Al-Ahram Hebdo, Voyages | L’âge atonien : une interprétation politique
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
Nos Archives

 Semaine du 29 avril au 5 mai 2009, numéro 764

 

Contactez-nous Version imprimable

  Une

  Evénement

  Enquête

  Dossier

  Nulle part ailleurs

  Invité

  Egypte

  Economie

  Monde Arabe

  Afrique

  Monde

  Opinion

  Société

  Arts

  Livres

  Littérature

  Visages

  Environnement

  Voyages

  Sports

  Vie mondaine

  Echangez, écrivez



  AGENDA


Publicité
Abonnement
 
Voyages

Akhénaton. La réforme qu’il a menée, dite atonienne, est le thème d’une exposition qui se déroule à Turin et organisée par l’institution culturelle Palazzo Bricherasio. Elle devra durer jusqu’à la mi-juin.

L’âge atonien : une interprétation politique

Le pharaon dit premier monothéiste par les uns et hérétique par les autres a le rang de star actuellement à Turin. Stèles, statues, statuettes, amulettes et monuments de différentes tailles, couleurs et matières composent l’exposition « Akhénaton, le pharaon du soleil ». Cette exposition a été inaugurée récemment à la salle de l’institution italienne Palazzo Bricherasio, à Turin en Italie. « J’ai organisé cette exposition au Palazzo Bricherasio, qui se trouve à 500 mètres seulement du Musée égyptien de Turin, qui est en phase de rénovation, car cette institution a reçu plus de trente expositions au cours des dernières années », explique l’égyptologue italien Francesco Tiradritti, l’organisateur de l’exposition. Pour lui, cette exposition met en exergue et focalise la dernière partie du règne de la XVIIIe dynastie, notamment celui d’Akhénaton. Cette période a fasciné, voire subjugué, beaucoup d’égyptologues, les poussant à l’étudier. La présentation actuelle vise à « réinsérer le règne d’Akhénaton dans le contexte social qui caractérise le Nouvel Empire. Cette vision s’oppose à l’interprétation la plus courante qui considère les années du règne d’Akhénaton comme un épisode indépendant, qui n’a rien à voir avec ce qui vient avant et après », renchérit Tiradritti.

 

Disque solaire, le Maître

A travers 200 pièces sélectionnées des plus célèbres collections égyptiennes d’Europe et d’Amérique, Francesco Tiradritti, en coopération avec les Suisses Marie Vandenbeusch et Jean-Luc Chappaz, tente d’affirmer que le règne d’Akhénaton n’est pas un épisode sporadique dans l’histoire égyptienne. Ainsi, l’exposition commence avec une salle dédiée à la première partie de la XVIIIe dynastie. Les principales figures qui caractérisent le règne d’Akhénaton sont présentées. Une salle est dévouée aux premières années du jeune pharaon Amenhotep IV qui, après être monté sur le trône de l’Empire égyptien, avait promulgué une réforme religieuse centrée sur la déification du disque solaire : Aton. A la cinquième année de sa souveraineté, le pharaon Amenhotep IV avait changé son nom en Akhénaton et avait transféré la capitale royale à Tell Al-Amarna, une localité de la Moyenne Egypte. Plusieurs salles de l’exposition sont consacrées aux objets retrouvés parmi les ruines de cette ville qu’Akhénaton avait nommée Akhet-Aton « l’horizon d’Aton ».

Le règne d’Akhénaton avait duré 17 ans dont la fin était marquée par la venue de Toutankhamon au trône. L’exposition se termine avec une représentation des objets datant de la fin de la XVIIIe dynastie. Ainsi, lors d’une visite virtuelle, on constate que l’exposition s’ouvre sur la période qui précède l’âge amarnien ou atonien avec une tête de la statue d’Amenhotep III, père d’Amenhotep IV, le futur Akhénaton. « Cette tête vient de Cleveland et peut être considérée comme l’un des plus beaux portraits du roi. C’est l’un d’environ trente chefs-d’œuvre que représente l’exposition. Mais on a surtout songé à choisir des objets qui viennent des réserves des musées pour les montrer pour la première fois au public », commente Tiradritti. Les salles Palazzo Bricherasio présentent ainsi de petites statuettes qui proviennent de Tell Al-Amarna, la capitale atonienne.

 

Puissance du clergé

D’ailleurs, le visiteur peut admirer les caractéristiques des premières années du règne du pharaon du soleil. On y rencontre la tête d’Akhénaton de Turin. Toutes ces pièces reflètent le réalisme connu dans l’art amarnien par excellence. Mais la réalisation la plus importante du début du règne d’Amenhotep IV est sûrement la construction du Gem-Pa-Aton. Il s’agit d’un temple dédié à Aton.

A cette époque, le grand prêtre d’Amon-Rê avait acquis un pouvoir tel d’arriver à être en contradiction avec la royauté pharaonique. Cette montée d’influence avait eu lieu grâce aux immenses revenus qui parvenaient grâce aux conquêtes militaires des premiers souverains de la XVIIIe dynastie au Proche-Orient. Ainsi, pendant les débuts du règne d’Akhénaton, la puissance du clergé thébain était-elle comparable à celle du roi lui-même. A une telle compétition, voire concurrence et défi, est dédié un espace considérable dans l’exposition. Le visiteur y trouve plusieurs salles qui sont dédiées au déménagement de Thèbes à Tell Al-Amarna et à la nouvelle capitale du royaume, Akhetaton. Parmi les objets de la vie commune, on trouve aussi des chefs-d’œuvre de l’art amarnien, comme les morceaux de statues inachevées qui viennent des ateliers des sculpteurs ou la plaque qui représente le roi Akhénaton ou son épouse Néfertiti, qui a été utilisée comme logo pour l’exposition.

Pourtant, l’exposition n’a pas nié la position fondamentale d’Akhénaton au Proche-Orient et ses liens avec les pays voisins. Elle comprend en fait une lettre du roi de Babylone, Bourna-Bouriash, destinée au pharaon du soleil, Akhénaton. Dans cette lettre, le roi de Babylone se plaint de ne pas avoir reçu l’or que le souverain égyptien lui avait promis.

 

Persistance de l’art amarnien

Tous ces objets représentent en fait la deuxième partie de l’exposition, voire sa colonne vertébrale. Quant à la dernière section de l’exposition, elle traite de l’influence de l’art et de la culture amarniens sur les œuvres artistiques qui ont été produites pendant les règnes des successeurs d’Akhénaton. Dans cette section, on peut admirer des stèles et des statues qui représentent les fonctionnaires de l’Etat égyptien. Certes, c’est un retour à la tradition égyptienne, avant l’avènement d’Akhénaton, mais il n’a pas pu effacer les « doux traits et les formes exemplaires de l’art amarnien », renchérit Tiradritti. Selon lui, ces traces sont demeurées jusqu’au règne de Ramsès II.

Le règne d’Akhénaton et l’art amarnien sont-ils une réforme religieuse et artistique ? Ou bien s’agissait-il plutôt d’une question politique ? L’exposition met en évidence la position du roi et son défi qu’il avait pris en charge afin de limiter le pouvoir des prêtres thébains. Une vision ou plutôt une interprétation nouvelle du règne d’Akhénaton. Mais sûrement, elle ne sera pas l’ultime.

Doaa Elhami

Retour au sommaire

 




Equipe du journal électronique:
Equipe éditoriale: Névine Kamel- Howaïda Salah -Thérèse Joseph
Assistant technique: Karim Farouk
Webmaster: Samah Ziad

Droits de reproduction et de diffusion réservés. © AL-AHRAM Hebdo
Usage strictement personnel.
L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence

de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.