Al-Ahram Hebdo,Monde Arabe | L’union introuvable
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 Semaine du 4 au 10 février 2009, numéro 752

 

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Palestine. Le Fatah et le Hamas se sont lancés dans des critiques et des accusations mutuelles qui éloignent l’espoir d’une réconciliation prochaine, malgré l’offensive israélienne sur Gaza. 

L’union introuvable 

L’on s’attendait, peut-être avec un peu trop d’optimisme, à ce que l’offensive meurtrière sur le peuple palestinien de Gaza unisse, ou du moins rapproche, les vues politiques. Loin de là, hélas. Les dirigeants palestiniens semblent plus divisés que jamais. Tel est le plus triste des constats à la suite de l’offensive israélienne, qui a fait plus de 1 300 morts et causé d’énormes destructions dans un territoire pauvre et asphyxié par des mois de blocus.

Deux semaines en effet après la fin de l’opération militaire, et au moment où les termes de la trêve sont encore en discussion, le ton est gravement monté entre le Hamas et le Fatah. Lundi, le Hamas a réclamé « une restructuration immédiate » de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), cette organisation historique qui a lancé la lutte palestinienne. C’est Oussama Hamdane, représentant du Hamas à Beyrouth, qui l’a déclaré à l’AFP, appelant à une intégration à l’OLP du Hamas et du Djihad islamique et accusant le président palestinien, Mahmoud Abbas, d’entraver un accord de 2005 qui aurait permis l’intégration des islamistes au sein de l’OLP. Selon Hamdane, cet accord « prévoyait la mise en place d’un comité sous la présidence de (Mahmoud) Abbas pour décider de la restructuration de l’OLP, mais il a refusé de convoquer une seule réunion de ce comité et c’est lui qui a entravé » le processus.

Une déclaration qui intervient au lendemain d’une menace lancée par le président palestinien à partir du Caire, où il a affirmé qu’aucun dialogue sur la réconciliation inter-palestinienne n’aurait lieu « avec ceux qui ne reconnaissent pas l’OLP ». « Ils doivent reconnaître (...) que l’organisation est le seul représentant légitime du peuple palestinien et après cela, (il pourra y avoir) dialogue ».

Mahmoud Abbas faisait allusion à l’appel lancé, la semaine passée, par le chef du bureau politique en exil du Hamas, Khaled Mechaal, en faveur d’une nouvelle structure représentant « le peuple palestinien à l’intérieur et dans la diaspora ». Mechaal avait fait part de son intention de mettre en place avec d’autres factions radicales une nouvelle structure représentant les Palestiniens à la place de l’OLP. Cette centrale, dirigée par le président Abbas, également chef du Fatah, le rival du Hamas, regroupe les principaux mouvements nationalistes palestiniens et chapeaute l’Autorité palestinienne, mais le Hamas n’en fait pas partie. « Le Hamas doit revenir sur cette déclaration faite par Khaled Mechaal », a aussi insisté M. Abbas. Réponse du Hamas : « Cela signifie qu’il ne veut pas que ce dialogue réussisse », a dit Oussama Hamdane. M. Abbas a également affirmé que l’ouverture permanente du terminal de Rafah devait intervenir après une réconciliation entre Palestiniens et aux termes de l’accord de 2005, selon lequel des représentants de l’Autorité et des observateurs européens doivent être présents à ce point de passage entre l’Egypte et la bande de Gaza. Le Hamas, lui, veut un accord de trêve, la levée du blocus israélien imposé à Gaza et la réouverture des points de passage avant d’entamer un processus de réconciliation.

 

Rivalité entre deux axes régionaux

Mahmoud Abbas s’en est ainsi violemment pris au Hamas, l’accusant, sans le nommer, d’avoir joué avec la vie et l’avenir des Palestiniens et d’avoir servi des intérêts étrangers. « Ces gens ont risqué la vie du peuple (...), le sang du peuple, la destinée du peuple, le rêve et l’espoir du peuple d’établir un Etat palestinien indépendant », a martelé M. Abbas qui, bien qu’il ne contrôle plus que la Cisjordanie, demeure le principal interlocuteur de la communauté internationale. « Et pourquoi ? En toute franchise, à cause d’agendas qui ne sont pas palestiniens ». Le mot a été donc lancé. Le président palestinien fait ainsi du différend interne une question régionale.

Certains experts en effet estiment qu’une réconciliation entre Mahmoud Abbas et le Hamas se heurte à la rivalité, attisée par la récente guerre à Gaza, entre deux axes régionaux : Iran-Syrie d’un côté, Arabie saoudite et Egypte de l’autre. Après l’offensive israélienne, le Hamas a proclamé une « victoire » qu’il entend mettre à profit pour obtenir une légitimité de son pouvoir dans le territoire, acquis après en avoir délogé le Fatah de M. Abbas lors d’un coup de force en 2007. Le Hamas, majoritaire au Parlement, est soutenu par la Syrie, siège du bureau politique du mouvement, et l’Iran, deux bêtes noires de Washington. M. Abbas bénéficie, lui, de l’appui de l’Egypte et de l’Arabie saoudite, les puissances régionales alliées des Etats-Unis. Quant au Qatar, qui abrite une base militaire américaine et un bureau d’intérêt israélien, il s’est paradoxalement rangé du côté de l’axe Téhéran-Damas. « La région est devenue tellement polarisée et cela rend toute réconciliation (interpalestinienne) extrêmement difficile à réaliser », souligne Nicolas Pelham, analyste à l’International Crisis Group, cité par l’AFP. « Toutes les parties se sont emparées de la question de Gaza, devenue un point focal accentuant la polarisation. Un énorme jeu se déroule dans la région » et entrave toute entente palestinienne, ajoute-t-il.

A la veille de sa diatribe contre l’OLP en effet, M. Mechaal et d’autres chefs de factions palestiniennes ont été reçus par le président syrien Bachar Al-Assad, qui les a exhortés à « exploiter politiquement la victoire de Gaza ». Le porte-parole du Fatah, Ahmad Abdelrahmane, a immédiatement réagi, dénonçant, sans citer la Syrie nommément, une « basse interférence dans les affaires nationales palestiniennes » et appelé « ceux qui complotent contre nous dans telle ou telle capitale à retrousser les manches et à résister pour libérer leur terre », une allusion au plateau du Golan conquis par Israël à la Syrie.

Des jeux internes et régionaux complexes, des divisions dangereuses qui font finalement le jeu d’Israël. L’absence d’une direction palestinienne unifiée lui donne un prétexte pour ne rien céder dans les négociations de paix et durcir sa position de plus en plus, au moment où la droite s’apprête à revenir au pouvoir en Israël.

Abir Taleb

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