Al-Ahram Hebdo, Evénement | Une économie sous assistanat
  Président Morsi Attalla
 
Rédacteur en chef Mohamed Salmawy
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 Semaine du 4 à 10 mars 2009, numéro 756

 

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Evénement

Reconstruction de Gaza. Depuis les années 1990, les mobilisations internationales économiques en faveur des territoires palestiniens se sont succédé. Mise à mal par des conflits et des blocus à répétition, l’économie palestinienne compte sur une assistance étrangère difficilement chiffrable et controversée.  

Une économie sous assistanat 

La conférence des donateurs a des airs de déjà-vu. Et pour cause, en décembre 2007 déjà, les principaux pays donateurs s’étaient longuement concertés quant aux aides financières à réunir pour Gaza. Cette rencontre faisait suite au blocus de Gaza qui avait commencé en juin. De fil en aiguille, la communauté internationale était parvenue à réunir des fonds importants. En effet, les pays donateurs avaient promis 7,4 milliards de dollars aux Palestiniens, lors de la conférence internationale à Paris. Une promesse de dons bien supérieure aux requêtes palestiniennes. L’Arabie saoudite avait alors rejoint le trio de tête, constitué de l’Union Européenne (UE) et des Etats-Unis, pour devenir le premier bailleur de fonds arabe des Palestiniens avec une promesse de dons de 500 millions de dollars. La Commission européenne, premier donateur, avait promis 650 millions de dollars sur 3 ans. Suivie par les Etats-Unis avec 555 millions de dollars, la Grande-Bretagne (490 millions de dollars), l’Espagne (360 millions de dollars), ou encore la France et l’Allemagne. Quelque 90 délégations avaient participé à la Conférence des donateurs chargés de mobiliser les fonds pour remettre à flot l’économie palestinienne et ouvrir la voie à la création d’un Etat viable espéré pour la fin de 2008.

Avant 2007, les territoires palestiniens bénéficiaient déjà d’une aide internationale importante. En effet, l’Autorité Nationale Palestinienne (ANP) a quatre sources majeures de recettes, la plus importante étant les fonds provenant de l’étranger par le biais des mécanismes d’aide. Bien que le montant précis de ces fonds alloués à l’Autorité par les gouvernements étrangers et/ou par les agences d’aide internationale soit difficile à établir, toutes les sources s’accordent pour suggérer que le montant total reçu ces dix dernières années a été assez élevé. D’après les estimations de la PASSIA (Société académique palestinienne pour l’étude des Affaires internationales), les engagements des donateurs depuis l’établissement de l’Autorité en 1994 jusqu’en octobre 2005 se sont élevés au total à environ 6 milliards de dollars tandis que le montant effectivement déboursé pendant la même période serait d’environ 5 milliards de dollars. Le gros de ces fonds est venu des Etats-Unis, de l’UE, de divers pays de l’UE (parmi lesquels la Suède, le Royaume-Uni l’Allemagne et la France sont les plus importants), du Japon, de la Banque mondiale et des pays arabes. Les analyses montrent qu’environ 90 % du montant total déboursé ces dix dernières années aurait été reçu par l’Autorité palestinienne au cours des 5 dernières années. Selon M. Nigel Roberts, ancien représentant de la Banque mondiale dans les territoires palestiniens, les Palestiniens ont reçu un total de 5 milliards de dollars en 5 ans, soit un montant annuel de 300 dollars par tête. Au mois d’août 2008, pour soutenir le gouvernement, la communauté internationale lui avait versé une aide budgétaire d’environ 1,2 milliard de dollars.

 

Des mécanismes d’aide différents

Il est particulièrement difficile de vérifier quels montants d’aide étrangère ont été effectivement versés à l’Autorité palestinienne sur ces années, parce que les donateurs étrangers ont tendance à allouer des fonds aux Palestiniens par des mécanismes différents. Il existe deux formes d’aide principales — d’un côté un soutien financier direct à l’Autorité (dans les années récentes, un soutien direct pour maîtriser les déficits croissants du budget) et de l’autre côté une aide humanitaire de lutte contre la pauvreté, de soutien à des institutions et de projets d’infrastructures. Le pourcentage des sommes allouées directement à l’Autorité n’apparaît pas clairement par rapport aux sommes allouées à des ONG et des institutions internationales. Il semblerait néanmoins qu’au moins 20 % du montant versé annuellement par les donateurs étrangers est alloué directement aux ONG locales et non directement à l’Autorité. En ce qui concerne les territoires palestiniens, ce problème de chiffrage est plus aigu qu’on ne l’imagine généralement : entre aide directe (fonds à l’Autorité) et aide indirecte (fonds aux ONG locales et aux institutions internationales), la ligne est considérablement floue.

La question du financement par l’aide internationale de l’Autorité palestinienne est aussi importante et controversée que les questions qui entourent l’utilisation de cette aide. Il est impossible d’établir avec exactitude à qui elle profite. De même que la nature des dons, ces aides récurrentes posent une autre question. En vue du contexte économique actuel de crise mondiale et de récession, les aides pourraient se tarir à long terme et rien ne laisse penser que l’Autorité nationale palestinienne aurait les moyens de colmater, seule, la brèche devenue fossé.

Maude Girard

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3 questions à
Jonas Gahr Store,

ministre
norvégien des Affaires étrangères, dont le pays a coprésidé la conférence de reconstruction de la bande de Gaza, et qui dirige le Groupe de liaison des bailleurs de fonds aux Palestiniens. 

« Il n’y aura pas de reconstruction avant un accès aux territoires palestiniens » 

Al-Ahram Hebdo : Nous avons l’impression d’assister à du déjà-vu, nous oscillons entre construction, destruction et reconstruction, ne croyez-vous pas que c’est une situation peu encourageante ?

Jonas Gahr Store : Du déjà-vu, c’est une expression qui explique bien la situation. Ceci est un peu la tragédie en cours. Maintenant on discute de la reconstruction de quelque chose que nous avions reconstruite par le passé. Il y a deux choses bien différentes. D’un côté l’aide humanitaire et de l’autre la reconstruction de ce qui a été détruit. A mon avis, la vraie reconstruction n’aura pas lieu avant une solution politique du grand conflit et une fin de la division interpalestinienne.

— Mais cela fait également des années que l’on parle d’une solution au conflit palestino-israélien sans parvenir à une véritable issue ...

— Parlant de mon pays, la Norvège, qui a financé l’économie palestinienne depuis des années, il m’est difficile en tant que responsable de m’adresser au Parlement de manière répétée pour lui demander de financer puis de re-financer ce qui a déjà été financé. Ce fait me mène à souligner la nécessité d’aboutir à un règlement politique.

— Le problème qui entrave la reconstruction est politique et logistique. Pourquoi les participants n’ont-ils pas discuté de ce dernier aspect ?

— Presque toutes les délégations présentes à la conférence ont souligné dans les différents discours la nécessité d’une solution au conflit politique, car il est impossible de dissocier la politique de l’économie. Donc, avant d’entamer un processus de reconstruction de la ban de de Gaza, il faudrait trouver une sorte d’issue politique, mais ce n’est pas une question qui devait être négociée lors d’une conférence de donateurs.

— La reconstruction de la bande de Gaza sera-t-elle alors suspendue en attendant un quelconque règlement politique définitif ou provisoire ?

— Je ne dirai pas qu’elle sera suspendue, mais il n’y aura pas de reconstruction avant un accès aux territoires palestiniens. Aujourd’hui, tout le monde le sait, tous les points de passage sont fermés.

Propos recueillis par
 Samar Al-Gamal

 




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