Portrait.
Essam
Helmi,
lauréat du prix
Sawirès pour le
meilleur
scénario, imprègne
ses
écrits
d’humour noir.
Une
manière
d’aborder les corvées
quotidiennes.
Le
sarcasme
comme mode d’emploi
Il
n’aime pas
dévoiler les secrets de ses
projets
d’écriture encore sur
papier et
préfère attendre
jusqu’à ce
que ses
scénarios
voient le jour ou se
concrétisent.
C’est
sa
façon d’être et de parler.
Essam Helmi
avait
pourtant prévu le
succès de son
scénario
Nirane sadiqa
guiddane (feux
très
amis),
qu’il a
signé en 2004 et lequel
vient de
remporter le prix Sawirès
2009, récompensant le
meilleur
scénario.
«
Nirane
sadiqa guiddane
établit un
contraste sarcastique
entre la
pensée d’un intellectuel
marginalisé et la
célébrité d’un
joueur de football
moins
cultivé.
C’est
mon premier long
métrage qui a
failli me
déprimer. Il a
été acheté
trois fois,
par plusieurs
boîtes de production,
mais à
chaque fois,
on arrive presque au
tournage et
puis le projet
tombe à
l’eau »,
raconte Essam
Helmi,
faisant un flash-back sur
ces années
de plomb. Il
voit le bon
côté des choses. Le
retard lui a
enfin
permis de participer au
concours
organisé par la fondation
Sawirès et
d’en recevoir le premier
prix du
scénario.
Son
enthousiasme
actuel
tranche avec sa
personnalité
réservée
; désormais,
il ne
refuse guère les
entretiens
journalistiques et se réjouit
de sa nouvelle situation.
Sur le podium de la
télévision,
il
porte son trophée
d’or, en
forme d’un encrier et
d’une plume,
symboles de la
créativité
scripturale. « Le concours
Sawirès
rassemblait les écrits
d’une
cinquantaine d’écrivains
et
scénaristes égyptiens,
jeunes et
moins jeunes,
débutants et
pionniers. Les prix
sont
prestigieux
sur les plans moral et matériel
», déclare
Essam Helmi.
Diplômé en 1989 de la
faculté de commerce,
il a débuté
en tant
qu’acteur-amateur, avant
de devenir co-réalisateur
puis
scénariste. «
C’est en
troisième année
que j’ai
décidé de
m’inscrire également
à
l’Institut du
cinéma,
département de scénario.
Je suivais
son cursus en
même temps
que les études en
commerce », dit-il.
Ajoutant
: « Il est
difficile de
devenir
subitement un scénariste
professionnel. Pour
qu’un bon
scénario signé par
un débutant
voie le jour,
il faut
savoir marchander et
sauter sur
l’occasion. En
sortant de
l’institut en 1994,
il y
avait une
crise de production. Les films
se faisaient de plus en plus
rares et
quelques
grands noms
avaient
mainmise sur le champ de
l’écriture
cinématographique ». Il
affirme
qu’actuellement, le marché
est beaucoup plus
ouvert quant aux
œuvres des
jeunes scénaristes.
Et pour faire
éviter à
ces
derniers les déboires
qu’il a
affrontés, il
tente, en
tant que
professeur de
scénario au
Palais du
cinéma, de
soutenir ses
étudiants. «
Je tiens
à leur
expliquer
que si le
spectateur a
deux yeux,
le scénariste
doit avoir
un troisième,
lui
permettant de découvrir
quelque chose de nouveau et de
s’adresser aux
âmes ».
La
plupart de son travail
s’inscrit
sous l’étiquette de
l’humour
noir ; c’est un
choix. «
L’humour noir
établit un
contraste entre le
caractère
bouleversant ou
tragique et la
manière de
l’aborder. De quoi
soulever des interrogations ».
C’est dans
ce style
que le lauréat a
trouvé sa
quiétude,
dès ses premières
œuvres
: Al-Labbis (l’habilleur)
(2000), Séhr al-oyoune
(le charme des
yeux) (2001), en
tant que
co-réalisateur.
Puis Nirane
sadiqa
guiddane (feux
très
amis) (2004),
Achraf
harami (Le voleur le plus
honnête) (2007) et
Zamahlawiya (2008), en
tant que
scénariste.
D’ailleurs, tous
ses
écrits
visent à
saisir les
problèmes de la société
de manière
sarcastique, préférant
rire des
choses amères au lieu
d’en
pleurer. «
Dans Nirane
sadiqa
guiddane, je
n’accuse ni
le joueur de football
ni
l’intellectuel. Chacun
a sa
valeur et
sa place dans la
société »,
dit-il. Le
scénario primé sera
prochainement
porté au
cinéma par la compagnie
de production Al-Adl Group.
« Mon adaptation
est centrée
sur
l’acteur principal qui sera
incarné par deux
vrais
jumeaux. Les événements
se déroulent
entre une
province et la
mégalopole
du Caire »,
précise
Essam Helmi qui se
veut «
débatteur de bonnes
idées », loin
du divertissement futile.
Névine
Lameï