La poétesse égyptienne
Yousria Abdel-Aziz
s’attache à un univers lyrique où domine le thème de
l’amour. Nous publions quelques vers de ses recueils Limaza
(pour quelle raison ?), Achaar menk (des poèmes de toi) et
Ilayka wogoudi (à toi mon existence), parus aux éditions
Al-Chourouq.
Pour quelle raison ?
Pour quelle raison as-tu abandonné
Les belles nuits
Et elles t’ont paru futiles
Les fleurs du bouquet ?
Et tes paroles se sont dissipées comme le coucher du soleil
Et tes lettres sont tombées.
Elles semblent assassinées ?
Pourquoi as-tu créé
Une discorde et une guerre
Et préparé à la rupture
Des chemins et des sentiers,
Et tu as avivé, après cet amour,
Le feu du combat
Et tu as échangé l’amour
A vil prix ?
Pourquoi as-tu provoqué le départ
Et préféré l’abandon
Et un long voyage
Et tu as rompu la bouée de sauvetage
Et offert au feu
Le plus délicieux des morts ?
Pourquoi la tyrannie t’a dominé
Et tes yeux ont refusé
Chaque appel
Et tu as asséché l’eau des ruisseaux
Et tu as armé pour la destruction toutes les lamentations
Et tu es allé prévoir une compensation ?
Pourquoi tes vents
Viennent-ils en étrangers
Ils chavirent mes arbres sur la route
Et ton tonnerre paraît troublant
Et ta pluie n’atténue pas
L’incendie ?
Pourquoi tes fruits sont amers
Et ta terre ne donne pas un ami
Et ta mer est un rocher rebelle et la mort
Et tes rivages ne protègent pas le noyé ?
Pourquoi as-tu esquissé la fin,
Vendu les pages du roman,
Eteint toute lueur d’espoir,
Négligé tout ce qui avait un sens,
Et réprimé toutes les vérités ?
Pourquoi as-tu commencé les combats
Et embrasé les plus cruelles des guerres
Et changé tous les sentiments
Auxquels tu as barré le chemin ?
Pour quelle raison as-tu moissonné les rochers de la mer,
Défini une forme au visage du jour,
Abîmé les roses du jardin
Et changé le visage de la vérité,
As-tu appelé cela une victoire ?
Sensation
Celle que j’aime est belle
Et habite la lune,
Ou bien disons
Elle est la pleine lune.
Je vis à l’ombre de sa grandeur
Et j’adore le voyage.
La chaleur plein le cœur
Lutte avec la lassitude
Se fond dans mes veines
Et écrase les rochers
S’écoule entre mes yeux
Et les nuits blanches
Elle a habité les cavernes de mon cœur
et elle est devenue
Un destin
Elle a vaincu les ténèbres de mon âme.
Et son armée a connu la victoire.
Ma bien-aimée
Je dis qu’elle a sonné
Le commencement de ma vie
Avec elle.
Et j’ai philosophé ma vie
Comme une théorie pour elle.
Elle m’a enroulé à l’intérieur
Des tresses de ses cheveux.
Et des mers m’ont noyé,
Dont la tendresse déborde.
Et j’ai échangé mes veines
Avec l’eau de son parfum.
Et j’ai formé mes côtes
Selon la dimension de son cœur
Et elle a arrêté le sentiment que j’ai
Qui mime son amour
Et elle m’a fait habiter des paradis
Aux jardins chatoyants.
Ma bien-aimée ressemble
A la fée de sa douleur.
Modification
Je suis las de tous les lieux
Et de toutes … toutes les routes.
Je souhaite dans ma vie
Si je pouvais me dissoudre
Et battre le pavé des villes,
Et lorsque je m’absente,
Le brouillard m’entoure,
La neige m’enveloppe.
Elle m’a châtié, un jour
Ma petite ville
Et a dénigré mon existence.
Par elle j’ai aspiré à sortir
Même si mon chemin
Porte chez elle mon nom
Et même si mon parfum
Vibre dans sa mer
Mais, à la fin,
Elle est devenue un port.
Ma petite ville
Est devenue grande
Et le tapage lui a bien plu.
Reproche
Tu m’as habitué
A un hiver éphémère
Et à une nuit sans étoiles
Brève …
Et un été où la chaleur s’accentue,
Avec un coin d’amour
Où il y a de l’ombre.
Je me suis habitué aux brisures des vagues
Dans les tempêtes
Et dans les instants frivoles
La vanité des émotions,
Je me suis habitué …
Le rivage de la raison en toi
Domine
Les roches de l’écume.
Et le désir d’amour.
— Recueil Achaar menk (des poèmes de toi).
Ô ÔChahriyar
Ô oiseau des songes,
Est-ce moi la fleur du jeune amour
Tu me donnes ton sang et tu trouves suave
Ta blessure naissante
Et tu chantes ta mélodie altérée
Ta musique vagabonde
Et tu soupires après le frissonnement des chagrins
Et les histoires de l’éternité
Est-ce moi la sirène des mers
Venue des légendes de la passion
De la lointaine existence
Est-ce moi un présage des destinées
Je vis mille jours
Et je joins mille nuits
Aux nuits … Chahriyar ?
Je suis une tache de lumière qui brille ?
Un instant d’éblouissement ?
Qui ferait vivre ton rêve dans la nuit
Jusqu’à ce qu’il voie le point du jour ?
— Recueil Ilayka wogoudi (à toi mon existence).
Je voyage avec ma lettre
Libre … Je le suis maintenant,
Mes pas,
Je ne marche pas dans un sillage
Je n’attends pas
L’apparition de la lune
Aucune complainte dans la nuit
Aucune veillée …
Et mon monde est vaste
Infini
***
Aucun désarroi dans le choix
De mon habit
Et mes pas
C’est moi qui les détermine sur mon chemin
Et je détermine aussi …
Les battements de mon cœur
Et mon monde est vaste
Infini
***
Libre …..
Je le suis maintenant
O mon monde
Je voyage avec ma lettre
A chaque
Moment
Et je vogue avec mon désir
Dans chacun
De mes yeux.
Mon imagination est ardente
Où, je ne sais ?
Et mon monde à moi
Est vaste … Infini.
(4e de couverture)
Je ne crois pas un mot
Tu mens !
Je connais ta manière d’être sérieuse
Et comment tu es ironique
Comment tu achèves les tempêtes,
Et ta façon de commencer.
Traduction de Suzanne Lackany