Salon du
Livre du
Caire.
Des centaines
d’éditeurs
sont présents au Salon
du livre. Al-Ahram Hebdo a
choisi de
présenter à
ses
lecteurs
une sélection
d’ouvrages
publiés par des maisons
d’édition
égyptiennes et composés
majoritairement de
romans.
America,
un voyage
dans le temps, l’espace
et le genre
Six
finalistes
sur 151 œuvres candidates
cette année,
avec une «
pré-liste » de 16 romans,
le Prix international pour la fiction
arabe, lancé par la
Fondation
du Booker anglais avec
un soutien
émirati, va
être
annoncé le 2 mars 2010. La liste
courte
renferme les romans de
l’écrivain
jordanien Jamal
Naji :
Endama
tachikhou al-zéab,
du
Palestinien Rabie Al-Madhoun
: Al-Sayeda men
Tal-Abib, le
Saoudien
Abdo Khal :
Tarmi
bicharar, des Egyptiens
Mohamad
Mansy Qandil :
Youm ghaèm
fil bar al-gharbi,
Mansoura
Ezzeddine : Waraa al-fardoss
et le Libanais
Rabie Jaber
: America.
En
effet, le roman America
ne passe
pas inaperçu.
Déjà dès le début,
l’écrivain,
à travers
ce titre
curieux,
crée un horizon d’attente
assez vaste.
Quel America
? Les Etats-Unis
? Le continent de l’Amérique
du
Nord ?
du
Sud ?
D’aujourd’hui ou
d’autrefois
? Temps et
espace
s’imbriquent l’un
dans
l’autre.
Le
lecteur découvre
à
travers le
déroulement des incidents
qu’il
s’agit bien des
continents américains.
Un nouveau monde
garantissant, au début
du XXe
siècle, de grosses fortunes. En outre,
l’écrivain
accorde un intérêt
particulier
à l’espace qui
va au-delà
de l’Amérique pour
atteindre des pays de
l’autre
côté de l’océan. Le
personnage principal, Martha
Hadad, qui part
à la
recherche de son mari
Khalil Haddad,
quitte son village natal
Batater
situé au Liban pour
arriver à
Alexandrie et prendre un
navire à
destination de Marseille, puis
elle arrive au Havre pour
prendre un
autre navire
à destination de New York.
D’ailleurs,
les lieux
ne se limitent pas
uniquement aux
endroits
dans lesquels le
personnage principal
bouge.
Un jeu
de temps et espace
est
envisagé par l’écrivain.
Ce dernier
aborde les grandes crises
de la première moitié
du XXe
siècle dont les
deux
guerres mondiales
et
l’épidémie de l’influenza.
Ainsi, le
lecteur est-il
projeté au
Japon, à la Chine, la
Sibérie …
Le roman
s’ouvre sur
la prière de Martha Haddad,
une femme
jolie et
pauvre, en
voyant la statue de liberté
(Martha la nomme la dame en
pierre) à
son arrivée
à New York. Le lieu où
son mari
est parti
il y a des
années pour travailler
comme un colporteur.
Mais, comme
il a
cessé de
lui envoyer des
lettres,
elle était
dévorée par
l’inquiétude. Une raison
pour laquelle
elle part
malgré tout le monde en vue
de le chercher.
Il y a tout le temps
ce désir
de la part du
narrateur
d’approcher la vie intérieure
du
personnage. Pour
ce,
il ne
cesse
d’avoir recours
à la technique
d’enchaînement
libre. Une
fois que
Martha rencontre un
personnage
ou mange un repas, le
narrateur,
tantôt, s’explicite pour
nous
transmettre son monologue
intérieur et tantôt
il devient
implicite pour
lui donner
à elle
seule la parole. « Qui
sont ces
gens
? D’où
viennent-ils
? Et quelle
est leur
destination ? ». Des questions
tout le long du roman
posées par
Martha : elle
est
toujours cet
être
angélique esseulé,
inquiet qui
contemple les autres sans
oser
intervenir. Le navire
lui était
un monde
flottant où la langue
arabe s’est
fondue au milieu d’autres
langues
européennes.
Tout le
long de son voyage, Martha — ainsi
que le
lecteur — fait connaissance
des personnages.
Certains
poursuivent avec
elle le
chemin, d’autres
disparaissent. Or,
dans tous
les cas,
ils
laissent transparaître
l’image
qu’ils ont
esquissée de
l’Amérique.
Une image oscillant
entre rêve
en rose et réalité
affreuse, qui
n’est autre
que
la vie de Martha elle-même.
Et à
travers le
parcours de cette
dernière,
une chronique de la
tendance
migratoire des générations
à la
recherche d’un nouveau monde est
élaborée.
Roman
psychologique, romantique
… America, comme le continent,
est
à caractère
polymorphe et
surtout unique.
Lamiaa
Al-Sadaty