Salon du
Livre du
Caire.
Des centaines
d’éditeurs
sont présents au Salon
du livre. Al-Ahram Hebdo a
choisi de
présenter à
ses
lecteurs
une sélection
d’ouvrages
publiés par des maisons
d’édition
égyptiennes et composés
majoritairement de
romans.
Un
entre-deux
magnifié
On
retrouve
dans ce
recueil de
nouvelles le ton des derniers
romans du
lauréat de
l’AUC Press 2008. Comme
dans Al-Fael
(être
manœuvre, 2008) et
dans
Lossous motaqaïdoune (voleurs
à la
retraite, 2002), le sarcasme
mordant d’Abou-Golayel
n’épargne
rien ni
personne. Et,
comme dans
ces deux
dernières
œuvres, on retrouve un
narrateur
préoccupé par son identité
bédouine.
Si ce
n’est que
cette
fois-ci, c’est
presque
exclusivement de cela
qu’il
s’agit. Dans
Marassim
taslim al-diyya, le
narrateur fait le
récit de son combat
perdu face
à un rite pour lui
injustifié et
humiliant
: le prix du sang. Non
content de remettre en
doute les
mythes colportés par
sa
tribu, il
ironise sur
ses illusions
d’intellectuel qui
s’imagine
pouvoir arrêter
l’engrenage d’un
système de punition et de
vengeance millénaire.
Dans Ummi,
il fait le portrait de
sa mère,
une très
vieille dame qui,
elle aussi,
assène sans le
vouloir un coup
mortel à
ses clichés
rassurants
: « Ses
récits
historiques ont
contribué sans
aucun doute
à démolir
l’argument
définitif que
j’opposais aux
fils de
paysans pendant nos
querelles.
Moi qui m’enorgueillait
de mes
ancêtres bédouins,
m’imaginant
qu’ils s’étaient
révoltés pour
libérer la nation de la
colonisation, ignorant
que huit
d’entre eux
avaient
sacrifié leur vie de
leur propre
volonté
simplement parce
que l’un
d’eux avait
été
emprisonné
! ». Dans
Khoud, il
place en face à face les «
vieux
cheikhs de la tribu » et
une jeune
femme, Khoud, qui
défie les
lois ancestrales en se
plaignant de
l’impuissance d’un
mari imposé
par la collectivité.
Quinze
nouvelles qui content un
entre-deux,
celui de ceux qui
ne sont
plus vraiment
bédouins,
ni tout à fait
citadins. Un
entre-deux
que la prose d’Abou-Golayel,
mariant
proverbes bédouins et
pointes d’humour
sarcastique,
réussit à
magnifier. Non sans
une tendresse qui
marque une
nouvelle maturité de son
œuvre.
Dina
Heshmat