Gaza.
Les bombardements israéliens n’ont pas seulement eu des
conséquences désastreuses sur la vie quotidienne des
Palestiniens, mais ils ont aussi dégradé durablement leur
environnement, déjà fortement mis à mal avant l’offensive.
L'autre face de la guerre
Est-il
légitime de se préoccuper des conséquences environnementales
d’une guerre ? La réponse est oui, puisqu’un écosystème
équilibré est indispensable pour garantir une vie
respectueuse des droits humains, comme respirer de l’air non
pollué ou encore jouir d’un réseau d’eau potable. Mais
qu’elle soit longue ou courte, la guerre laisse derrière
elle des blessures sur les corps et les âmes, mais aussi sur
la terre, les ressources et les écosystèmes en général. Et
contrairement aux blessures corporelles, l’écosystème a
besoin de beaucoup plus de temps pour se remettre.
En réalité, les Palestiniens vivent depuis des années dans
un enfer environnemental quasi permanent. La nature a été
complètement détruite, les arbres ne sont plus, l’air est
pollué, l’eau et même les nappes phréatiques sont de plus en
plus souillées par des produits chimiques et autres
bactéries. Les ordures ne sont pas ramassées régulièrement.
Elles brûlent jour et nuit, dégageant des vapeurs irritantes
et de la dioxine provenant des plastiques. Plus encore, les
terres cultivables ont été détruites, les espèces sauvages
ont disparu ... Le cas de Gaza, en matière de destruction de
l’environnement, est très significatif. « Cela n’a pas
commencé hier, mais les Gazaouis ont été obligés de
s’adapter à vivre dans les conditions environnementales les
plus détériorées. Ils font face à toutes sortes de
pollution. Ce qui explique la propagation des maladies
pulmonaires et des intoxications », explique Fatma Al-Mallah,
responsable du département de l’environnement, de l’habitat
et du développement durable au sein de la Ligue arabe. Tout
en ajoutant que le cas est presque identique dans tous les
pays en guerre comme l’Iraq ou le Liban par le passé. La
pollution de l’eau est l’une des plus dangereuses, car selon
les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
l’eau polluée tue chaque année un nombre beaucoup plus
important de personnes que le sida.
Rapport dans les tiroirs de l’Onu
Ainsi l’avenir des habitants de Gaza est-il plus
qu’incertain en raison des conditions environnementales
défavorables. La situation environnementale avant les
bombardements d’Israël évoquait déjà des risques croissants
de crise sanitaire découlant de l’absence d’entretien des
infrastructures de traitement des eaux et des eaux usées,
due aux mesures de sécurité adoptées par Israël sur
l’importation d’énergie, pompes, tuyaux et autres pièces
indispensables à un fonctionnement correct des réseaux dans
Gaza.
Depuis mai 2007, 149 réservoirs de la bande de Gaza n’ont
pas été ravitaillés en carburant et n’ont pas non plus été
entretenus, en raison du manque de pièces de rechange. Par
conséquent, 15 % de la population de Gaza (225 000
personnes) ne reçoivent de l’eau que durant deux heures par
jour.
Pire encore, la qualité de l’eau n’a pas été testée depuis
longtemps, puisque les laboratoires d’analyse n’ont pas été
en mesure d’importer les produits chimiques nécessaires pour
effectuer des tests. Les analyses effectuées par l’OMS il y
a plusieurs années avaient pourtant conclu que l’eau de Gaza
n’était pas consommable sans risques sérieux pour la santé.
L’Autorité de la qualité de l’environnement en Palestine a
de son côté souligné, dans un communiqué de presse, la
détérioration de la situation environnementale et
humanitaire dans la bande de Gaza, qui s’aggravait avant le
déclenchement de la dernière guerre. Avant celle-ci, le
président de l’Autorité de la qualité de l’environnement en
Palestine, le Dr Youssef Abou-Safiya, avait envoyé deux
messages décrivant la situation environnementale détériorée,
l’un à Achim Steiner, directeur exécutif du Programme des
Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), et l’autre au Dr
Habib Al-Habr, directeur régional du bureau du PNUE pour
l’Asie occidentale.
Abou-Safiya avait essayé d’expliquer l’ampleur de la
souffrance due à la détérioration de l’environnement tout en
invitant les deux responsables à se rendre dans la bande de
Gaza pour qu’ils constatent eux-mêmes de leurs propres yeux
la situation sur le terrain. De plus, il y a quelques
années, le PNUE avait très bien décrit la situation
environnementale dans un rapport qui était à la fois prudent
et courageux, mais qui a fini dans les tiroirs des
Nations-Unies et d’un certain nombre de gouvernements. Ces
rapports devraient pourtant faire réfléchir à la mise en
place d’un système de dédommagement contraignant l’auteur de
dégradations environnementales à les réparer.
Dalia
Abdel-Salam