Al-Ahram Hebdo, Afrique | Une solution provisoire
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 Semaine du 27 janvier au 2 février 2010, numéro 803

 

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Afrique

Nigeria. Pour sauver le Nigeria du chaos politique, en raison de l’absence du président, la Haute Cour fédérale a donné au Parlement un délai pour nommer un nouveau chef d’Etat.

Une solution provisoire

Pour mettre fin à la vacance du pouvoir, la Haute Cour fédérale du Nigeria a donné, vendredi dernier, 14 jours au gouvernement pour décider si le président Umaru Yar’Adua, hospitalisé depuis deux mois en Arabie saoudite, est apte à rester en fonction. « Le Conseil exécutif de la fédération dispose de 14 jours pour adopter une résolution afin de statuer si, au regard de l’absence du Nigeria du président pour raisons médicales depuis le 23 novembre 2009, le président est incapable d’exercer ses fonctions », a déclaré le président de la Haute Cour, Dan Abutu.

La cour statuait sur plusieurs requêtes. D’abord, un ancien membre du Parlement, Farouk Adamu Aliyu, a déposé une demande visant à investir officiellement le vice-président Goodluck Jonathan comme « président par intérim ». La Haute cour a aussi statué sur deux autres demandes similaires déposées par l’avocat et activiste des droits de l’homme Femi Falana et de l’Association du barreau du Nigeria (NBA). Cette dernière estime que l’actuel président a violé la Constitution en quittant précipitamment le pays pour l’Arabie saoudite, sans en avoir informé le Parlement bicaméral par écrit. Au pouvoir depuis mai 2007, Umaru Yar’Adua, notoirement malade, est hospitalisé à Djeddah pour une affection cardiaque grave et des problèmes rénaux. En effet, la Haute Cour avait rendu un jugement ambigu le 13 janvier sur une autre plainte : elle avait estimé que le vice-président, Goodluck Jonathan, pouvait « exercer les pouvoirs du président jusqu’à son rétablissement et son retour à son bureau », mais qu’il n’était pas pour autant formellement président par intérim. Et, les durs du régime avaient refusé une telle éventualité, assurant que le président était tout à fait à même d’exercer ses fonctions, même depuis un lit d’hôpital lointain.

Mais cette fois, le ministre de la Justice, Michael Aondoaaka, a immédiatement déclaré que le gouvernement se pliera à l’arrêt de la cour. Et, une fois le jugement rendu public, il a annoncé que « dans un délai de 14 jours, le conseil exécutif de la fédération examinera et adoptera une résolution sur l’état de santé du président ». La Haute Cour s’est basée sur l’article 144 de la Constitution, stipulant que le président doit cesser ses fonctions si les deux tiers des membres du conseil exécutif de la fédération adoptent une résolution le déclarant incapable d’assumer ses fonctions, après vérification par une équipe de cinq médecins désignés par le président du Sénat. L’avocat de l’ancien parlementaire, M. Bamidele Aturu, a espéré, dans un document, que le gouvernement « prenne le chemin de la rectitude, du respect de la loi et de la Constitution pour sauver notre pays de l’anarchie et du chaos ».

Déjà, le Nigeria est entré, depuis des semaines, dans l’après-Yar’Adua et de plus en plus de voix se sont élevées pour demander qu’il cède le pouvoir afin de mettre fin au vide à la tête du pays. A cet égard, deux manifestations ont rassemblé plusieurs milliers de personnes à Abuja et Lagos et plusieurs influents politiciens ont dénoncé l’absence prolongée du président Umaru Yar’Adua et ont réclamé sa démission, notamment son prédécesseur l’ancien général-président Olusegun Obasanjo. A son avis, il a conseillé Yar’Adua : « Si vous prenez un travail, élu ou nommé, et qu’ensuite votre santé commence à vous faire défaut et que vous n’êtes plus capables de satisfaire ceux que vous êtes supposés servir, alors il y a un chemin de l’honneur et de la moralité. Si vous ne savez pas ça, alors vous ne savez rien ». C’est pourtant lui qui avait choisi Umaru Yar’Adua pour lui succéder et être le candidat en 2007 du parti au pouvoir, le PDP, aujourd’hui profondément divisé sur la question et surtout sur la succession qui se profile à l’horizon.

Maha Salem

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