Reconstruction de Gaza.
Depuis les années 1990, les mobilisations internationales
économiques en faveur des territoires palestiniens se sont
succédé. Mise à mal par des conflits et des blocus à
répétition, l’économie palestinienne compte sur une
assistance étrangère difficilement chiffrable et
controversée.
Une économie sous assistanat
La
conférence des donateurs a des airs de déjà-vu. Et pour
cause, en décembre 2007 déjà, les principaux pays donateurs
s’étaient longuement concertés quant aux aides financières à
réunir pour Gaza. Cette rencontre faisait suite au blocus de
Gaza qui avait commencé en juin. De fil en aiguille, la
communauté internationale était parvenue à réunir des fonds
importants. En effet, les pays donateurs avaient promis 7,4
milliards de dollars aux Palestiniens, lors de la conférence
internationale à Paris. Une promesse de dons bien supérieure
aux requêtes palestiniennes. L’Arabie saoudite avait alors
rejoint le trio de tête, constitué de l’Union Européenne
(UE) et des Etats-Unis, pour devenir le premier bailleur de
fonds arabe des Palestiniens avec une promesse de dons de
500 millions de dollars. La Commission européenne, premier
donateur, avait promis 650 millions de dollars sur 3 ans.
Suivie par les Etats-Unis avec 555 millions de dollars, la
Grande-Bretagne (490 millions de dollars), l’Espagne (360
millions de dollars), ou encore la France et l’Allemagne.
Quelque 90 délégations avaient participé à la Conférence des
donateurs chargés de mobiliser les fonds pour remettre à
flot l’économie palestinienne et ouvrir la voie à la
création d’un Etat viable espéré pour la fin de 2008.
Avant 2007, les territoires palestiniens bénéficiaient déjà
d’une aide internationale importante. En effet, l’Autorité
Nationale Palestinienne (ANP) a quatre sources majeures de
recettes, la plus importante étant les fonds provenant de
l’étranger par le biais des mécanismes d’aide. Bien que le
montant précis de ces fonds alloués à l’Autorité par les
gouvernements étrangers et/ou par les agences d’aide
internationale soit difficile à établir, toutes les sources
s’accordent pour suggérer que le montant total reçu ces dix
dernières années a été assez élevé. D’après les estimations
de la PASSIA (Société académique palestinienne pour l’étude
des Affaires internationales), les engagements des donateurs
depuis l’établissement de l’Autorité en 1994 jusqu’en
octobre 2005 se sont élevés au total à environ 6 milliards
de dollars tandis que le montant effectivement déboursé
pendant la même période serait d’environ 5 milliards de
dollars. Le gros de ces fonds est venu des Etats-Unis, de
l’UE, de divers pays de l’UE (parmi lesquels la Suède, le
Royaume-Uni l’Allemagne et la France sont les plus
importants), du Japon, de la Banque mondiale et des pays
arabes. Les analyses montrent qu’environ 90 % du montant
total déboursé ces dix dernières années aurait été reçu par
l’Autorité palestinienne au cours des 5 dernières années.
Selon M. Nigel Roberts, ancien représentant de la Banque
mondiale dans les territoires palestiniens, les Palestiniens
ont reçu un total de 5 milliards de dollars en 5 ans, soit
un montant annuel de 300 dollars par tête. Au mois d’août
2008, pour soutenir le gouvernement, la communauté
internationale lui avait versé une aide budgétaire d’environ
1,2 milliard de dollars.
Des mécanismes d’aide différents
Il est particulièrement difficile de vérifier quels montants
d’aide étrangère ont été effectivement versés à l’Autorité
palestinienne sur ces années, parce que les donateurs
étrangers ont tendance à allouer des fonds aux Palestiniens
par des mécanismes différents. Il existe deux formes d’aide
principales — d’un côté un soutien financier direct à
l’Autorité (dans les années récentes, un soutien direct pour
maîtriser les déficits croissants du budget) et de l’autre
côté une aide humanitaire de lutte contre la pauvreté, de
soutien à des institutions et de projets d’infrastructures.
Le pourcentage des sommes allouées directement à l’Autorité
n’apparaît pas clairement par rapport aux sommes allouées à
des ONG et des institutions internationales. Il semblerait
néanmoins qu’au moins 20 % du montant versé annuellement par
les donateurs étrangers est alloué directement aux ONG
locales et non directement à l’Autorité. En ce qui concerne
les territoires palestiniens, ce problème de chiffrage est
plus aigu qu’on ne l’imagine généralement : entre aide
directe (fonds à l’Autorité) et aide indirecte (fonds aux
ONG locales et aux institutions internationales), la ligne
est considérablement floue.
La question du financement par l’aide internationale de
l’Autorité palestinienne est aussi importante et
controversée que les questions qui entourent l’utilisation
de cette aide. Il est impossible d’établir avec exactitude à
qui elle profite. De même que la nature des dons, ces aides
récurrentes posent une autre question. En vue du contexte
économique actuel de crise mondiale et de récession, les
aides pourraient se tarir à long terme et rien ne laisse
penser que l’Autorité nationale palestinienne aurait les
moyens de colmater, seule, la brèche devenue fossé.
Maude
Girard