Changements Climatiques.
Le dernier Sommet mondial sur la sécurité alimentaire a mis
l’accent sur ce phénomène qui menacerait la productivité
agricole, notamment dans les deltas des fleuves. L’Egypte
met les coudées franches afin d’y faire face.
Menaces sur le Delta
Que
les scientifiques en Egypte s’accordent ou non sur le
phénomène des changements climatiques et leurs répercussions
sur le Delta égyptien, le niveau de ce dernier est menacé de
diminuer à cause du manque du limon qui venait avec l’eau du
Nil avant la construction du Haut-Barrage d’Assouan.
Autrement dit, la submersion du Delta égyptien est confirmée
par les études des instances égyptiennes agricoles qui
insistent sur le fait que la productivité des terrains
arables situés dans cette superficie est menacée. La
question se pose alors sur les préparatifs pour faire face à
cette catastrophe naturelle, notamment après l’avertissement
du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire tenu à Rome au
siège de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO), qui s’est clôturé le 18 novembre courant. Il a
exhorté les pays développés à aider les pays moins avancés
et en développement afin de lutter contre les répercussions
négatives de ce phénomène sur la productivité agricole dans
les deltas des fleuves. Le rapport du sommet prévoit une
diminution de la productivité de 20 à 40 % en Afrique. Pour
ce qui est de l’Egypte, toutes les instances dans les
ministères concernés œuvrent depuis des années afin de
trouver une solution à cette catastrophe. Et ce, en sachant
que la superficie des terrains agricoles dans le Delta
s’élève à 3 millions de feddans sur un total de 8 millions
en Egypte, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture.
La production s’élève à environ un tiers de l’ensemble de la
production agricole. « En 1994, le laboratoire central pour
le climat, relevant du Centre de Recherches Agricoles (CRA)
a été créé pour se charger de surveiller tout ce qui
concerne le climat, les changements climatiques et leurs
impacts sur plusieurs aspects de la vie en Egypte. La
stratégie du ministère de l’Agriculture et de la
Bonification des terres consiste à adopter un processus
d’adaptation avec les changements climatiques. Il s’agit de
bonifier de nouveaux terrains loin de toute probabilité
d’augmentation du niveau de la mer, d’avoir de nouvelles
variétés supportant les nouvelles conditions climatiques,
notamment l’augmentation de la température et du niveau de
salinité ainsi que la diminution des pluies », explique
Aymane Abou-Hadid, président du CRA. Et de préciser : « Le
ministère de l’Agriculture en Egypte est conscient de toutes
les menaces des changements climatiques sur la production
agricole. Si nous parlons de trois millions de feddans dans
le Delta, il s’agit d’un million qui sont menacés de
submersion. Nous faisons de notre mieux dans les limites de
notre capacité dans la question de la production agricole.
Parallèlement, les instances relevant du ministère de
l’Agriculture œuvrent pour bonifier de nouvelles zones dans
le désert, et les responsables concernés discutent
actuellement de plusieurs projets pour protéger les côtes du
Delta contre l’augmentation du niveau de l’eau de la
Méditerranée ».
Tentatives de protection
le
Centre de Recherches sur le Désert (CRD), qui relève du
ministère de l’Agriculture, constitue l’un des acteurs
importants dans la lutte contre les impacts des changements
climatiques. Sa mission principale consiste à développer les
zones désertiques en Egypte et de lutter essentiellement
contre la désertification. Alors que le CRA se charge des
terrains agricoles nommés anciens qui se situent dans le
Delta, le CRD est responsable de nouvelles zones comme
Tochka, au sud du pays. « Notre travail consiste à s’étendre
verticalement. Ce qui veut dire cultiver des variétés
supportant la température, la moindre quantité d’eau et la
sécheresse. Nous avons déjà réussi à planter une variété de
blé et de canne à sucre au Sud-Sinaï en se servant des eaux
souterraines. Ce qui nous intéresse c’est la productivité.
Nous avons réussi jusque-là. Notre principe est de cultiver
selon les ressources disponibles », indique Mohamad Abbass,
vice-président du CRD.
L’association Hamza à la rescousse
Sur le
plan de la protection des côtes du Delta, un des projets
proposé est celui de l’association Hamza qui l’a soumis aux
scientifiques écologiques depuis 2007. Le projet a fait
l’objet de maints colloques et programmes télévisés. « Il
s’agit de construire, selon une certaine technique, un mur
de 300 kilomètres de long sur la côte du Delta, de 60-80 cm
de hauteur et de 20-25 mètres de profondeur. Afin de faire
face à la salinité des sols donnant sur la Méditerranée, il
est question également d’un mur érigé d’une matière
empêchant l’infiltration de l’eau salée. En parallèle, des
constructions sont à bâtir sur les entrées des ports de
Damiette et de Rosette ainsi que sur les lacs du nord. Le
coût de ce projet s’élève à 20 milliards de L.E. qui
pourraient être octroyées par les pays développés ayant
causé les changements climatiques par leurs émissions »,
explique Mamdouh Hamza, auteur du projet et président de
l’association Hamza qui a réalisé beaucoup de projets en
Egypte et dans d’autres pays dans plusieurs domaines. Selon
lui, toutes les instances concernées devraient se concorder
pour faire face à cet ennemi du futur, à savoir la nature,
en se servant des expertises locales.
L’impact
négatif des changements climatiques sur le Delta exige la
coordination et la coopération de tous les ministères
concernés de l’Etat et non pas un travail unilatéral. « Un
plan officiel qui englobe tous les secteurs affectés par les
changements climatiques n’existe pas encore. Le ministère de
l’Irrigation et des Ressources hydrauliques, le plus
concerné par cette question, possède toutes les capacités
pour surveiller le Nil et les ressources de l’eau en Egypte.
Juste une action unie et sérieuse de toutes les instances
pourrait être efficace pour l’intérêt public », assure
Bayoumi Attiya, conseiller du ministre de l’Irrigation.
La
situation est tellement critique qu’elle exige une action
d’urgence au niveau de l’Etat pour faire face à cette
catastrophe naturelle.
Racha
Hanafi