain américain Thomas Friedman. Dans ce livre intitulé Chaud, plat et surpeuplé : Pourquoi le monde a besoin d’une révolution verte ?, l’auteur appelle l’administration américaine et le peuple américain à lancer une révolution verte, ou un code vert comme ils l’appellent. Une révolution verte qui donnerait espoir à l’humanité pour agir envers de nombreuses question relatives à la planète terre. En effet, les problèmes écologiques constituent désormais une menace non conventionnelle à la sécurité des Etats et des sociétés. L’acuité des effets résultant des changements climatiques, de l’effet de serre, de la croissance démographique galopante et de la surutilisation de l’énergie s’est accrue au point de pousser de nombreux chercheurs à prétendre que nous vivons l’ère du climat.

Il s’agit, selon Friedman, de changer la théorie des Etats-Unis envers eux-mêmes et envers le monde. Il s’agit donc d’abandonner ce qu’ils ont appelé le « code rouge » (une appellation utilisée par les unités militaires au moment du danger extrême et fortement utilisée durant l’administration de Bush et de sa guerre contre le terrorisme) et d’opter pour la résolution des problèmes de l’alimentation, de l’énergie et de l’effet de serre. Bref, de sauver la Terre. Le plus étonnant est que Friedman assure que ce revirement assurera la suprématie des Etats-Unis en tant qu’unique superpuissance dans le monde car ils créeront ainsi un large domaine de pouvoir, d’influence, de richesse et de prestige éthique les plaçant à la tête des grands pays.

Partant, Friedman estime que les Etats-Unis doivent changer leurs politiques envers les problèmes du monde ainsi que leurs problèmes internes, exploitant la vitalité de la société américaine dirigée par les personnes créatrices et perfectionnistes qui sont capables de reconstruire l’Etat américain. Ceci nécessite évidemment un développement des outils, des systèmes, des sources d’énergie et des valeurs qui permettront à la planète de se développer de manière plus propre et plus durable.

Il ne s’agit pas seulement d’une question de développement, mais également d’une source de force technologique et de renforcement de la sécurité sous ses différentes formes. Nous avons raté les révolutions technologiques mondiales précédentes et nous avons attendu que nous viennent leurs produits. Il serait alors favorable cette fois-ci que nous nous lancions dans la prochaine révolution agricole. Nous ne devons pas laisser la baisse actuelle des produits agricoles nous faire oublier l’énorme hausse des prix survenue dans le passé et qui peut se reproduire à l’avenir si nous n’adoptons pas les politiques appropriées.

Il semble que les choses commencent à bouger en Egypte bien qu’on n’y accorde pas beaucoup d’attention. Le gouvernement égyptien commence à accorder un intérêt croissant à la bonification des terres, à l’augmentation des espaces verts et à l’introduction de nouveaux procédés dans l’agriculture et l’irrigation. Durant les trois dernières décennies, la superficie des terres agricoles en Egypte est passée de 6 millions à 8,5 millions de feddans. Cette augmentation a permis de faire face à la crise alimentaire, d’augmenter les exportations agricoles et la production des céréales et d’améliorer les revenus et les niveaux de vie des paysans. En voyageant sur la route désertique Le Caire-Alexandrie, nous découvrons une verdure et un développement agricole qui contredisent les dires que rien ne se passe en Egypte. Cependant, ceci ne suffit pas. Il est grand temps pour que le dialogue national en Egypte aborde les politiques touchant les diverses questions relatives au développement. Malgré la grande importance de questions comme la Constitution, les relations avec les Etats-Unis, Israël, la Palestine et le monde arabe, nous avons grandement besoin de discuter les questions importantes qui se rattachent aux conjonctures internes du pays. De plus, nous adresserons ainsi un message au monde entier, disant que nous sommes sérieux dans la participation à la résolution des problèmes mondiaux avec en tête nos problèmes et nos dilemmes. Nous dirons ainsi au monde entier que les Arabes et les musulmans ne représentent pas un danger vert pour le monde, mais un espoir vert pour toute l’humanité.

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