Al-Ahram Hebdo, Arts | Hani Rached ; L’extase du spirituel
  Président Abdel-Moneim Saïd
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Arts

Expositions. Hani Rached nous plonge dans le monde des icônes mystiques. Un travail effectué à l’issue d’un séjour florentin, il a baigné dans la Renaissance italienne. Nouvelle démarche de l’artiste qui refoule ses obsessions.

L’extase du spirituel

Technique différente. Contexte nouveau. Spiritualité nouvellement révélée. Quiétude surprenante. Autant d’éléments inhabituels pour Hani Rachedà l’exception de son thème inévitable du répétitif. D’ailleurs, ce jeune artiste égyptien ne se montre pas dans sa génération d’artistes parmi les plus optimistes. Tantôt inquiet, tantôt ravi, confus et instable la plupart du temps, Hani Rached ne cesse de nouer des relations humaines lors de ses multiples déplacements, cherchant constamment à pénétrer les tréfonds des êtres. A travers sa nouvelle exposition, à la galerie Machrabiya, il tente de rompre avec toute ambiguïté gênante ayant caractérisé ses expositions antérieures. Et se lance alors dans une nouvelle démarche artistique, qui est le fruit d’un atelier en Florence, « le berceau de la Renaissance artistique italienne ». Ainsi invite-t-il son public à contempler un autre monde et pénétrer d’autres âmes « invisibles, mystiques », représentés par des icônes, des illustrations et des peintures religieuses qui ont marqué l’époque de la Renaissance italienne. « J’espère que cette nouvelle démarche sera capable de me charger d’une nouvelle énergie positive, afin de satisfaire mon esprit confus », exprime l’artiste.

Hani Rached a délicatement abordé le monde des icônes par la technique du monoprint. « J’aime à chaque nouvelle étape recourir à des couleurs monochromes incarnées dans le noir et blanc. Une fois mon idée mûrie, je cherche à la colorer et à l’élaborer un peu plus », indique-t-il. C’est la technique du monoprint, et du chromatisme noir et blanc, qui est capable de donner à ses nouvelles œuvres non seulement cet effet d’ancienneté et de spiritualité « apaisante », mais aussi cette impression de lumières et de contrastes, accentuant les détails de l’icône reproduite. « A travers le monoprint, que j’ai voulu tirer à un seul exemplaire, j’ai essayé de donner à mes œuvres sur papier cet effet d’unicité, d’émotion et de puissance », signale l’artiste.

Instabilité clairement révélée

Cette fois-ci, le thème de la répétitivité n’est pas un acte ambigu, révélant ce qui est refoulé par l’artiste ou dénonçant la routine. Mais une répétition exprimant l’éblouissement par le sacré. « C’est dans le monde des icônes religieuses que je me suis retrouvé. Ce monde que je voyais dans les livres et qui hantait mon esprit me fascinait par ses dessins aux éléments répétitifs envahissant les églises, les musées, les palais et les places historiques. De loin, je n’arrivais pas à sentir ce monde spirituel. Seul à Florence, je me suis imprégné de la spiritualité des lieux », dit Rached. Et d’ajouter : « Je ne comprends pas la religion chrétienne, mais je me suis laissé aux sensations de ses icônes et images, dans la plupart du temps, aux attitudes hiératiques, mystiques, rigides, sans expression, ou tristes. Mon but n’est pas de dessiner une œuvre classique, mais de saisir l’instabilité du réel ». Une instabilité clairement révélée par le biais de la répétition. « La répétition d’un même motif au sein d’une même œuvre introduit une sérialité qui rend compte de l’impossibilité de figer la représentation d’une forme. D’où le mouvement dans mes œuvres », explique Rached qui nous invite à la contemplation d’un monde « invisible » qu’il agence comme un jeu de puzzle. « Jouer géométriquement sur la forme et l’espace de l’œuvre. Ajouter des éléments ou retrancher d’autres, inspirés de plusieurs icônes. Visualiser puis modifier. Le tout est dans le but de former ma propre icône », affirme–t-il. Dans ses œuvres inspirées des icônes de « L’Adam nouveau», « La nativité du Christ », « Le Christ crucifié », « Le chemin du moine » etc., Hani Rached a retravaillé les ornementations des monuments de la Renaissance, au style romain, gothique etc. ... Voici autant de motifs géométriques destinés à être répétés : lustres, arabesques, rinceaux de feuillages, moulures antiques. Ou encore : portraits du Christ, Vierge Marie, Adam, clercs, dieux païens et anges. « A travers la répétition, je vise le dramatique. Mes œuvres ne sont pas une reproduction, mais elles dégagent mes propres sensations ». Une manière de céder à ses icônes une voix qui nous parle.

Névine Lameï  

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Jusqu’au 18 février,

de 11h à 20h (sauf le vendredi).

Galerie Machrabiya.

8, rue Champollion, centre-ville.

Tél. : 2578 4494

 

 

 

 




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