Expositions.
Hani
Rached nous
plonge dans
le monde des icônes mystiques.
Un travail effectué
à l’issue
d’un séjour
florentin, où
il a
baigné dans
la Renaissance italienne.
Nouvelle démarche de
l’artiste qui
refoule
ses obsessions.
L’extase
du
spirituel
Technique différente.
Contexte
nouveau.
Spiritualité
nouvellement
révélée.
Quiétude
surprenante.
Autant
d’éléments inhabituels
pour Hani
Rached — à
l’exception de son
thème
inévitable du
répétitif.
D’ailleurs,
ce jeune artiste
égyptien ne
se montre pas
dans sa
génération
d’artistes parmi les plus
optimistes.
Tantôt inquiet,
tantôt ravi,
confus et instable la
plupart du
temps, Hani
Rached ne
cesse de
nouer des relations humaines
lors de ses
multiples déplacements,
cherchant
constamment à
pénétrer les
tréfonds des
êtres. A
travers
sa nouvelle exposition,
à la
galerie Machrabiya,
il tente
de rompre avec
toute
ambiguïté gênante
ayant
caractérisé ses
expositions antérieures.
Et se lance
alors dans
une nouvelle
démarche
artistique, qui est le
fruit d’un atelier en Florence, « le
berceau de la Renaissance
artistique italienne ».
Ainsi invite-t-il
son public à
contempler un
autre monde et
pénétrer
d’autres âmes «
invisibles, mystiques », représentés
par des icônes, des
illustrations et des peintures
religieuses qui
ont marqué
l’époque de la Renaissance
italienne. «
J’espère
que cette nouvelle
démarche sera capable de me
charger d’une nouvelle
énergie positive,
afin de
satisfaire
mon esprit confus
», exprime
l’artiste.
Hani
Rached a
délicatement abordé le
monde des icônes par la
technique du
monoprint. «
J’aime à
chaque nouvelle
étape
recourir à des
couleurs monochromes
incarnées
dans le noir et blanc.
Une fois
mon
idée mûrie,
je cherche
à la
colorer et à
l’élaborer un
peu plus »,
indique-t-il. C’est la
technique du
monoprint,
et du
chromatisme noir et blanc, qui
est capable de
donner à
ses
nouvelles œuvres non
seulement
cet effet
d’ancienneté et de
spiritualité «
apaisante »,
mais aussi
cette impression de
lumières et de
contrastes,
accentuant les détails de
l’icône
reproduite. « A
travers le
monoprint,
que j’ai
voulu tirer
à un seul
exemplaire,
j’ai essayé de
donner à
mes œuvres
sur papier
cet effet
d’unicité,
d’émotion et de puissance »,
signale l’artiste.
Instabilité
clairement
révélée
Cette
fois-ci, le
thème de la répétitivité
n’est pas un
acte ambigu,
révélant ce
qui est
refoulé par l’artiste
ou
dénonçant la routine.
Mais
une
répétition exprimant
l’éblouissement par le
sacré. «
C’est dans
le monde des icônes
religieuses
que je me
suis
retrouvé.
Ce monde que
je voyais
dans les
livres et qui
hantait mon
esprit me fascinait par
ses dessins
aux éléments
répétitifs
envahissant les églises,
les musées, les
palais et les places
historiques. De loin,
je
n’arrivais pas à
sentir
ce monde
spirituel.
Seul à Florence,
je me
suis
imprégné de la spiritualité
des lieux »,
dit Rached.
Et d’ajouter
: « Je
ne
comprends pas la religion
chrétienne, mais
je me suis
laissé aux sensations de
ses icônes
et images, dans la
plupart du
temps, aux attitudes hiératiques,
mystiques, rigides, sans
expression, ou
tristes. Mon
but n’est pas de
dessiner
une œuvre
classique,
mais de saisir
l’instabilité
du réel
». Une
instabilité
clairement révélée par le
biais de la
répétition. « La
répétition d’un même
motif au sein
d’une même
œuvre
introduit une
sérialité qui rend
compte de
l’impossibilité de figer
la représentation
d’une forme.
D’où le
mouvement dans
mes œuvres
», explique
Rached qui nous invite
à la contemplation d’un monde «
invisible » qu’il
agence
comme un
jeu de puzzle. «
Jouer
géométriquement sur la
forme et
l’espace de
l’œuvre.
Ajouter des
éléments ou
retrancher
d’autres, inspirés de
plusieurs
icônes.
Visualiser
puis modifier. Le tout
est dans
le but de former ma propre
icône »,
affirme–t-il.
Dans ses
œuvres
inspirées des icônes de «
L’Adam nouveau», « La
nativité du
Christ », « Le Christ crucifié
», « Le chemin
du moine
» etc., Hani
Rached a
retravaillé les ornementations
des monuments de la Renaissance, au style
romain,
gothique etc. ... Voici
autant de motifs
géométriques
destinés à
être
répétés
: lustres, arabesques,
rinceaux de
feuillages, moulures
antiques. Ou
encore : portraits du
Christ, Vierge Marie, Adam,
clercs,
dieux païens et
anges. « A
travers la
répétition, je vise le
dramatique.
Mes
œuvres ne
sont pas
une reproduction, mais
elles
dégagent mes
propres sensations ».
Une manière
de céder à
ses
icônes une
voix qui
nous parle.
Névine
Lameï