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Préhistoire.
Des archéologues égyptiens pensent avoir retrouvé, près de
Siwa, ce qui pourrait constituer la plus ancienne trace de
vie humaine, vieille d’environ deux millions d’années.
Lorsque l’homme paraît
Une
mission égyptienne, présidée par l’archéologue Khaled Saad,
directeur du département de préhistoire au Conseil Suprême
des Antiquités (CSA), vient de mettre au jour la plus
ancienne empreinte de pied humain. Les archéologues ont
trouvé cette empreinte en effectuant des recherches sur un
site préhistorique de l’oasis de Siwa. Moulée dans la vase,
l’empreinte a durci pour finalement se fossiliser dans une
des roches de l’oasis.
Juste au milieu de la distance qui sépare l’oasis de Siwa
des frontières avec la Libye, précisément à quelque 45 km à
l’ouest, et en plein désert, se trouve une vaste vallée
parsemée de petites collines. Là, l’atmosphère aride du
désert se mêle à la chaleur brûlante du soleil. C’est dans
cette ambiance où règne le calme que le chef de la mission a
décidé de camper à la recherche d’anciennes traces de vie
humaine. Ce lieu est nommé Siga. Nomination donnée par le
préhistorien, parce que ce lieu était à proximité du village
de Bahieddine, dont les habitants jouaient au siga, un jeu
de grilles et de cailloux. C’est là où ont été « découvertes
23 empreintes de pied humain. Il s’agit de la plus
importante découverte jamais faite en Egypte », commente
Zahi Hawas, secrétaire général du CSA et « dont l’âge
remonte à l’époque miocène, soit sept millions d’années sont
creusées dans la roche », souligne Khaled Saad. Les
empreintes découvertes remonteraient quant à elles à environ
« deux millions d’années », selon Hawas.
Rien n’est laissé au hasard en archéologie. Cet endroit a
été choisi parce qu’il constituait l’ancienne route qui
reliait les différentes communautés humaines qui se
répandaient au long du désert occidental, au nord de la
montagne de Owaïnat, en passant par plusieurs vallées Wadi
Soura, Al-Bakht, Al-Ahmar, Al-Foraq, Abdel-Malek et Al-Gazaër.
Famille de l’âge de la pierre
Suivant leur chef, les membres de la mission traversent la
plaine couverte de sable jaune brûlant, escaladent une
colline où ils font leurs fouilles. Selon lui, toute la
vallée était couverte de la mer Theases, l’ancêtre de
l’actuelle Méditerranée. Quant aux collines, celles-ci
étaient des îles au sein de cette ancienne mer. Le vieil
homme n’y est venu sur le site qu’après le recul de l’eau de
tout le site et notamment ces îles, transformées au fil du
temps en collines. Raison pour laquelle « les traces du
vieil homme, créateur de la civilisation de l’âge de pierre
qui précède le paléolithique qui a précédé à son tour celui
de la civilisation lithique, seront trouvées sur ces
collines », explique-t-il. Au sommet de cette colline, dont
la superficie atteint environ les 7 500 mètres carrés, les
préhistoriens ont découvert 23 empreintes claires de pied
humain creusées dans la roche. Ici, l’empreinte d’un homme,
plus loin une autre plus fine qu’on pense avoir appartenu à
une jeune femme. Tandis que là, est remarquée une troisième
plus petite indiquant le passage d’un enfant. « Il semble
qu’une famille y a vécu avec tous ses membres : homme, femme
et enfant », suppose le préhistorien. Parmi ces empreintes,
se distingue celle d’un homme qui se répète dans tout le
site. D’après les examens préliminaires, les chercheurs ont
constaté l’existence de deux empreintes, l’une au-dessus de
l’autre, indiquant le mouvement normal de l’être humain lors
de son déplacement sur le site. D’ailleurs, parmi cette
quantité d’empreintes humaines, se distingue une empreinte
assez surprenante. Celle-ci comprend un sixième doigt
juxtaposé à l’auriculaire. Selon Saad, cette empreinte a
deux possibilités : c’est soit un vrai doigt, soit un
caillou dont l’empreinte est restée près du pied. « Nous
devons attendre les résultats des recherches scientifiques
qui auront lieu prochainement », souligne le préhistorien.
Autre découverte : la représentation sur le sol rocheux d’un
animal disparu. Celui-ci a une tête avec une nuque allongée,
un dos large et la queue longue. Le site comprend de même
des empreintes de gazelles ou d’antilopes. Selon les
experts, l’existence de telles empreintes assure que ce lieu
était couvert à cette époque reculée de plusieurs espèces de
plantes dont se nourrissaient les animaux que chassait
l’homme de l’âge de pierre sur place.
Le sol qui conserve ces empreintes se compose d’un mélange
de glaise, de calcaire et de grès. Les géologues qui ont
visité le site avancent cependant que cette roche avec ses
composants remonte à l’époque miocène. Par ailleurs, afin de
déterminer l’âge du fossile, l’équipe archéologique a fait
des relevés du sol pour effectuer des tests au carbone 14
dans les laboratoires de l’Institut Français d’Archéologie
Orientale (IFAO) du Caire ainsi que dans ceux du Centre de
recherches archéologiques.
Doaa
Elhami
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Une histoire à
l’origine lointaine
Insolite mais vrai : un âne a été condamné à vingt-quatre
heures de prison pour avoir subtilisé du maïs dans un champ
du Delta du Nil ... L’information a été publiée jeudi
dernier par le quotidien Al-Ahram. La bête a été arrêtée en
possession d’épis de maïs appartenant à un centre de
recherches agricoles de la région. L’animal et son
propriétaire ont été appréhendés à un barrage de police,
érigé sur la route après que le directeur du centre eut
porté plainte pour vol. Le propriétaire de l’âne voleur a
été, lui, condamné à payer 50 L.E.
Est-ce une première ? Le fait que le propriétaire soit
condamné, ça se comprend, mais l’âne, lui, comprendra-t-il
qu’il a été sanctionné et ne tentera-t-il donc pas de
récidiver ? Une histoire bien absurde, elle surclasse les
comédies que diffuse la télé pendant le mois du Ramadan.
Mais est-ce nouveau ? Il y a bien le conte pharaonique du «
paysan éloquent » ... Il était une fois un paysan. Il avait
une femme et trois enfants ; et il avait des ânes sur
lesquels il chargeait les produits du pays pour aller les
vendre au loin. Il se rendit un jour à l’oasis du sel et y
vendit ce qu’il avait apporté avec lui et reçut en échange
des légumes, des fruits et les substances médicinales
diverses. Au retour, un chasseur cupide vint, lui fit un
procès parce que le paysan lui aurait pris des dattes (...)
Le paysan dit : « Voilà que cet âne qui est à moi a rempli
sa bouche de palmes de dattes » ... Le chasseur lui dit : «
Voici, je vais t’enlever ton âne puisqu’il a mangé mes
dattes, car il faut qu’il subisse son châtiment » ... Le
paysan dit : « C’est injuste » ... Le paysan passa la durée
d’un jour pour implorer le chasseur.
C’est
comme les 24 heures de peine pour l’âne d’aujourd’hui ...
Retour au conte, après plusieurs tribulations, le paysan
s’est dirigé vers le roi et lui fit un beau discours : « Toi,
tu es le père du misérable, le mari de la veuve, le frère de
la jeune femme, le vêtement de qui n’a plus de mère :
accorde que j’aie lieu de proclamer ton nom comme une loi
dans le pays. Bon seigneur, guide sans caprice, grand sans
petitesse, toi qui anéantit la fausseté et fait être la
vérité, viens à la parole de ma bouche : je parle, écoute et
fais justice. O généreux, le généreux des généreux, détruis
ce qui cause ma douleur, me voici relève-moi, juge-moi ; car
me voici devant toi suppliant » ... On lui fit donner du
pain et deux pots de bière et du pain tous les jours pour sa
femme ... Voici que le grand intendant envoya vers le prince
de l’oasis du sel afin que l’on fît des pains pour la femme
de ce paysan et qu’on lui en donnât trois par jour.
Une
histoire drôle. Ce conte paraît avoir été très populaire
pendant le Moyen Empire car nous connaissons trois
manuscrits qui le renferment, qui se trouvent à Londres et
un à Berlin. Il figure dans « Les Contes populaires de
l’Egypte ancienne » traduits et commentés par Gaston Maspero
(Livres de France, Le Caire et Maisonneuve/Larose Paris). Et
quelle autre coïncidence, une traduction en arabe de ce
livre vient d’être publiée par l’Organisme égyptien du livre.
Ahmed
Loutfi
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