Bourse.
La croissance importante de l’économie égyptienne
enregistrée lors de l’année fiscale 2007/2008 pourrait être
touchée dans un proche avenir par la forte chute du marché
boursier national. Explications.
Des effets à craindre
Avec
7,2 %, l’Egypte a réalisé en 2007/08 un taux de croissance
jamais connu. Une semaine après l’annonce de ce chiffre, la
Bourse égyptienne, suite à une chute sans précédent des
marchés financiers internationaux, a perdu près de 12 % de
sa valeur en deux jours. De quoi poser une question :
Comment les répercussions de la crise financière mondiale se
répercuteront-elles sur l’économie égyptienne ?
Selon Riham Al-Dessouqi,
analyste économique auprès de la Banque d’investissement
Beltone, « il existe une
relation indirecte entre la chute de la Bourse et la
performance de l’économie. Cette chute aggravera sans doute
le déficit de la balance commerciale égyptienne. Car la
vente massive d’actions par les investisseurs étrangers pour
faire face à la crise chez eux implique la sortie des
capitaux en dollars. Ce qui aura une influence négative sur
la valeur de la livre égyptienne vis-à-vis du dollar. La
facture des importations deviendra de plus en plus lourde,
creusant davantage le déficit commercial ».
Avant la crise, le dollar avait enregistré une hausse pour
s’aligner à 5,42 L.E. A noter que le billet vert avait
atteint son niveau le plus bas en août dernier avec 5,29 L.E.
Et cette semaine, il a atteint son niveau le plus élevé avec
5,49 L.E. « L’affaire n’est pas encore terminée. La fuite
continue des étrangers mènera à d’autres hausses du dollar.
Et c’est ainsi que les potentiels du commerce de l’Egypte
avec l’étranger seront négativement influencés. C’est un
cercle vicieux qui aura sans doute des répercussions sur la
performance de l’économie égyptienne en début d’année
prochaine », ajoute Al-Dessouqi.
Un responsable du marché financier, qui a requis l’anonymat,
voit les événements d’un œil différent. Pour lui, la
performance de la Bourse n’est qu’un indicateur de
l’économie réelle. Or, cette dernière a déjà fait face à un
véritable défi, celui du taux d’inflation élevé. Ce dernier
a battu un nouveau record en août dernier avec 25,1 %. « Les
chutes boursières successives de ces 8 derniers mois
annonçaient en fait un krach. Dans 80 % des cas où il y a eu
une forte chute des marchés monétaires, une crise économique
a suivi. Le taux de croissance a vraiment enregistré son
niveau le plus élevé au cours de l’année 2007-2008, mais il
a chuté lors du dernier trimestre fiscal (mai-juillet
2008), pour atteindre 6,8 %. Ces turbulences boursières
mèneront à une autre baisse au cours du premier trimestre
2009 ».
Pour Samir Radwan, la crise dont
est victime la Bourse égyptienne est une crise importée qui
n’a aucune relation avec la dynamique et la performance
locales de la Bourse. « Les gains tirés de la Bourse ont été
à hauteur de 200 % ces trois dernières années. Quoi vouloir
de plus pour un investisseur ? En même temps, les
investisseurs étrangers ont besoin de leur argent. C’est
l’art de la Bourse ... la spéculation. De quoi donc
s’inquiéter ? », se demande Radwan,
en assurant qu’il y aura danger si la chute boursière dure
deux ou trois mois. Car « cela mènera à une baisse des
investissements et par conséquent, le taux de croissance
fléchira », avertit-il.
Ahmad Helmi, analyste financier
chez Prime Securities, estime enfin que la perte par le Case
30 de 5 000 points en 4 mois, passant de 12 000 à 7 000
points, a coûté cher à l’économie du pays. La capitalisation
boursière a baissé de 200 milliards (de 900 à 700
milliards). « Ce qui est la principale cause du report de la
mise en vente du deuxième réseau de téléphonie fixe »,
juge-t-il.
Dahlia Réda
et Névine
Kamel