Iraq.
La
décision du
comité
électoral d’exclure 511
candidats, en
majorité
sunnites, des prochaines
élections fait planer le
spectre
d’une nouvelle vague de violence
interconfessionnelle.
D’où
la visite
du vice-président
américain, Joe
Biden, à
Bagdad.
Polémique
électorale
La
liste des
candidats interdits par
la commission électorale de
participer aux
prochaines
élections iraqiennes
n’a pas
fini de susciter la
colère de la
minorité
sunnite qui se sent
visée par
cette procédure
électorale. Les 511
candidats
soupçonnés d’avoir des
liens, ou
du moins des sympathies
avec l’ancien régime
baasiste,
mettent en cause la légitimité
de la procédure et le
manque de transparence de la
décision
prise par le comité pour
la justice et l’intégrité. Le
comité en question,
dont la
décision n’a pas
été encore
approuvée par le Parlement,
est dirigé
par un ancien
allié des
Américains, Ahmad Chalabi,
chiite,
soupçonné depuis 2007
d’entretenir des liens avec
l’Iran. Pour les Sunnites,
ce
comité est
sous influence
chiite et le
choix des
candidats bannis des
élections
est purement
arbitraire,
autrement dit le
résultat
d’une stratégie qui
viserait à
les éloigner
du pouvoir.
Et il est
à craindre
que ce
début de crise
ne
reproduise le même
scénario
des élections de 2005,
à savoir le
boycot des élections par
les sunnites
engendrant des
violences
interconfessionnelle. Et
c’est
principalement cette
perspective qui a poussé Joe
Biden, vice-président
américain,
à se rendre en Iraq pour
s’entretenir tour
à tour
samedi dernier avec le premier
ministre, Nouri Al-Maliki,
et le président
iraqien,
Djalal Talabani. Pour le
vice-président
américain,
ce
serait la troisième
visite
depuis le retrait des
forces américaines en
juin dernier d’un certain
nombre de
centres urbains
iraqiens.
Officiellement,
Biden a
refusé de donner son avis
sur la
polémique électorale. Car
sa
visite
dérange. « Tout
ce qui
touche à la
responsabilité
publique et
à la justice relève
uniquement de
l’Iraq et les
étrangers
n’ont ni
rôle ni
influence à faire
valoir », a
lancé le porte-parole
du
gouvernement iraqien, Ali
Al-Dabbagh. Il
s’est donc
voulu
rassurant
: « Je
veux être
clair. Je
ne
suis pas
ici pour
résoudre un problème.
C’est aux
Iraqiens de le faire », a-t-il
déclaré,
ajoutant qu’il
était
confiant qu’après les
discussions, « les dirigeants
iraqiens
ont pris le
problème en main et
travaillent
à un règlement
juste et
définitif ».
Ces
déclarations de
Biden
peinent à
masquer
l’inquiétude des Américains
qui ont
prévu d’achever le
retrait des troupes en
août
prochain et
craignent
que le pays ne
replonge
dans une guerre
civile. «
L’inquiétude que
nous avons
exprimée ne
porte
pas sur le
résultat mais
sur le
processus », explique
Tony Blinken,
conseiller
à la sécurité
nationale
du vice-président
américain.
Il
est possible
que ce
soit Washington qui
ait pressé
le président
iraqien
Talabani de demander, jeudi,
à la Cour
suprême de
vérifier la légalité
du comité
pour la justice et l’intégrité.
Avis que ne
partage pas le chef
du
gouvernement, Nouri Al-Maliki,
pour qui la décision
du comité
ne doit
pas être
mise en cause. Il
insiste sur
le fait que la
liste des
candidats exclus
ne viserait
pas les sunnites et
qu’elle
toucherait aussi
bien des
candidats chiites
ou autres.
Il se base ainsi
sur
l’article 7 de la Constitution
iraqienne, entérinée par
un référendum national en 2005
et qui interdit le
parti Baas.
« Le
problème ne
réside pas
dans l’objectif de
tenir des
gens responsables pour
leur passé
mais le processus de
disqualification lui-même »,
a expliqué
Biden.
Car
si « le
processus utilisé pour
disqualifier des candidats
est
perçu comme
manquant de transparence,
d’impartialité et de
crédibilité, des
doutes
entoureront les élections
», estime Tony
Blinken. Et
ce serait
alors, il
est à
craindre, le début
d’une nouvelle guerre
interconfessionnelle.
Heba
Zaghloul