Al-Ahram Hebdo,Arts | Essam Helmi, lauréat du prix Sawirès pour le meilleur scénario; Le sarcasme comme mode d’emploi
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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Portrait. Essam Helmi, lauréat du prix Sawirès pour le meilleur scénario, imprègne ses écrits d’humour noir. Une manière d’aborder les corvées quotidiennes.

Le sarcasme comme mode d’emploi

Il n’aime pas dévoiler les secrets de ses projets d’écriture encore sur papier et préfère attendre jusqu’à ce que ses scénarios voient le jour ou se concrétisent. C’est sa façon d’être et de parler. Essam Helmi avait pourtant prévu le succès de son scénario Nirane sadiqa guiddane (feux très amis), qu’il a signé en 2004 et lequel vient de remporter le prix Sawirès 2009, récompensant le meilleur scénario.

« Nirane sadiqa guiddane établit un contraste sarcastique entre la pensée d’un intellectuel marginalisé et la célébrité d’un joueur de football moins cultivé. C’est mon premier long métrage qui a failli me déprimer. Il a été acheté trois fois, par plusieurs boîtes de production, mais à chaque fois, on arrive presque au tournage et puis le projet tombe à l’eau », raconte Essam Helmi, faisant un flash-back sur ces années de plomb. Il voit le bon côté des choses. Le retard lui a enfin permis de participer au concours organisé par la fondation Sawirès et d’en recevoir le premier prix du scénario.

Son enthousiasme actuel tranche avec sa personnalité réservée ; désormais, il ne refuse guère les entretiens journalistiques et se réjouit de sa nouvelle situation. Sur le podium de la télévision, il porte son trophée d’or, en forme d’un encrier et d’une plume, symboles de la créativité scripturale. « Le concours Sawirès rassemblait les écrits d’une cinquantaine d’écrivains et scénaristes égyptiens, jeunes et moins jeunes, débutants et pionniers. Les prix sont prestigieux sur les plans moral et matériel », déclare Essam Helmi. Diplômé en 1989 de la faculté de commerce, il a débuté en tant qu’acteur-amateur, avant de devenir co-réalisateur puis scénariste. « C’est en troisième année que j’ai décidé de m’inscrire également à l’Institut du cinéma, département de scénario. Je suivais son cursus en même temps que les études en commerce », dit-il. Ajoutant : « Il est difficile de devenir subitement un scénariste professionnel. Pour qu’un bon scénario signé par un débutant voie le jour, il faut savoir marchander et sauter sur l’occasion. En sortant de l’institut en 1994, il y avait une crise de production. Les films se faisaient de plus en plus rares et quelques grands noms avaient mainmise sur le champ de l’écriture cinématographique ». Il affirme qu’actuellement, le marché est beaucoup plus ouvert quant aux œuvres des jeunes scénaristes. Et pour faire éviter à ces derniers les déboires qu’il a affrontés, il tente, en tant que professeur de scénario au Palais du cinéma, de soutenir ses étudiants. « Je tiens à leur expliquer que si le spectateur a deux yeux, le scénariste doit avoir un troisième, lui permettant de découvrir quelque chose de nouveau et de s’adresser aux âmes ».

La plupart de son travail s’inscrit sous l’étiquette de l’humour noir ; c’est un choix. « L’humour noir établit un contraste entre le caractère bouleversant ou tragique et la manière de l’aborder. De quoi soulever des interrogations ». C’est dans ce style que le lauréat a trouvé sa quiétude, dès ses premières œuvres : Al-Labbis (l’habilleur) (2000), Séhr al-oyoune (le charme des yeux) (2001), en tant que co-réalisateur. Puis Nirane sadiqa guiddane (feux très amis) (2004), Achraf harami (Le voleur le plus honnête) (2007) et Zamahlawiya (2008), en tant que scénariste. D’ailleurs, tous ses écrits visent à saisir les problèmes de la société de manière sarcastique, préférant rire des choses amères au lieu d’en pleurer. « Dans Nirane sadiqa guiddane, je n’accuse ni le joueur de football ni l’intellectuel. Chacun a sa valeur et sa place dans la société », dit-il. Le scénario primé sera prochainement porté au cinéma par la compagnie de production Al-Adl Group. « Mon adaptation est centrée sur l’acteur principal qui sera incarné par deux vrais jumeaux. Les événements se déroulent entre une province et la mégalopole du Caire », précise Essam Helmi qui se veut « débatteur de bonnes idées », loin du divertissement futile.

Névine Lameï

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