Al-Ahram Hebdo, Egypte | Doublement frappés
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 Semaine du 24 au 30 Septembre 2008, numéro 733

 

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Egypte

Fayoum. Le village Béni-Saleh, dans le gouvernorat du Fayoum, a perdu une vingtaine de ses habitants dans le drame. Poussés par la pauvreté, ils étaient venus trouver de quoi vivre dans la capitale. Reportage.

Doublement frappés

Ce petit village situé dans le gouvernorat du Fayoum, a été le plus touché par la catastrophe de Doweiqa. Le 6 septembre dernier, 28 de ses habitants ont été victimes de l’éboulement. Pendant toute la semaine dernière, les sirènes d’ambulances transportant les victimes n’ont cessé de retentir : « Chaque fois qu’on entend l’ambulance, on attend une nouvelle victime, ou même une famille entière disparue », confie Abdallah, un des habitants du village. Il explique qu’à ce jour, deux familles ont perdu 9 et 4 de leurs membres, pour un bilan hélas encore provisoire.

Dans le coin d’une ruelle s’installe Sayeda, une femme âgée, la tristesse et le désespoir couvrent son visage : elle a perdu l’un de ses frères avec toute sa famille, ainsi que la famille de son deuxième frère. « Les deux familles étaient rassemblées chez mon frère qui allait célébrer le mariage de sa fille aînée, mais les rochers ont transformé la fête en funérailles », raconte la femme, en ajoutant que la pauvreté et le manque de travail dans ce village ont poussé ses frères à quitter leur village pour Doweiqa. En effet, la région de Doweiqa est considérée par les habitants de Béni-Saleh comme leur deuxième village, puisque leur communauté était la plus importante dans ce quartier. « Je suis resté cinq années à Doweiqa à travailler comme mécanicien automobile. Je touchais 30 L.E. par jour tandis que dans mon village, avec la pénurie de travail, je ne gagnais que 5 L.E. par jour ... quand je gagnais quelque chose », raconte Ahmad Ali, l’un des habitants de Béni-Saleh.

La vague d’immigration vers Doweiqa a commencé il y a une vingtaine d’années, et année après année, le terrain s’est transformé en une zone sauvage renfermant des centaines de familles et de villageois, notamment de Béni-Saleh. « Mon père me racontait qu’à l’époque on pouvait s’installer n’importe où à Doweiqa. Ce qui a attiré de plus en plus de personnes, jusqu’à que ce lieu soit devenu une des plus célèbres zones sauvages du Caire », explique Ismaïl, un habitant du village. De fait, ces dernières années connaissant une dégradation de la situation économique, avec, entre autres, de nombreuses fermetures d’usines, les hommes du village tentaient de partir dans des pays arabes avoisinant comme la Libye, alors que les autres se précipitaient vers Doweiqa : « Qu’est-ce que j’attends ici ? Même les trois carrières qui absorbaient chacune une centaine d’ouvriers ont fermé leurs portes après la hausse des prix du mazout et des autres matières », se plaint Sayed, un des jeunes du village qui se préparait à aller à Doweiqa, alors que la catastrophe l’a empêché de partir. En fait, ces usines et l’agriculture sont les deux seules activités au village, mais après la nouvelle loi contrôlant les rapports entre propriétaires et locataires, le secteur agricole a accusé un grave coup, et les paysans vivent dans une situation instable. « Le propriétaire augmente chaque année le loyer de ses terres. Il est passé ces 5 dernières années de 60 à 250 L.E. par an l’hectare. Sans compter que le prix des matières chimiques et engrais a incroyablement augmenté. Si bien qu’à la fin de la récolte, les produits de mon terrain me rapportent moins que ce que j’ai dépensé pour l’entretenir. Alors comment vivre ? », se demande Abdel-Fattah, un paysan qui explique que plusieurs de ses collègues ont vendu leur maigre parcelle pour pouvoir survivre, et se sont dirigés vers Doweiqa pour travailler.

Mais pourquoi ce quartier a-t-il attiré autant d’habitants ? Ahmad Ali explique que Doweiqa est très proche du centre du Caire, il y existe une certaine diversité de métiers et d’ateliers. Il est en fait devenu un réservoir de main-d’œuvre où la demande de travail est importante. Les prix bon marché des logements ont également encouragé l’implantation. « Je payais 20 L.E. par mois dans une petite maison que je partageais avec mon frère et quatre de mes voisins », explique Ahmad, ajoutant que dans le voisinage, il était courant d’investir dans un petit logement pour y faire venir le reste de la famille. Mais après cette catastrophe, des centaines d’habitants de ce village vont rester au chômage. « Ce qui rend la situation encore plus pénible », conclut Ahmad.

Sabah Sabet

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