Eau.
Conscient des nombreux dangers qui menacent en Egypte cette
ressource naturelle et de l’importance du développement
durable, le ministère de l’Irrigation a finalisé des projets
d’amendement de la législation en vigueur.
Une
stratégie multiformes
Les
changements climatiques, l’augmentation des niveaux des
océans, la salinité des sols, les investisseurs dans les
nouvelles zones, la diminution de l’eau du Nil, en plus des
différends dans les négociations des pays riverains de ce
fleuve … Autant de dangers qui menacent les ressources
naturelles égyptiennes en eau. Conscient de ces alarmes, le
ministère des Ressources hydrauliques et de l’Irrigation ne
compte pas garder le silence. Pour la bonne raison que l’eau
de l’irrigation s’empare de la part de lion de la quantité
d’eau qu’obtient l’Egypte conformément aux conventions
signées et en vigueur. Soit plus de 80 % du quota.
Lorsque
les responsables au sein du ministère ont pensé réagir à
tous ces avertissements, ils ont commencé par des textes
juridiques. Dans le cadre de la stratégie à l’horizon 2050,
des projets de loi ont été élaborés et des amendements ont
été apportés. Le tout est censé être soumis à la session
parlementaire actuelle pour approbation. « Les amendements
concernent la loi numéro 12 de l’année 1984, soit la loi de
l’irrigation. Ils visent, entre autres, à appliquer le
principe de la participation du citoyen à toute action ayant
pour but de protéger l’eau de l’irrigation contre tout abus
de son utilisation. Abus représentés notamment par la
négligence des méthodes modernes pour irriguer les nouvelles
zones. Il s’agit aussi de sanctionner toute infraction
concernant l’irrigation, et bien entendu d’appliquer les
amendes », explique le ministre des Ressources hydrauliques
et de l’Irrigation, Mohamad Nasreddine Allam. Et de préciser
: « Les amendements concernent également, mais en premier
lieu, l’élaboration d’une nouvelle loi consacrée à la
protection des côtes égyptiennes afin de réaliser une
gestion complète des côtes maritimes et des lacs en Egypte.
Un autre projet de loi est consacré aux eaux souterraines,
visant à mettre terme à toute action aléatoire dans son
utilisation, à localiser et à autoriser la construction des
puits dans les déserts d’Egypte ». Quant au Nil et au lac
Nasser, ils auront leur loi qui assure leur protection
contre toute pollution et tout abus.
Il est
question alors d’un changement sérieux dans tout ce qui
concerne l’eau en Egypte afin de se préparer au pire. « Nous
avons déjà commencé à œuvrer pour diminuer la quantité d’eau
destinée à l’irrigation. Comme estimation préliminaire pour
l’an 2009-2010, la superficie consacrée à la culture du riz
a été réduite de 2,1 millions de feddans (882 000 ha) pour
atteindre 1,6 million (662 000 ha) seulement. Il y a eu une
très bonne entente et une coordination entre le ministère de
l’Irrigation et les autres ministères concernés comme ceux
du Commerce extérieur, des Finances et de l’Agriculture,
afin de finaliser les projets de tous ces amendements. Il
faut savoir que la gestion des ressources hydrauliques
concerne tous ces ministères. C’est une question qui
concerne la politique aussi », assure Bayoumi Attiya,
conseiller du ministre de l’Irrigation. Selon lui, la
philosophie derrière ces amendements est en premier lieu de
sensibiliser les citoyens du sérieux de la question de l’eau
pour l’Egypte afin qu’ils agissent en respectant l’eau au
nom de la responsabilité et non face aux sanctions. Mais ce
qui semble être le plus important aux yeux des spécialistes
de l’environnement, c’est la promulgation d’une loi
spécifique pour les eaux souterraines. Cela est stratégique,
car 97 % des ressources hydrauliques en Egypte viennent de
l’extérieur de ses frontières. Autrement dit, du Nil dont
les origines sont en Ouganda et en Ethiopie.
Protection des eaux souterraines
L’annonce d’une loi pour les eaux souterraines constitue
alors une bonne nouvelle pour les militants égyptiens. Ces
militants ont toujours fait appel à une conservation des
ressources naturelles en général et de l’eau souterraine en
particulier. La loi mettra un terme au principe du hasard
dans la construction des puits dans les déserts. Il s’agit
d’un traitement scientifique pour préciser les zones et
localisations des puits. Les abus dans l’utilisation de
cette eau chère seront interdits. « Nous avions vraiment
besoin d’une telle loi. Finalement, notre campagne visant à
cesser toute utilisation abusive de l’eau souterraine, soit
dans les piscines des villages touristiques ou dans
l’irrigation des cultures de bananes et de canne à sucre qui
ont besoin d’une quantité énorme d’eau, a porté ses fruits.
Les 55,5 milliards de mètres cubes d’eau du Nil étaient
utilisés pour 20 millions d’individus en 1959 et pour
l’agriculture. Et c’est la même quantité utilisée en 2010
pour 80 millions de personnes ainsi que pour l’agriculture.
On doit reconnaître que nous sommes en Egypte face à un
déficit pour combler les besoins des citoyens concernant
l’eau », indique Samer Al-Mofti, ancien secrétaire général
du Centre de Recherches du Désert (CRD). Selon lui, il est
d’une importance extrême que le ministère de l’Irrigation se
serve des hydrogéologues dans la question des eaux
souterraines.
Le grand
défi pour les eaux souterraines réside dans leur protection
contre la pollution causée par les eaux du drainage agricole,
sanitaire ainsi que par les activités industrielles. Selon
les estimations du ministère de l’Agriculture, il est
question de dépendre de cette eau pour cultiver 8,1 millions
de feddans (3 402 000 ha) d’ici 2017 dans les nouvelles
zones. D’où l’importance de cette ressource naturelle, non
seulement pour l’agriculture mais aussi pour le fait
d’augmenter la part d’eau potable par personne qui a diminué
ces dernières années pour atteindre 650 mètres cubes par an
au lieu de 1 000. Cela dit, même si cette nouvelle loi a
joui d’une promulgation officielle, son application stricte
et sans exception est fortement indispensable.
Et
attendant l’approbation de tous ces amendements importants,
le ministère lance une campagne médiatique pour sensibiliser
la population sur l’importance de rationaliser l’utilisation
de l’eau, notamment celle de l’irrigation.
Racha
Hanafi