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 Semaine du 24 au 30 Septembre 2008, numéro 733

 

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Environnement

Sacs en Plastique. Déjà interdits dans plusieurs pays européens et même africains en raison de leurs effets néfastes pour la nature, en Egypte c’est la ville d’Hurghada qui va les bannir dès le 1er janvier 2009.

La lutte contre le fléau commence

Pour Albertine, journaliste rwandaise récemment en visite au Caire pour participer à un atelier de travail sur le bassin du Nil, pas question de revenir au pays avec des bagages remplis de sacs en plastique. Et pour cause : « Une loi, qui date de deux ans, a interdit leur usage, pour protéger l’environnement », dit-elle fièrement. De quoi laisser pantois ses collègues égyptiens. Comment le Rwanda, un des pays les plus pauvres au monde, a-t-il pu prendre une telle mesure en faveur de l’environnement, alors que l’Egypte échoue à protéger le sien sous prétexte de pauvreté et autres problèmes socio-économiques ? Le Rwanda n’est pas le seul pays africain à interdire les sacs en plastique. L’Afrique du Sud a en fait été la première du continent à prendre le pas et imposer une taxe sur les autres emballages, faisant chuter rapidement de 80 % la quantité de sacs utilisés.

En République démocratique du Congo, c’est la ville de Lubumbashi qui fait figure de pionnière pour avoir interdit l’usage de sacs en plastique en zone urbaine. A Kinshasa, ce même projet n’a finalement pas eu de suites. Tandis que le Kenya, l’Ouganda, l’Erythrée et autres pays africains sont aussi sur la liste d’honneur. Car un peu partout dans le monde, la chasse aux sacs en plastique, fabriqués avec des sous-produits pétroliers qui mettent des centaines d’années à se décomposer, est ouverte. C’est en Irlande qu’ils ont été bannis les premiers. En France, ils ont commencé à disparaître des supermarchés et devraient être totalement supprimés en 2010. Ils seront remplacés par des sacs en plastique biodégradables à base de pommes de terre ou d’amidon de maïs.

En Egypte, la situation est moins reluisante. Le plastique représente 6 % des 16 000 tonnes de déchets par jour au Caire et ce chiffre augmente de 1 à 2 % par an, selon les statistiques du ministère de l’Environnement. « Nous achetons en moyenne 500 kg de sacs en plastique par mois. Pendant les hautes saisons, comme le Ramadan, ce chiffre double presque », annonce Mohamad Chéhata, propriétaire d’un supermarché de taille moyenne à Madinet Nasr. Il ajoute que la tonne lui coûte 13 500 L.E. « Les clients tiennent à leurs sacs en plastique. Certains achètent des cartons d’eau minérale, mais veulent transporter les bouteilles dans des sacs en plastique, alors que cela est plus facile dans l’emballage d’origine ! », raconte Chéhata.

Si un supermarché moyen utilise une demi-tonne de sacs en plastique par mois, un hypermarché peut en utiliser 10 fois plus. Sachant que l’Egypte compte une dizaine d’hypermarchés, des centaines de supermarchés de taille moyenne et des milliers d’épiceries, cela implique que des milliards de sacs en plastique sont répandus dans la nature par an. « Jetés à la poubelle, les sacs en plastique aboutissent soit à la décharge, soit à l’incinérateur. Dans une décharge, il faut compter plusieurs centaines d’années pour obtenir une décomposition complète. Quant à leur incinération, elle génère des émissions de gaz à effet de serre comme la dioxine qui provoque différents genres de cancer, surtout celui des poumons. Elle participe également à l’acidification atmosphérique et à la formation d’oxydants photochimiques », indique le Dr Mohamad Ismaïl, directeur de la gestion des déchets dangereux au sein de l’Agence Egyptienne pour les Affaires de l’Environnement (AEAE).

 

Initiative chez Carrefour

Dispersé dans la nature, il faudra à un sac plastique jusqu’à 400 ans pour se dégrader. Mais jusqu’au triple (1 200 ans) est nécessaire en mer, selon l’épaisseur. « Les sacs en plastique sont un danger pour les grands organismes marins (tortues, cétacés, thons ...) en provoquant leur étouffement ou leur étranglement lorsqu’ils les absorbent. Chaque année, ils tuent un grand nombre d’oiseaux de mer et de mammifères marins. Ils modifient aussi l’écosystème marin en empêchant la pénétration de la lumière dans l’eau et gênent le développement des micro-organismes », indique Amr Ali, directeur de l’Association de la protection et de la conservation de l’environnement à Hurghada (HEPCA). Il ajoute : « Nous avons parlé avec le gouverneur et avons réussi à le convaincre de prendre la décision d’interdire ces sacs en janvier 2009, pour donner le temps aux magasins de trouver des alternatives ».

De sa part, le ministre de l’Environnement, Magued Georges, se montre satisfait de l’initiative du gouvernorat de la mer Rouge. « Les sacs en plastique étouffent les coraux et les mangroves de la mer Rouge et notre ministère œuvrera en coopération avec le gouvernorat et les ONG dans des campagnes de sensibilisation. Nous allons également encourager le secteur privé à investir dans la production de sacs en papier et en tissu qui sont à la fois réutilisables et biodégradables », affirme-t-il.

A une échelle moindre, la direction des supermarchés Carrefour a voulu prendre l’initiative d’éliminer petit à petit l’utilisation des sacs en plastique dans ses hypermarchés. On y trouve maintenant des sacs réutilisables et échangeables à vie vendus 5 L.E. l’unité. Les résultats de cette initiative lancée le 1er juillet 2008 sont jugés satisfaisants de la part de la direction. « Nous vendons 10 000 sacs par mois aussi bien aux Egyptiens qu’aux étrangers résidents », indique Laurent Hausknecht, directeur des achats de Carrefour Egypte. Selon lui, vendre le « sac écolos » permet de faire sentir au client qu’il coopère en faveur de la protection de l’environnement de son pays. « Si les sacs sont gratuits, ils les jetteront. Or, le but est de protéger l’environnement », rassure Hausknecht. C’est donc une stratégie gagnant-gagnant : les magasins réduisent leurs coûts de fonctionnement et les clients contribuent à diminuer les déchets émis.

Sans aucun doute, il s’agit là de plusieurs pas en avant. Reste à étendre l’expérience sur le territoire, mais aussi et surtout développer d’autres matières pour la fabrication de ces contenants bien utiles.

Dalia Abdel-Salam

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