Al-Ahram Hebdo, Egypte | Quotidien dans le noir
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 Semaine du 24 au 30 Septembre 2008, numéro 733

 

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Egypte

Electricité. Les habitants de plusieurs gouvernorats souffrent depuis un mois de coupures fréquentes à cause du délestage.

Quotidien dans le noir

« Allez ! Dépêchez-vous ! Terminez vite vos devoirs. Il ne reste qu’une demi-heure et le courant électrique sera coupé », crie Ola, en suivant les aiguilles de sa montre qui pointe sur 19h. Elle doit tout terminer avant le coucher du soleil : préparer le souhour, laver la vaisselle, repasser les uniformes de ses enfants, aider ses filles dans leur révision et stocker un peu d’eau potable, qui sera coupée comme le courant électrique. Bien qu’elle habite le Grand-Caire, dans la banlieue de Hélouan, Ola doit se débrouiller sans électricité comme si elle vivait dans un village reculé privé de services. Chaque jour, à 19h30, le quartier plonge dans le noir : les supermarchés, les mosquées, les boutiques, les pharmacies, les cliniques et même les lampadaires ne fonctionnent plus. Les bougies font leur apparition dans les foyers. Les commerçants, les pharmaciens et les médecins allument des torches pour pouvoir accueillir leurs clients. Dans les mosquées, les fidèles accomplissent leurs prières des tarawih en pleine obscurité, et sans ventilateurs malgré la chaleur étouffante.

« Nous souffrons de ce problème depuis la mi-août, soit deux semaines avant le mois du Ramadan. Au début, la coupure survenait le jour et ne durait qu’une demi-heure, ce qui ne nous dérangeait pas trop. Au fil des jours, la durée des coupures s’est prolongée et elles sont devenues plus fréquentes. Elles surviennent désormais le soir, ce qui est plus gênant », lâche Ola. Elle affirme avoir contacté plusieurs fois par téléphone les services d’électricité. Ces derniers lui ont dit durant les premiers jours qu’il s’agit d’une panne banale. Mais avec la fréquence des coupures qui survenaient aux mêmes horaires, ils se sont trouvés obligés de dévoiler la réalité : « Vous devez vous habituer. Il y a un problème de surcharge qui ne sera pas réglé avant le mois d’octobre prochain ». Ola affirme que, même quand le courant est rétabli, il est très faible. Impossible de faire fonctionner les climatiseurs ou les réfrigérateurs. Résultat : les aliments et les viandes congelés qu’elle vient d’acheter pour le Ramadan sont abîmés.

Face à la fréquence des coupures d’électricité, les habitants ont acheté des baladeuses munies de batteries qui leur permettent d’avoir un peu de lumière en cas de coupure de courant. Une baladeuse de fabrication chinoise coûte au moins 200 L.E. Pourtant, son autonomie est d’une heure au maximum et doit être ensuite rechargée. D’autres habitants, plus défavorisés, achètent des bougies dont le prix du paquet de 10 est de 5 L.E. Et ça suffit à peine pour un seul jour. Quant aux élèves, ils continuent à réviser leurs cours à la lueur des lampes à gaz.

Les coupures ont touché de plein fouet les petits commerçants. « Nous avons perdu beaucoup d’argent car il y a des pertes au niveau des produits laitiers, du poulet, des viandes surgelées et des œufs en raison des coupures de courant. De plus, la vente est quasi suspendue durant la coupure d’électricité, car les femmes ont peur de descendre dans la rue dans l’obscurité », dénonce Ahmad, épicier.

Les plaintes se multiplient, et rien ne change. Et là où le bât blesse, c’est que les factures d’électricité sont très élevées. « Nous payons 70 L.E. mensuellement. Pourquoi sommes-nous dépourvus de courant électrique ? », interroge Mahmoud Aziz, résidant dans la cité du 6 Octobre, qui souffre aussi du même problème ces dernières semaines. En s’adressant à l’Organisme de l’électricité, les citoyens sont informés qu’il n’y a ni panne ni surcharge, mais une décision officielle de réduire la consommation d’électricité. « Les employés de l’organisme nous ont dit qu’ils exécutent les instructions et refusent de mentionner qui leur donne ces ordres abusifs », s’insurge Chérif Hassan, professeur.

Le Caire n’est pas le seul gouvernorat concerné. Dans plusieurs villages en Haute-Egypte, à Minya, à Assiout et à Qéna, les coupures sont quotidiennes et durent 12 heures consécutives. La scène n’est pas différente en Basse-Egypte où 26 villages de Gharbiya, 44 villages à Daqahliya et des quartiers de Damiette et de Suez souffrent de coupure diurne depuis le début du mois courant. Face à cette situation, les citoyens ne cessent de signaler ces coupures et d’adresser des plaintes au ministre de l’Electricité. De leur côté, les députés des régions concernées ont présenté des demandes au premier ministre et au ministre de l’Electricité exigeant de réglementer l’attribution de l’électricité et de remédier à ce problème, notamment avec la rentrée scolaire, tout en dénonçant la gestion. Mais en vain.

Théoriquement, les stations de production de l’électricité sont dotées de systèmes spéciaux pour accroître la fourniture d’électricité en cas d’imprévu. Toutefois, les responsables affirment que la consommation a augmenté cette année de 12 % par rapport à l’année dernière. Il était prévu une augmentation de 7 % seulement. « Ces fréquentes coupures sont dues à l’insuffisance de la production. La compagnie doit effectuer un délestage pour affronter cette horrible augmentation de la consommation », justifie Magdi Abdel-Malak, responsable chargé du contrôle de l’électricité en Haute-Egypte. Il demande aux citoyens de ne pas gaspiller l’électricité. « On doit sensibiliser les citoyens », dit-il. En fait, le taux de consommation a atteint cet été 21,53 millions de mégawatts, alors que la capacité de génération de l’électricité est de 19 000 mégawatts. Le ministre de l’Electricité, Hassan Younès, a reconnu lors d’une conférence de presse tenue la semaine dernière avoir donné des instructions visant à « alléger la charge », mais pour des durées limitées, sans répétition dans la même région et sans toucher aux établissements vitaux comme les hôpitaux, les stations d’eau potable et de drainage sanitaire ainsi que le métro souterrain. Le ministre a tenu à nier l’existence de panne ou de détérioration des réseaux d’alimentation et de distribution. En revanche, il affirme avoir lancé une campagne de publicité diffusée à la télévision pour sensibiliser les citoyens à rationaliser la consommation, en oubliant que la plupart des foyers égyptiens sont déjà privés d’électricité et de télé !

Héba Nasreddine

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