Palestine.
En 1947, le plan de partage entre Arabes et juifs est voté
aux Nations-Unies. Un Etat israélien naît. Mais son voisin
palestinien ne voit jamais le jour et sa superficie
théorique se réduit aujourd’hui à une peau de chagrin.
Réduite et laminée, bientôt effacée ?
«
La solution passe par la création de deux Etats indépendants
et souverains ». A l’exception des Israéliens, la
déclaration revient sur toutes les lèvres comme seule issue
au conflit israélo-palestinien. Les Palestiniens le veulent,
les Arabes, les Européens et encore les plus israélites à
Washington, comme George Bush, ne manquent pas de l’annoncer.
Un simple coup d’œil sur la carte permet pourtant de saisir
l’ampleur de la « catastrophe ». D’un Etat cohérent avec des
territoires liés, la Palestine ressemble plus à des cailloux,
à des îlots séparés qui ne pourront pas engendrer un Etat
viable. Toujours sur cette carte, le territoire qui reste
pour un futur Etat palestinien ne représente plus qu’un peu
moins de 10 % de la superficie totale de la Palestine
historique, soit environ 4 % du fameux plan de partage.
C’était il y a exactement 62 ans, une journée d’hiver, que
les Nations-Unies décident de diviser la Palestine qui
devrait bientôt se débarrasser du mandat britannique. Un peu
à la volonté de Théodore Herzl, fondateur du sionisme, mais
pas entièrement, la Palestine mandataire devait être
partagée en deux Etats, un pour les Arabes, l’autre pour les
juifs et un régime international pour Jérusalem et ses lieux
saints. En chiffres, ceci voudrait dire que les Arabes, qui
comptaient alors plus de 1,3 million d’habitants,
obtiendront 44 % des territoires et les juifs avec leur 500
000 habitants se procureront la partie la plus grande. Les
Arabes rejettent un « partage injuste », Israël ne le
respecte pas non plus, il garde le contrôle des territoires
qui lui étaient dévolus ainsi que Jérusalem-Ouest et une
partie des territoires dévolus à l’Etat arabe. Des guerres
éclatent, les choses se compliquent et au fil des années,
les Israéliens confisquent et occupent davantage de terres.
La guerre de 1948 permet aux Israéliens d’occuper encore 40
% des territoires censés être arabes. Un tabou. Plus
personne n’ose évoquer un retour au plan de partage, cette
résolution 181, d’autant plus qu’une vingtaine d’années plus
tard, les frontières fictives de ces deux Etats ont été
entièrement bouleversées. La guerre israélienne de 1967
engendre un autre tracé. Une nouvelle résolution 242 engage
Israël à se retirer des territoires occupés cette année,
marquant ainsi une nouvelle référence dans les négociations.
En chiffres également, les frontières de 67 équivalent à
22,9 % de la superficie de la Palestine mandataire, soit
environ la moitié de ce qui a été décidé dans le plan de
partage.
Autorité
que sur environ 40 % des territoires
Sur le
terrain, on n’est pas encore là. Israël occupe avec cette
guerre la partie Est de Jérusalem et des territoires
alentours, s’efforce de modifier son caractère et procède à
une judaïsation systématique de la Ville Sainte (lire page
4). On implanta et implante encore des colonies civiles dans
les territoires occupés, à Jérusalem, en Cisjordanie et à
Gaza avant que l’armée israélienne ne l’évacue en 2005. Les
accords d’Oslo ne changent pas grand-chose dans ce « fait
accompli » que les Israéliens cherchent à imposer. Certes,
une importante partie des zones habitées par des
Palestiniens a reçu une autonomie plus ou moins complète
après ces accords, avec un statut de « territoires autonomes
palestiniens ». Cependant, Israël continue d’en contrôler et
souvent d’en fermer les accès et y mène des opérations
militaires systématiques. Entre la signature des accords
d’Oslo en 1993 et 1999, date à laquelle lesdits accords
prévoyaient la création de l’Etat palestinien indépendant,
le nombre de colons en Cisjordanie et à Gaza a plus que
doublé. « L’indépendance accrue », dont devraient bénéficier
les Palestiniens, ne viendrait jamais.
Concrètement, l’Autorité palestinienne n’a d’autorité que
sur environ 40 % des territoires décidés par Oslo et si
Israël s’est retiré de la bande de Gaza, qui ne fait que 360
km2, Tsahal continue à contrôler ses frontières terrestres,
maritimes et son espace aérien. En Cisjordanie, c’est une
autre politique. Un mur. Des blocs en ciment et des barbelés
qui devraient atteindre 731 km de long, séparent entièrement
Jérusalem de la Cisjordanie et isole de facto 200 000
Palestiniens de Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie. Ce
mur de séparation pénètre profondément à l’intérieur de la
Cisjordanie et empiète profondément sur son territoire.
Selon les calculs, le non-retour aux frontières de 1967 et
la construction du mur conjugués correspondent à l’annexion
de soit 78 % de la superficie totale de la Cisjordanie, avec
aucun accès au Jourdain, ou à la mer Morte. Juste un détail,
cette situation permet à Israël de contrôler et de
confisquer toutes les réserves en eau, en territoires
palestiniens. Les frontières d’un hypothétique Etat
palestinien ont ainsi reculé de 43 % de la superficie totale
sous le plan de partage à 10 % aujourd’hui et ces énièmes
négociations et renégociations, accords, plans et ententes
visent simplement à permettre aux Palestiniens d’arriver à
22 %, pour créer un Etat. A quoi ressemblera-t-il? Nul ne le
sait.
Samar
Al-Gamal