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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Iraq. La décision du comité électoral d’exclure 511 candidats, en majorité sunnites, des prochaines élections fait planer le spectre d’une nouvelle vague de violence interconfessionnelle. D’où la visite du vice-président américain, Joe Biden, à Bagdad.

Polémique électorale

La liste des candidats interdits par la commission électorale de participer aux prochaines élections iraqiennes n’a pas fini de susciter la colère de la minorité sunnite qui se sent visée par cette procédure électorale. Les 511 candidats soupçonnés d’avoir des liens, ou du moins des sympathies avec l’ancien régime baasiste, mettent en cause la légitimité de la procédure et le manque de transparence de la décision prise par le comité pour la justice et l’intégrité. Le comité en question, dont la décision n’a pas été encore approuvée par le Parlement, est dirigé par un ancien allié des Américains, Ahmad Chalabi, chiite, soupçonné depuis 2007 d’entretenir des liens avec l’Iran. Pour les Sunnites, ce comité est sous influence chiite et le choix des candidats bannis des élections est purement arbitraire, autrement dit le résultat d’une stratégie qui viserait à les éloigner du pouvoir. Et il est à craindre que ce début de crise ne reproduise le même scénario  des élections de 2005, à savoir le boycot des élections par les sunnites engendrant des violences interconfessionnelle. Et c’est principalement cette perspective qui a poussé Joe Biden, vice-président américain, à se rendre en Iraq pour s’entretenir tour à tour samedi dernier avec le premier ministre, Nouri Al-Maliki, et le président iraqien, Djalal Talabani. Pour le vice-président américain, ce serait la troisième visite depuis le retrait des forces américaines en juin dernier d’un certain nombre de centres urbains iraqiens.

Officiellement, Biden a refusé de donner son avis sur la polémique électorale. Car sa visite dérange. « Tout ce qui touche à la responsabilité publique et à la justice relève uniquement de l’Iraq et les étrangers n’ont ni rôle ni influence à faire valoir », a lancé le porte-parole du gouvernement iraqien, Ali Al-Dabbagh. Il s’est donc voulu rassurant : « Je veux être clair. Je ne suis pas ici pour résoudre un problème. C’est aux Iraqiens de le faire », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était confiant qu’après les discussions, « les dirigeants iraqiens ont pris le problème en main et travaillent à un règlement juste et définitif ».

Ces déclarations de Biden peinent à masquer l’inquiétude des Américains qui ont prévu d’achever le retrait des troupes en août prochain et craignent que le pays ne replonge dans une guerre civile. « L’inquiétude que nous avons exprimée ne porte pas sur le résultat mais sur le processus », explique Tony Blinken, conseiller à la sécurité nationale du vice-président américain.

Il est possible que ce soit Washington qui ait pressé le président iraqien Talabani de demander, jeudi, à la Cour suprême de vérifier la légalité du comité pour la justice et l’intégrité. Avis que ne partage pas le chef du gouvernement, Nouri Al-Maliki, pour qui la décision du comité ne doit pas être mise en cause. Il insiste sur le fait que la liste des candidats exclus ne viserait pas les sunnites et qu’elle toucherait aussi bien des candidats chiites ou autres. Il se base ainsi sur l’article 7 de la Constitution iraqienne, entérinée par un référendum national en 2005 et qui interdit le parti Baas.

« Le problème ne réside pas dans l’objectif de tenir des gens responsables pour leur passé mais le processus de disqualification lui-même », a expliqué Biden.

Car si « le processus utilisé pour disqualifier des candidats est perçu comme manquant de transparence, d’impartialité et de crédibilité, des doutes entoureront les élections », estime Tony Blinken. Et ce serait alors, il est à craindre, le début d’une nouvelle guerre interconfessionnelle.

Heba Zaghloul

 

 

 

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