Initiative.
Les étapes de la construction d’un musée subaquatique pour
les trésors engloutis d’Alexandrie avec l’aide technique de
l’Unesco ont commencé. Etat des lieux.
Plonger pour admirer
Après
un long oubli, Alexandrie occupe à nouveau, depuis quelques
années, la une des médias et passionne le grand public par
le grand musée sous-marin que le ministère de la Culture a
l’intention de créer. Dans ce musée, seront exposés les
vestiges submergés et trouvés dans la baie d’Abouqir. En
fait, les spectaculaires fouilles sous-marines de Jean-Yves
Empereur, à la recherche du fameux Phare, et de Franck
Goddio, à la recherche du palais de Cléopâtre, ont apporté
leur moisson d’images, toutes plus extraordinaires les unes
que les autres. Maintenant tout le monde pourra contempler
ces trésors surgissant des eaux où ils dormaient depuis
bientôt 2000 ans : fragments d’obélisques, sphinx, statues
colossales de pharaons, etc., autant de témoins de la
permanence de l’Egypte pharaonique au travers des siècles.
A la suite de la découverte et du repêchage partiel de ces
statues et de beaucoup d’autres objets précieux, le
ministère égyptien de la Culture a débattu de la faisabilité
de la construction d’un musée subaquatique dans cet
environnement exceptionnel. Le ministère a demandé l’aide à
l’Unesco qui a accepté d’accorder l’aide technique
nécessaire pour la construction de ce grand musée.
Outre l’exposition d’objets archéologiques, le musée
pourrait également constituer un endroit où seraient établis
des principes pour la gestion des collections, la recherche
et la présentation du patrimoine culturel subaquatique où se
tiendraient les activités de formation et d’entraînement et
où se trouveraient des installations facilitant
l’interprétation des trouvailles. « Le musée devrait
proposer un espace d’exposition hors de l’eau, afin de
pouvoir expliquer les vestiges sous-marins et présenter les
objets retrouvés ainsi qu’un espace sous l’eau pour les
visiteurs qui correspondrait aux zones archéologiques
principales, facilement accessibles depuis la côte dans la
façon d’un aquarium, prolongé par des tubes sous-marins qui,
s’enfonçant dans la baie d’Alexandrie, montrerait le travail
des archéologues sous-marins sur les pièces antiques »,
explique Farouk Hosni, ministre de la Culture.
Ces tubes permettront aux visiteurs de contempler les grands
vestiges engloutis comme les débris du palais de Cléopâtre
sur l’île millénaire d’Antirode ainsi que les restes de
celui de Marc-Antoine qui occupait l’île d’Antimonium. « Ces
trésors devront être vus dans leur contexte, de telle
manière, le visiteur peut rêver des histoires qui ont eu
lieu dans les palais de ces deux grands amoureux », explique
le Dr Abdel-Halim Noureddine, professeur d’archéologie à
l’Université du Caire. Pour sa part, le Dr Ibrahim Darwich,
l’expert des monuments submergés, estime qu’on doit remédier
premièrement aux problèmes qui peuvent entraver la
construction de ce grand projet comme la pollution, le
manque de visibilité à ces profondeurs. La construction de
ce musée et l’aide technique accordée à l’Egypte par
l’Unesco viennent dans le cadre de la convention de 2001
pour la conservation du patrimoine sous-marin signée par
plus de 13 pays.
En fait, les études de faisabilité sont en cours. Elles
prendront en considération, en premier lieu, la préservation
de ces trésors engloutis, l’architecture de la construction
sous-marine, les conditions environnementales ainsi que les
impacts socio-économiques et urbains de la création d’un tel
musée.
« La construction de ce musée reflète l’importance du
patrimoine culturel égyptien englouti et va certainement
hausser la conscience à l’égard de la préservation de ces
monuments, ce qui peut bien préserver ces trésors du pillage
», conclut Kotchiro Matsura, directeur général de l’Unesco.
Dalia
Farouk