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  Président Abdel-Moneim Saïd
 
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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Livres

Salon du Livre du Caire. Des centaines d’éditeurs sont présents au Salon du livre. Al-Ahram Hebdo a choisi de présenter à ses lecteurs une sélection d’ouvrages publiés par des maisons d’édition égyptiennes et composés majoritairement de romans.

Un œil pour voir, l’autre pour penser

 

L’Homme et la philosophie, le chaos et la clairvoyance collective sont les thèmes que nous présentent les dernières traductions d’AUC Press, viennent se mêler débauche et grandeur dans un style de revendications sociales aux contours obscurs. Sans prendre de risque, les presses de l’Université américaine ont choisi trois auteurs confirmés dans leur style légèrement décalé hésitant entre humour acide et dénonciation plaintive. Doit-on rire face à l’élite décadente iraqienne aux interprétations erronées de Jean-Paul Sartre — mais non dénuées de sens — de la nouvelle de Ali Bader ? Cet enfant des rues, ce Moustapha inconnu que dépeint Mekkawi Saïd, est-il beau dans sa misère, immonde dans sa beauté ? Et Hamdi Abou-Golayel, toujours fidèle à sa prose insolente et jouissive dans la veine savoureuse de Cossery et de Ahmad Rassim, se complaît-il dans ce monde de fous et de lumière ? Ces trois auteurs ne sont pas une découverte, mais une confirmation de certains talents appelés à s’épanouir et à s’affirmer, à se détacher du questionnement parfois répétitif sur la place de l’écrivain. Un questionnement tant de fois exploré que les voies deviennent étroites pour éviter les pièges : un de ceux-là est la dénonciation de la misère, l’appel au pathétisme, à la pitié et au gouvernement pour faire changer les choses. Si l’écrivain juge et dénonce, il tombe dans le roman social. S’il est indifférent, son regard n’a pas de poids : il n’y a pas d’écrivain aveugle, comme l’a prouvé Taha Hussein.

Le fils de bédouin, l’auteur de Petits voleurs à la retraite, a fait son choix : Abou-Golayel sera itinérant, jamais le même, toujours lucide et piquant, une plume qui gratte le papier sans l’abîmer. La réalité est pour confirmer l’assiduité de son regard, la justesse de son écriture. Plus noir, moins piquant mais plus acide, Mekkawi Saïd offre un second roman plongé dans un quotidien agressif un héros perdu déambule avec dégoût et répulsion. Habile portraitiste du monde qu’il côtoie, Mekkawi, romancier de son temps, rassemble la foule de la rue dans un livre concis aux forts accents critiques le malheur semble (trop) lié aux conditions terrestres. Un cri de détresse sensible et immédiat, loin des réflexions sereines et comiques de Ali Bader sur le milieu intellectuel iraqien des années soixante. Papa Sartre, dixième nouvelle de Ali Bader, écrivain au style fluide et léger, est teintée de réflexions communes sur le sens de la philosophie, d’humour, d’ironie et d’irraison : un roman sans complexe. Si les romans diffèrent, une question demeure centrale : celle de la place de l’écrivain dans son temps, de son attitude face à ce qu’il déplore, de son regard face à ce qu’il perçoit.

Alban de Ménonville

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Hamdi Abou-Golayel,
A Dog with No Tail (un chien sans queue);
Ali Bade, Papa Sartre;
Mekkawi Saïd, Cairo Swan Song
(Le chant
du signe),

AUC Press.

 




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