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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Egypte

Nag Hammadi. La visite au Caire d’une délégation de la Commission américaine des libertés religieuses, deux semaines après l’attentat, a soulevé des réactions controversées. Perçue par certains comme une ingérence étrangère.

Ingérence ou simple visite ?

Coopération sur le dossier des droits de l’homme ou ingérence étrangère ? La délégation de la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde (USCIRF), arrivée vendredi dans la capitale pour une visite d’une semaine, a tenu une réunion à huis clos avec l’ambassadeur Waël Aboul-Magd, assistant adjoint du ministre des Affaires étrangères. Ce n’est pas la première du genre et elle s’inscrit dans le cadre d’une tournée au Proche-Orient. Officiellement, il s’agit d’une visite de routine. C’est ce qu’affirme l’ambassade des Etats-Unis au Caire dans un communiqué : « La visite est programmée depuis longtemps et n’est pas directement liée à un événement précis ». Selon l’attachée de presse de l’ambassade, Margaret White, la visite est effectuée préalablement à la publication du rapport annuel de la commission. « En Egypte, les membres de la délégation s’entretiendront avec des responsables du gouvernement, des dirigeants religieux et des représentants de la société civile », indique encore l’ambassade.

Cependant, le contexte dans lequel intervient la visite deux semaines seulement après l’attentat de Nag Hammadi, où 6 coptes et 1 musulman ont été tués le 6 janvier dans une attaque armée contre l’église de la ville, a donné lieu à des critiques.

L’Egypte accueille des membres de l’USCIRF depuis 1998, or cette année, leur visite intervient sur fond de critiques internationales qui ont visé l’Egypte après l’attentat de Nag Hammadi. Certains officiels et commentateurs dénoncent une ingérence dans les affaires du pays. Dans les rangs des coptes, on est divisé sur l’attitude à adopter. « Un grand nombre de coptes refusent de telles interventions et les considèrent comme une ingérence étrangère qui porte atteinte à l’unité nationale », lance l’intellectuel copte Medhat Béchaï. Mais cela ne signifie pas que tout va pour le meilleur du monde en Egypte, ajoute-t-il. « Il y a des problèmes mais nous devons les régler entre Egyptiens », rétorque-t-il. Cependant, certains ne sont pas d’accord avec cet avis. Pour eux, tout moyen qui permet de faire bouger les choses est le bienvenu. C’est notamment l’avis de Naguib Gabriel, président de l’Union égyptienne des droits de l’homme (ONG), qui refuse de considérer que ce genre de visite représente une ingérence dans les affaires intérieures de l’Egypte. « L’Egypte est un Etat membre des Nations-Unies et est engagé à respecter les conventions et les accords du droit international », estime Gabriel. Et d’ajouter : « Si les pratiques discriminatoires contre les coptes cessent, aucun pays étranger n’osera nous adresser des accusations ».

Sur la même longueur d’onde, Mohamad Mounir Mégahed, activiste de l’ONG Egyptiens contre la discrimination religieuse, souligne que les membres de ces délégations viennent en Egypte avec l’approbation de l’Etat qui leur accorde des visas d’entrée. « Cela n’a aucun sens de continuer à dénoncer une ingérence, d’autant plus que la Convention internationale relative aux droits civils et politiques justifie cette ingérence dans les questions des droits de l’homme », affirme Mégahed.

L’USCIRF est une commission indépendante dont les membres (démocrates et républicains) sont nommés par le président américain et les dirigeants des deux partis. Outre la publication d’un rapport annuel sur les violations des libertés religieuses dans le monde, ils soumettent des recommandations au président américain, au Département d’Etat et au Congrès.

Le dernier rapport de l’USCIRF a jugé comme médiocre la situation des droits de l’homme en Egypte et accusé le gouvernement de pratiques opprimant les libertés intellectuelles, religieuses et d’expression. Le prochain rapport est attendu en avril.

Outre les responsables au ministère des Affaires étrangères, les membres de la délégation américaine se sont entretenus au Caire avec des membres du Conseil national des droits de l’homme. L’attaque de Nag Hammadi a été au centre des discussions, mais aussi les droits des bahaïs et les libertés religieuses en général.

« Ils sont venus avec des préjugés et accusent le gouvernement égyptien de vouloir atténuer les problèmes des coptes. Je leur ai expliqué que ces idées sont incorrectes et que la situation en Egypte est différente », déclare Ahmad Kamal Aboul-Magd, président adjoint du Conseil national des droits de l’homme (semi-officiel). Et d’expliquer que l’attentat de Nag Hammadi s’est imposé sur l’agenda des discussions avec les membres de la délégation américaine. Nabil Louqa Bébawi, membre du Conseil consultatif, affirme que les coptes d’Egypte ne sont pas opprimés et que la liberté du culte est garantie. « La preuve en est que les auteurs de l’attentat contre les coptes ont été arrêtés en moins de 48 heures ». Fondateur et directeur de l’Initiative égyptienne pour les droits de l’individu (EIPR), Hossam Bahgat, qui a été parmi les militants qui se sont entretenus avec les membres de la délégation américaine, résume son opinion en disant : « Cette visite va déterminer si l’Egypte continuera à être classée parmi les pays sous observation qui ont des problèmes relatifs aux libertés religieuses, ou sera considéré comme un pays à risque dans ce domaine ». Un dossier épineux qui à chaque occasion soulève de multiples controverses.

Chérif Albert

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