Une mauvaise surprise !

Makram M. Ahmad

Il semble qu’un changement important est survenu sur la nature du problème démographique en Israël. Ce changement est à même de bouleverser certaines convictions et idées, sur lesquelles les Arabes avaient longtemps compté. Les Arabes étaient convaincus que le temps œuvrait à leur intérêt, quelle que soit l’intransigeance d’Israël ou le temps qu’il restera dans les territoires occupés. Et ce parce que les taux de fertilité chez les habitants palestiniens au sein d’Israël et en Cisjordanie sont de loin plus élevés que ceux des habitants juifs d’Israël. Par conséquent, dans quelques décennies, dans 50 ans au maximum, le nombre des Arabes dépassera celui des juifs. Ces derniers se trouveront alors obligés d’accepter la réalité démographique qui s’imposera inéluctablement. Il deviendra alors impossible de parvenir à une formule de coexistence entre la majorité arabe et les habitants juifs dans le cadre d’un seul pays où tous les habitants ont le droit de vote et de candidature selon une seule voix pour chaque citoyen. C’est ainsi que se répétera ce qui s’est passé en Afrique du Sud, lorsque la minorité raciste blanche n’a trouvé d’autre alternative que de reconnaître le droit de la majorité noire de diriger le pays, car les critères de l’époque ne leur permettront pas d’exterminer les citoyens noirs qui représentent la majorité des habitants.

C’est à cause des dangers que représente le problème démographique sur l’avenir d’Israël qu’Ariel Sharon s’était empressé de se retirer de la bande de Gaza et de l’évacuer de tous les colons. Conserver Gaza, qui représente en soi un lourd fardeau au sein d’Israël, représentait une menace au judaïsme de l’État hébreux, surtout avec la hausse des taux de croissance démographique des Palestiniens. Le retrait de la bande de Gaza faisait partie d’un large plan visant à renforcer la majorité juive à l’ouest du Jourdain, au sein d’Israël et en Cisjordanie et à réduire au minimum la croissance démographique arabe afin de conserver aux Juifs leur majorité démographique. Et ce, même si ceci survient dans une étape ultérieure à travers l’exode obligatoire des habitants arabes vers la bande de Gaza ou vers l’État palestinien prévu, comme le réclame le leader du parti Israël beiteinou, Avigor Liberman.

Le Bureau central des statistiques en Israël a dernièrement publié ce qu’il a considéré comme bonne nouvelle pour les Israéliens pouvant servir de fondement à une nouvelle politique démographique. Il a déclaré que le nombre d’habitants juifs au sein d’Israël et de la Cisjordanie avait augmenté entre 1995 et 2007 de 117 mille habitants, avec un taux de croissance de plus de 45 %, à cause de l’augmentation des naissances chez les immigrés provenant de l’Union soviétique. Ce alors que la hausse démographique des Arabes d’Israël et des habitants de la Cisjordanie est restée dans les alentours de 39 mille habitants, à cause de nombreux changements ayant influencé le taux de croissance démographique chez les Arabes. Les plus importants sont l’immigration en dehors d’Israël et de la Cisjordanie, le planning familial dans les nouvelles familles palestiniennes à cause des mauvaises conjonctures économiques, du recul de l’âge du mariage, de la croissance de l’éducation de la femme et de la hausse des divorces dans les nouvelles familles.

Dans le cadre de ces nouvelles réalités, le Bureau israélien des statistiques a invité le prochain gouvernement israélien à adopter de nouvelles politiques démographiques. Ce afin de renforcer la majorité juive au sein d’Israël et en Cisjordanie, d’encourager l’immigration des juifs à partir des pays du sud de l’Afrique et de l’Amérique latine, d’augmenter les facteurs d’attraction des habitants juifs au sein de Jérusalem, à travers l’augmentation des investissements et des offres d’emploi et enfin de fonder une organisation mondiale juive chargée d’augmenter les taux de fertilité au sein de la famille juive.

Malgré ces réalités retentissantes qui peuvent changer radicalement les donnes de la pensée arabe autour du problème démographique en Israël, aucun centre d’études arabe ou palestinien, malgré leur grand nombre, n’a émis de commentaires.